sometimes it hurts instead

Je ne pouvais m'empêcher de courir. Du plus vite que je le pouvais, comme si ma vie entière en dépendait. Les touristes que je croisais me regardaient, intrigués, puis me croyaient certainement folle, dénuée de raison car personne ne me suivait. Moi-même j'aurais ri si j'avais vu une jeune femme courir, et sans s'en rendre compte, passer plus d'une fois par la même rue. L'impatience n'était pas la raison de ma course effrénée, même si j''avouais être plutôt heureuse de le revoir. Je courais dans le seul but d'échapper à cette île, à ce passé qu'elle représentait pour moi, et qui me rattrapait désormais à grands pas. J'avais besoin de me réfugier quelque part, n'importe où, tant que cet endroit ne me rappellerait pas Aidan. Malheureusement tout ici me rappelait à quel point il avait compté, et comptait pour moi. C'était pitoyable, je le savais pertinemment, mais je ne pouvais m'en empêcher. Ma sœur avait plus que raison, malgré mes dires je ne l'oublierais pas de si tôt. Je considérais nos soit-disant retrouvailles, comme l'échec le plus cuisant de ma vie ; j'avais tenté de rester figée dans mes objectifs, professionnelle et encore une fois mes émotions l'avaient emporté sur tout le reste. Non seulement Elijah ne s'empêcherait pas de se moquer de moi face à mon manque total de professionnalisme, mais pire encore, il allait entrer dans une colère noire quand il apprendrait les détails du rendez-vous. Ma conscience me disait de ne pas me rendre chez lui, mais il était trop tard, je me trouvais dans l'allée où des dizaines d'appartements étaient alignés. Je ralentis enfin la cadence, me préparant mentalement à ce qui m'attendait.

Deux semaines sans voir son patron, tout le monde aurait adoré, moi j'étais plus mitigée. Elijah n'était pas seulement la personne qui me supervisait dans ce projet, j'éprouvais une certaine d'affection pour lui. Il avait beau paraître détaché, arrogant et totalement indifférent, je savais qu'au fond il n'était pas ainsi. C'était bien mon truc d'ailleurs, j'étais totalement incapable de voir la mal chez qui que ce soit, ce qui évidemment me conduirait à ma perte. J'étais persuadée que l'homme chez qui je me rendais était ainsi pour une raison, et il fallait qu'il laisse tomber cette carapace, qui honnêtement aller finir par le détruire. Instantanément, je repensais à cette soirée où tout avait dérapé, pire que ça même, preuve que l'alcool et moi sommes totalement incompatibles. Lui et moi, n'en avions d'ailleurs jamais parlé, nous évitions avec grand soin le sujet, certainement de peur de froisser l'autre ou je ne sais quelle connerie. Instinctivement je jetais un œil à mon épaule droite, le bleu symbolisant les excès de cette nuit-là avait totalement disparu, ce qui me soulagea. Je ne me sentais pas capable de gérer une crise de plus. De plus, il n'aurait certainement pas accepté les conclusions que j'en avais tiré. Je voyais déjà la scène se dérouler dans ma tête ; je déclarerais qu'il est incapable de me faire du mal, ce à quoi il répondrait qu'il m'avait déjà fait du mal. Tout était si prévisible. Pourquoi ne pouvais-je pas m'attacher à un homme normal ? Fallait-il encore définir la dite normalité... Un bruit me sortit de mes pensées. Je pris une grande inspiration, et j'allais toquer à la porte numéro sept. Plus un bruit, je le pensais même absent jusqu'à ce que j'entende un nouveau bruit, une cassure, suivit d'un « Et merde » Je ne