MON PASSEPORT ♦ ÂGE: 29 ANS ♦ À PART BRONZER, J'AI UNE AUTRE OCCUPATION: Héritier et gérant d'une chaîne hôtelière de luxe ♦ MÊME AU MILIEU DE L'OCÉAN, MON PORTABLE FONCTIONNE:
Sujet: girl is on my mind 20.04.12 0:51
girl is on my mind
try to ignore, try to unwind, she is on my mind. eyes are in my eyes... where I've been, how time flies, she is in my eyes. see her standing there... she's gentle now, she takes great care, see her standing there...
« Et celle-ci ? » Crise d'appendicite, janvier 2001, en plein séjour en Thaïlande. Pas le temps de trouver une clinique digne de ce nom; j'avais gagné cette cicatrice longeant l'arête de ma hanche - à peine visible mais qu'un chirurgien digne de ce nom aurait su éviter - que la jeune femme parcourt du bout des doigts, ainsi qu'une batterie de tests dès mon retour sur le sol américain, aux vues des conditions sanitaires, probablement normales pour le commun des mortels, intolérables pour quelqu'un de ma classe sociale. « Une expédition au Népal. Un des gars a perdu l'équilibre et s'est assommé contre la paroi rocheuse. La pierre était tranchante comme une lame de rasoir, mais je suis allé le chercher. Sa vie valait bien quelques écorchures. » Ses yeux s'écarquillent, sa caresse se fait plus pressante alors qu'elle ne doit pas même sans rendre compte, le désir que j'aguiche en elle s'en chargeant. Le guide de haute montagne. Ce vieux cliché de l'homme solitaire, amoureux des grands espaces et de l'adrénaline des sommets, ne rencontrant que rarement la chaleur des bras d'une femme. Exactement l'extrême opposé de ce que je suis - elle se délecte pourtant de mes mensonges le regard brillant, l'air épaté, les gestes réconfortants. Quelle cruche. Les seuls sommets que j'ai atteint, c'était installé dans une télécabine, une paire de skis dans une main et un verre de vin chaud dans l'autre, dans une station prisée dans les Alpes suisses. « Tu es si courageux... » Je le suis tellement que je n'ai pas hésité à venir l'aborder, deux cocktails à la main alors qu'elle semblait déjà en avoir bu quelques-uns de trop, au bar de la plage, il y a quelques heures de ça. Un choix facile, une cible bien trop accessible pour que j'en tire une quelconque fierté - mais je n'avais pas la tête à ça. CJ était là, quelque part sur l'île, préparant l'assaut final qu'elle me réservait. Plus proche de moi qu'elle ne l'avait été ces sept derniers mois et pourtant toujours plus loin, à chaque seconde qu'elle passait à obnubiler mes pensées, à raviver mes souvenirs, à empirer la blessure de mon âme toute entière. Je n'avais plus même le goût de m'amuser, alors que c'était bien le seul point auquel je n'avais jamais failli par le passé. Cette fille s'était retrouvée dans mon lit plus par habitude que par envie. Une routine, en quelque sorte, dans laquelle j'espérais retrouver un tant soit peu de stabilité, de repères, d'hermétisme face au tourment incessant de mes songes. Bien sûr, cette routine était loin d'être désagréable ou pénible à supporter; cette touriste était jolie, attirante, simple, autant d'esprit que de mœurs. Mais elle était fade, terriblement fade. Son regard n'a pas cette lueur malicieuse dans laquelle je voudrais plonger le mien, alors, je préfère l'éviter, quitte à fermer les yeux et me laisser harponner par le risque de la voir apparaître. Ses cheveux bruns contrastent avec la clarté des mèches que je voudrais faire courir entre mes doigts, son parfum trop sucré me rappelle la subtilité du sien, ses traits n'ont pas sa finesse. Une fois de plus, mes pensées s'égarent, m'emmènent bien loin du sentier que le bon sens devrait me forcer à suivre; sa main qui quitte mon torse pour venir se poser sur ma joue m'empêche de poursuivre mon envolée. Je glisse un regard absent sur Kelsey, Kelly, peu m'importe; elle m'observe avec une forme de compassion, qui me fait songer que l'image torturée que je dois rejeter actuellement doit s'accorder parfaitement avec le ramassis de mensonges que je lui avais servi jusque là quant à ma personne. Je ne prenais pas cette peine d'habitude, d'ailleurs. Cacher mon identité n'avait jamais eu vraiment de sens, d'autant plus depuis que j'étais à nouveau célibataire. Le fils aîné d'un multimillionnaire aurait eu tout autant d'impact que la fabuleuse histoire d'Aidan, trentenaire canadien venu se reposer quelques semaines au milieu du Pacifique avant de se lancer dans l’ascension d'un énième sommet mythique. Je n'avais pris soin de ne mentir qu'à elle, jusque là, pour la protéger, pour la garder éloignée d'une vérité qui avait fini par me rattraper et par tout détruire, me fichant bien de ce que le reste