sais pas ce qui m'inquiéta le plus, sans doute le bruit de cassure. Qu'avait-il encore fait ? Je toquais à nouveau à sa porte, de manière plus soutenue cette fois-ci, mais monsieur tardait à ouvrir. « Je te préviens... si tu n'ouvres pas cette porte je vais... » Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase, que la porte s’entrouvrit. Il affichait un sourire maladroit, je devinais qu'il tentait de me dissimuler quelque chose. Mes yeux mitraillèrent chaque partie de son corps jusqu'à voir la fameuse chose, qu'il avait en vain tenter de cacher, sa main ensanglantée, visiblement bien amochée. Je le saisis alors par le bras, et entrais dans l'appartement, cherchant désespérément la salle de bain. « Mais qu'est-ce que t'as encore foutu ?!? »

Le boulot. Voilà ce que je devais avoir en tête. Le boulot et juste le boulot. Il fallait que rien d'autre ne me trverse l'esprit sinon je ne repondais plus de rien. J'avais appris une chose, une toute petite chose qui me foutait en rogne. Je détestais ça. Je ne supportais pas d'être en colère, et pire : d'être jaloux, de Aidan. Avant, ce type n'était qu'un dossier, quelques feuiles sur mon bureau, un type comme les autres que je me devais de réduire en miettes pour le bien de l'écologie. Le problème était que maintenant ce n'était plus son hôtel que je voulais réduire en miettes, mais sa belle gueule. Surtout lorsque cette petite note était apparue sur le calendrier de mon blackberry. Ma Blondie avait rendez vous avec lui. Ou plutôt Charlotte. Pas Blondie, il fallait que j'arrête de l'appeler de la sorte.. Si ça continuait ça me rapprocherait encore plus d'elle et s'était à tout prix ce que je voulais éviter. Ne pas l'aimer. Je la haïssais pour ce qu'elle représentait : les promesses d'un amour qui ne me ferait que souffrir, comme toujours.

Alors, comme souvent, il me fallait un petit remontant. Habitude bien stupie que moi-même je n'approuvais pas -certainement parce que Crystal n'aimait pas que je boive-. J'ai alors opté pour un verre de vodka. Bon, je retire ce que j'ai dit, un gros remontant, et pas juste un petit. Parce que je n'avais nullement l'intention de la couper avec du jus d'orange. Premièrement parce que c'est carrément dégueulasse et deuxièmement, parce que j'avais besoin de tout l'alcool que pouvait contenir un verre. Pathétique, certainement. Comme souvent dans mon cas, et surtout de mon point de vue. Qui a dit que j'avais une bonne opinion de moi-même ? C'est loin d'être le cas. Si seulement tous ceux qui me traitent de salaud et de con le savait. Mais évidement, c'était déjà assez dur comme ça pour que je le balance à une floppé d'hypocrites. Alors j'ai prit un gros remontant, puis un deuxième et avant de m'enfiler de troisième je suis part à la salle de bain pour me rincer le visage. eulement une fois que mon visage dégoulinait, je me suis vu comme en train de pleurnicher. Ce n'était pas le cas, mais l'image de gouttes d'eau qui dévalient mes joues m'a frappée. Et alors, pour briser mon image, pour tenter veinement de briser ce que je ressentais pour cette Blondie aux yeux bleux ennivrant, j'ai frappé de toutes mes forces dans mon reflet. Evidement, ça n'a pas raté, je me suis explosé la main sur les eclats de verre qui s'était formés sous le choc. J'avais la main en sang, et ça faisait un mal de chien. Pour un loup solitaire comme moi, c'était le top, me direz-vous.. Le point positif ? Je ne pensais plus du tout à elle.

Un poing tembourinant à ma porte m'a fait levé la tête. Et puis là.. Badaboum. Sa voix. Putain, elle ne pouvait pas choisir un autre moment pour débarquer ? Moi qui ne pensait plus à elle, ça n'avait pas duré longtemps. de toute façon, ça ne durait jamais bien longtemps. Je me décidais à lui ouvrir la porte quand même, parce que sinon, même la gentille Blondie Charlie que je connaissais m'en enverrait plein la gueule pour l'avoir abandonnée sur le pas de ma porte. Je tentais de cacher ma main, mais elle n'était pas dupe. « Mais qu'est-ce que t'as encore foutu ?!? » Elle avait prononcé cette phrase en m'embarquant dans mon propre appartement. J'espèrais qu'elle ne remarquerait pas la bouteille de vodka pourtant bien posée en évidence, ou qu'elle ne ferait pas attention aux papiers du dossier "Aidan" étalés sur la table, prouvant mon obsession pour lui, même s'il était difficile de l'interprêter de la sorte si on était pas dans ma tête. J'ai voulu retiré ma main des siennes, parce que j'avais la sensation que son contact me brûlait. Ouais, peut-être bien que c'était la douleur, mais là pour moi c'était du pareil au même. Et puis elle s'est dangeureusement approchée de la salle de bain, alors j'ai vivement retiré mon bras. « Lâche-moi, ok ? Tu débarques et tu t'invites chez moi ? Il se trouve que je suis occupé. » Ouais, occupé à haïr tout le monde. Elle, Aidan, Moi. La terre entière, ou plutôt mon monde à moi. Et surtout, je ne voulais pas qu'elle voit l'état du miroir de la salle de bain, et le sang étalé partout. Je ne voulais pa voir d'inquiétude dans ses yeux, je voulais qu'elle vire. « Mêles-toi de tes affaires et dégages de chez moi, Blondie, d'accord ?! » Crispé, que ce soit par la douleur ou par son air interloqué, je ne pouvais flancher. Elle devait partir. Me laisser m'auto-détruire. Me laisser la briser pour qu'elle s'éloigne enfin de moi.

sometimes it hurts instead

J'entrais telle une tempête dans son appartement, me fichant bien de savoir si il consentait ou pas. Je ne fis pas attention à ce qui m'entourait, bien trop occupée à me diriger vers la salle de bain, en espérant y trouver une trousse de pharmacie, mais je rêvais. Elijah n'était pas le genre de personne prévoyante au point d'emporter un kit de survie, ou une simple trousse de secours, durant ses déplacements. Je n'arrivais même pas à la porte de la pièce d'eau que monsieur râla déjà... Je remarquais alors qu'une odeur assez nauséabonde se propageait dans l'appartement ; c'était lui, il empestait l'alcool. Il se dégagea de mon emprise, je ne protestais pas. Je m'arrêtais un instant, et scrutais la pièce du regard à la recherche du cadavre d'une bouteille. Là, en plein milieu de la pièce, une bouteille de vodka trônait sur une pile de dossiers. Je soupirais alors. « Je vois ça... Te bourrer la gueule, ça c'est de l'occupation ! » déclarais-je à la fois ironique et dédaigneuse. Depuis que j'avais fais sa connaissance, je me surprenais à employer des mots qu'en temps normal je gardais pour moi. Si ma mère avait pu m'entendre en cet instant, elle se serait retourner dans sa tombe. Elle n'avait jamais aimé la vulgarité, moi non plus d'ailleurs. Elle aurait d'ailleurs décréter que cet homme avait une mauvaise influence à moi, elle avait pensé ceci de tous les garçons que j'avais fréquenté d'ailleurs. Je m'étais toujours demandée ce qu'elle aurait pensé de mon ex-fiancé, sans doute quelque chose du genre trop riche, trop bien pour toi. Ma mère n'avait jamais été un modèle de tendresse, l'homme qui se tenait en face de moi ne devait sans doute pas connaître ce mot, lui aussi.

Son calme face à sa blessure me surprit quelque peu, j'aurais dû ne plus m'étonner de ses réactions. Je devais être la seule totalement paniquée par le sang qui coulait, et la gravité ou non de la blessure. S'il y avait bien une chose que je n'avais jamais supportée c'était le sang, j'évitais donc soigneusement de regarder la plaie et me concentrais sur mon but. Elijah ne rendait pas les choses simples, son caractère de cochon étant amplifié par l'alcool, je guettais la crise, ou simplement le mot qui me mettrait hors de moi. Je n'étais pas du tout d'humeur à accepter ses sautes d'humeur et sa nonchalance. La phrase de trop ne tarda pas à venir. « Mêles-toi de tes affaires et dégages de chez moi, Blondie, d'accord ?! » Sérieusement ? Il fallait vraiment qu'il arrête avec ce surnom stupide. Je ne savais pas si je devais me sentir vexée ou si je devais juste m'en aller. La surprise dû se lire sur mon visage, tandis que je tentais de ne pas m'énerver. Trop tard, ma main alla frapper sa joue en une baffe monumentale. Elle était amplement méritée, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour toutes les fois ou il m'avait traité comme si je n'étais qu'une chaussette traînant sur le bord de la route. Je ne supportais pas lorsqu'il me parlait comme ça. « Ferme la et assieds-toi ! » Je ne pris même pas la peine de le regarder, il avait intérêt à s’exécuter. Je fonçais alors dans la salle de bain, il fallait que je trouve ne serait-ce qu'une serviette pour essuyer tout ce sang. Le miroir brisé me stoppa net. Au moins désormais je savais ce qu'il avait fait... Il avait encore laissé sa colère l'emporter, ce qui me désolait profondément. Se rendait-il seulement compte de la gravité de ses actes ? Apparemment non. J'attrapais rapidement une serviette, ne voyait rien d'autre qui pourrait m'aider à nettoyer la plaie, au pire il y aurait son amie la vodka. Je fis moi-même attention à ne pas me couper, des débris de verre s'étalant dans tout l'espace de la petite pièce. Je revenais alors vers ce que l'on pouvait considérer comme un salon, et le vit assis sur le lit, marmonnant des paroles qui m'étaient intelligibles. Il devait certainement m'en vouloir pour la baffe, mais je ne m'excuserais pas. S'il pouvait être violent, moi aussi, et il n'avait encore rien vu. Je ne lui demandais pas tout de suite pourquoi il avait frappé de toutes ses forces dans ce miroir, je n'aurais pas droit à des explications. Comme il l'avait dit, je devais ne m'occuper que de mes affaires. J'attendais qu'il m'insulte, qu'il me dise de m'en aller, qu'il exagère comme toujours mais rien. Je m'asseyais alors côté de lui, et pris doucement sa main blessée entre les miennes. J'essayais à l'aide de la serviette de nettoyer la plaie, en espérant ne pas y trouver de débris... Je me voyais mal l'amener à l’hôpital. « Je suis désolée... je n'aurais pas dû faire ça. Mais qu'est-ce qui te prends ?» C'était bien moi, me confondre en excuses totalement inutiles, alors qu'il était sur le point de cracher tout son venin sur moi. J'étais habituée à la dureté de ses propos, mais là il ne s'était pas du tout gêné, comme s'il m'en voulait, pour une raison qui m'était totalement inconnue. Je regardais alors autour de moi, une vraie garçonnière ; des vêtements traînaient au sol, des bouteilles vides se trouvaient dans l'évier dans la cuisine, et je n'osais imaginer la tonne de poussière qui se trouvait dans l'appartement. Mon regard se posa alors sur la pile de dossier qui se trouvait face à moi. Je croyais hallucinée, mais non, je reconnaissais bien le nom qui était inscrit sur la couverture du premier livret.. « C'est quoi ce dossier ?» dis-je en désignant le paquet de feuilles qui m'avait interpellée quelques secondes plus tôt.

ET PAF ! Bam. Lorsque que sa main a attéri sur ma pauvre joue, j'ai serré des mâchoires. Elle n'avait pas le droit, personne n'avait le droit. Elle n'aurait même pas du oser, même pas du lever la main ou ne serait-ce qu'y penser.. Elle allait le payer, et je n'allais pas l'épargner parce qu'elle faisait battre mon cœur plus vite.. Sauf qu'elle ne me laissa même pas le temps de répliquer, de lui rendre son geste, de l'insulter, de la haïr. Non. « Ferme la et assieds-toi ! » Et la voilà tournant des talons, ne m'accordant pas même un regard de plus, et ça m'a fait mal. Ça a blessé mon égo, parce que j'avais l'impression de n'être qu'un petit garçon faible et innocent.. Ce que je ne voulais plus être, plus jamais. Mais c'était elle, alors je me suis laisser tomber sur le lit pour la haïr comme je le pouvais. « Tu devrais avoir une belle marque sur la joue, et t'être retrouvée dehors.. Ou même encore plus blessée qu'une simple baffe ne l'aurait fait.. » Je serrais des poings, même de celui qui me faisait tant mal, mas il le fallait pour que je me retienne de la suivre dans la salle de bain pour exprimer mon besoin stupide de supériorité. Pour éviter de lui faire du mal, d'abîmer ce visage que j'aimais et haïssais tant à la fois. Lorsqu'elle revenait, serviette en main, je respirais profondément pour me calmer, même si c'était loin d'être le top pour le moment.. Lorsqu'elle prit ma main entre les siennes pour tenter de nettoyer un peu la plaie et évaluer les dégats mon regard c'est tout de suite posé sur elle. Elle était belle, toujours autant, et, comme dans les romans à l'eau de rose, je me suis surpris à repenser à ce fameux moment.. Certainement le pire de mon existence si j'évaluais la situation de mon point de vu anti-amour. « Je suis désolée... je n'aurais pas dû faire ça. Mais qu'est-ce qui te prends ? » Oh ça non, elle n'aurait pas du faire ça, et étrangement le fait qu'elle s'excuse sincèrement me foutait encore plus en rogne. Chaque fois que je me trouvais près d'elle, mes défauts n'en devenaient que plus évident, que plus gros, que plus insurmontables. « Juste un conseil, ne recommence plus jamais ça.. » Je ne tentais en rien de l'intimider où de lui faire peur, c'était vraiment un conseil, elle pourrait en ressortir avec des points de sutures la prochaine fois. Qu'est-ce qui me prenait ? Elle. Mais elle ne semblait toujours pas s'en rendre compte, même après tout ce temps. « Quelques broutilles qui me prennent la tête, c'est tout. » Toujours ce ton froid, distant, cassant. Je ne voulais pas qu'elle sache, pas qu'elle comprenne. Surtout pas. Seulement je ne m'attendais pas a sa visite, je ne pensais vraiment pas qu'elle déboulerais comme ça.. « C'est quoi ce dossier ? » Merde. Évidement le cacher n'avait pas été ma priorité. Aidan Caulfield. Ouais, j'avais un dossier sur Aidan Caulfield. Pourquoi ? Je tentais de me persuader que si je ne trouvais pas de faille pour son hôtel, je trouverais quelque chose dans sa vie privée. Pour le bien du dossier. Mais en réalité, je voulais savoir à qui j'avais à faire. Quel était mon adversaire.. Ce qu'il avait de plus ou de moins que moi. J'ai retiré une nouvelle fois ma main de celles, si douces, de Charlie. Violemment, brusquement. « Ne recommence pas ! » grondais-je. « Ce sont juste quelques infos, ça ne te regarde pas. » Je me suis alors levé pour rassembler le dossier, et le refermer. « Arrêtes d'essayer de t'immiscer dans ma vie, Blondie. D'ailleurs, qu'est-ce que tu fous là ? » Ma main pissait toujours le sang et quelques gouttes se sont retrouvées sur le dossier que je tenais. Ça me faisait un mal de chien et en y jetant un coup d'oeil j'ai vu un éclat brillant. Merde.

Je n'écoutais même pas ce qu'il avait dire, je n'étais pas d'humeur à supporter ses petites piques. S'il voulait passer ses nerfs sur quelqu'un, il n'avait qu'à se trouver quelqu'un d'autre. J'étais bien trop gentille, j'aurais dû lui en vouloir pour toutes les fois ou il s'était adressé à moi comme si je n'était qu'un idiote, ou encore pour le simple fait qu'il me prenait pour un vrai punching-ball, et toutes les autres personnes qui l'entouraient en réalité. Peu importe, il avait amplement mérité cette baffe, il fallait qu'il redescende sur terre. Il n'était pas le monstre qu'il croyait être, il devait juste apprendre à se contrôler. Or monsieur préférait se complaire dans ce rôle, il se pensait certainement irrécupérable. Étais-je donc la seule à ne pas être effrayée par Elijah ? Il me semblait que oui. Je me surpris cependant à regretter mon geste, et pour cause j'avais agis sous le coup de la colère. Je n'étais pas d'un naturel violent, mais là c'en était trop. J'en avais assez de toujours tout laisser passer, d'être la gentille Charlotte qu'on imagine inoffensive et fragile, de toujours être celle qui souffre. Pourtant en m'excusant, mes vieilles habitudes prirent le dessus, et ma colère diminuait. Quoi que, le fait qu'il ait frappé consciemment dans un miroir me donnait envie de lui crier dessus, tant il était inconscient. Je me concentrais cependant sur sa blessure, à la recherche d'éventuel débris.


Son conseil sonnait alors comme faux. Je ne savais pas pour qui il s'inquiétait le plus, lui ou moi, la question ne se posait pas, il ne pensait qu'à lui comme il adorait me le répéter. Ce qui était certain est qui s'il me traitait encore une fois de la sorte ce n'est pas une simple baffe qu'il recevrait, mais un coup porté bien plus bas, ou bien, tout simplement je m'en irais. Je souriais alors en guise de réponse. Était-il tellement apeuré à l'idée de me faire du mal ? Pourtant moi, je n'avais pas et je n'aurais jamais peur. Il ne me ferait rien, j'en étais convaincue. Des broutilles ? Bien sûr, moi aussi j'ai pour habitude de frapper dans un miroir lorsque quelque chose sans importance m'agace. Je ne relevais cependant pas, et murmurais dans un souffle. « Tout te prends la tête » A son comportement je devinais avoir touché un sujet sensible en évoquant ce dossier. Il me brusqua alors une nouvelle fois, s'emparant alors du dossier, tandis que mon visage affichait un air surpris. Je ne devais pas si je devais le laisser continuer son petit manège, ou juste m'énerver. Après tout, pourquoi possédait-il un dossier sur mon ex-fiancé ? Aucune raison valable ne traversa mon esprit, c'était insensé, et pourtant il s'énervait à nouveau. Je laissais alors tomber la serviette sur ce qui lui servait de lit, et serrait les poings. Je haussais alors le ton, évidemment que cela me regardait, il possédait un dossier sur Aidan. « Oh que si ça me regarde ! Pourquoi est-ce que tu as un dossier sur Aidan ?!? » Et qu'il ne me sorte pas que ce soit pour le boulot, ce dossier était bien trop gros pour ça. J'avais beau essayer de me calmer, impossible. S'il y avait bien d'un sujet dont je ne désirais pas parler, c'était celui-là... Et peu importe son ressenti par rapport à ma situation, cela ne le regardait pas. Sa vulgarité m'énervait de plus en plus, je regardais alors mes mains, essayant encore de contrôler l'envie que j'avais de lui arracher les vers du nez. Oh pourquoi j'étais là ? C'est vrai, qu'est-ce que je foutais chez lui, alors que tout ce dont j'avais envie était de pleurer dans ma propre chambre d'hôtel, et non pas de m'occuper d'un pauvre idiot colérique. « Tu te rappelles m'avoir dit de passer chez toi dès que le rendez-vous serait terminé ? Et bien me voilà ! » Je me levais alors, pris la serviette, alors que j'étais grandement tentée de la lui balancer à la figure. Ce n'était pas une si mauvaise idée d'ailleurs, sauf que je ne savais pas du tout quoi faire.« Putain, tu vois pas que tu saignes ?!? En plus t'en mets partout... Me force pas à appeler les pompiers...» Je n'allais pas lui courir après pour récupérer ce stupide dossier, et puis je le voyais saigner, ce qui allait bientôt me faire tourner la tête. Je me rasseyais rapidement, détournant les yeux de la dite-plaie, j'allais bientôt tomber dans les pommes.

« Tout te prends la tête. » J'aurais pu jurer que c'était faux, tout simplement parce que ça l'était.. Plus ou moins. Certaines choses me prenaient vraiment la tête, comme Aidan, par exemple. Le pire est que s'il n'avait pas eu cette relation avec Charlie, j'aurais pu le considérer comme un ami. S'il n'était pas ce qu'il était pour elle, pourquoi pas, après tout ? Mais ça changeait la donne, complètement. J'avais l'impression que ce dossier me brûlait la main alors qu'en fait ce n'était que cette foutue blessure qui me faisait un mal de chien. « Oh que si ça me regarde ! Pourquoi est-ce que tu as un dossier sur Aidan ?!? » Je n'ai pas daigné répondre. A quoi bon ? Un mensonge de plus qui la sortirait encore plus ses gonds ? Une confrontation en plus ? Non. Pas la peine. Je ne pouvais me résoudre à ça, tout simplement parce que j'étais subitement las, juste fatigué, et que j'avais toujours aussi mal. L'éclat brillant se rappelait à moi dés que je bougeais la main. « Tu te rappelles m'avoir dit de passer chez toi dès que le rendez-vous serait terminé ? Et bien me voilà ! » Ah. Oui. Possible. Même probable, prétexte pour la voir, pour passer derrière lui et paraitre sous mon plus gentil jour. Raté. Lamentablement. En même temps, j'aurais peut-être dû éviter de m'éclater la main et de laisser ce foutu dossier en évidence. « Putain, tu vois pas que tu saignes ?!? En plus t'en mets partout... Me force pas à appeler les pompiers... » Depuis quelques minutes je l'avais laissée blablater seule, sans même daigner répondre. Je l'observais. Ses mouvements, ses cheveux, son attitude. Son inquiétude mêlée à l'agacement. Nous deux, c'était ça, chien et chat la moitié du temps.. Mais qui a dit que les deux ne pouvaient aller ensemble ? Toujours mieux qu'elle et Aidan ensemble, en tout cas. Elle avait détourné le regard de moi, assise un peu plus loin. J'allais reposer le dossier sur la table. Il ne m'importait plus, d'un coup. « On se fiche de ce dossier, d'accord ? » Ma voix était douce sans même que je l'ai voulu, j'aurais même voulu être dur. C'était plus facile quand je l'était, je savais alors gérer la situation. J'ai alors capté son regard. Elle était belle, toujours. Mais elle s'était à l'intérieur et à l'extérieur. Pas comme moi, elle était tout le contraire de moi et on dit que les contraires s'attirent. J'espérais soudainement que c'était vrai. Qu'ils s'attiraient plus qu'ils ne se repoussaient. Je voulais qu'elle m'aime, même si je ne pouvais avouer ce genre de chose à voix haute, ça aurait été avouer une sorte de faiblesse que je ne pouvais me permettre. Je m'approchais d'elle, me mis à sa hauteur et sans vraiment de préméditation, pris son visage entre mes mains pour l'embrasser. Quelques secondes magiques, presque, que je haïrais pendant les jours qui suivraient, car elles seraient ma faiblesse. Lorsque je me séparais d'elle, je trouvais le premier prétexte pour m'enfuir de cette pièce, de mon propre salon. « Je vais enlever ce morceau de verre. » Je me suis alors rendu dans la salle de bains toujours ressemblant à une scène de crime. J'ai serré des dents en me regardant dans le deuxième miroir, encore intact.. Et j'ai attrapé le morceau entre mes doigts, assez gros pour ça. J'ai tiré et j'ai étouffé un cri. « Putain de merde. » Il fallait certainement que je me fasse recoudre, autrement dit que j'aille à l'hôpital, mais pour le moment, je n'avais même pas envie de sortir de cette pièce.