du monde pouvait penser de moi. Pourtant, j'avais ressenti le besoin de le faire avec cette brune qui se blottit contre moi, comme si, au fond, j'avais envie de me couper de la réalité, ne plus être ce que j'avais toujours été et qui commençait à ne plus avoir aucun sens à mes yeux, aucun attrait. Pauvre fille. Même si sa compagnie m’exècre bientôt plus qu'elle ne me plaît, je songe à l'image idéaliste qu'elle doit être en train de se faire du moi que j'ai modelé en mensonges, je pense aussi à la déception que je vais provoquer en la jetant, comme toutes les autres, en moins de temps qu'il en faut pour le dire - quoique je doute sérieusement qu'elle ait suffisamment d'amour propre pour y ressentir une quelconque injustice, à en juger par la facilité déconcertante que j'avais eu à la ramener dans ma chambre, dans la maison que je partageais avec mon petit frère. Je ne cherche pas à peser la probabilité des deux situations; au final, je me fiche bien de ce qu'elle pourrait ressentir. Je ne perds pas plus de temps pour confirmer ce point, alors que je la repousse, soupçonnant ses gestes à mon égard de devenir plus affectueux que sensuels au moment où elle vient glisser sa main dans la mienne. « Rhabille-toi... J'ai à faire. »
Elle aurait pu s'outrer ; elle n'avait fait que hausser vaguement les sourcils et me demander si elle pouvait prendre une douche avant sur un air tout fait détaché. Visiblement, je n'étais pas le seul à ne pas attacher ne serait-ce qu'une once d'importance à ce qui venait de se passer. Une aubaine pour moi, bien loin d'être d'humeur à me trouver une bonne excuse pour contrer des reproches ou faire face à une explosion de colère. J'avais ainsi pu me contenter de sourire distraitement en guise d'approbation, avant de partir à la recherche des mes vêtements, n'ayant eu, pour l'instant, que la possibilité d'enfiler mon pantalon. C'est au rez-de-chaussée que je retrouve mon t-shirt, gisant sur le dossier du sofa avec la robe de la jeune femme qui ne tardera pas à se lancer elle aussi dans la quête de ses vêtements. J'attrape le bout de tissu qui m'appartient avec une esquisse de sourire, sans joie réelle, et me dirige vers le bar, ébouriffant mes cheveux déjà suffisamment mis en bataille par ces quelques moments passés là-haut. J'ai attrapé un verre et commence à y verser le contenu d'une des nombreuses bouteilles d'alcool forts auxquelles j'attache de plus de plus d'importance lorsque la sonnerie de l'entrée retentit. Je relève la tête, sors quelques instants plus tard de mes pensées, qui s'agitent toujours et encore autour de sa personne. Mon regard se porte sur l'écran de mon téléphone, attrapé à la volée lorsque j'étais redescendu de l'étage. Dix neufs heures passées de quelques minutes. Il était trop tard pour qu'il s'agisse d'un employé ou d'un collaborateur; je fronce vaguement les sourcils, éliminant d'un coup la plus grande partie des possibilités que j'envisageais. Qui d'autre pourrait venir frapper à la porte de la villa ? Le voisinage était maigre et ne semblait pas franchement apprécié notre venue sur l'île, rien de bien étonnant, et je doutais franchement qu'il s'agisse de la vieille Owaki de la maison voisine, au moins autant frustrée que cette pimbêche de Gemma, venue quémander du sel ou je ne sais quoi. Il n'y avait plus qu'une possibilité... Y songer me fait remarquer les quelques verres à cocktail disposés sur la table basse du salon, à l'autre bout de la pièce, ce qui vient confirmer ma dernière option ; Riley devait probablement avoir prévu une petite fête, comme souvent, qui se terminerait, comme toujours, dans un désordre total et des proportions hors de nos limites, et surtout hors de celles de la patience du quartier. Un fin sourire se glisse sur mes lèvres, alors que je redresse la bouteille et y revisse le bouchon, haussant quelque peu la voix. « C'est ouvert, vous pouvez entrer. » J'attrape le t-shirt que je n'ai fait que déplacer du dossier du canapé à celui du tabouret de bar pour finalement l'enfiler, alors que j'entends, derrière moi, la porte s'ouvrir. C'est le seul égard que je porterai au nouveau venu, la tête bien trop ailleurs pour esquisser ne serait-ce qu'un peu d'intérêt ou de convivialité à l'égard du participant à la sauterie surprise de mon cadet. J'attrape mon verre et le porte à mes lèvres, ne relevant le regard de mon téléphone et du mail que j'y consulte que pour le diriger vaguement vers les escaliers, lorsque j'entends la douche cesser de couler.
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Sujet: Re: girl is on my mind 20.04.12 19:04
girl is on my mind
« Quand est-ce tu comptes aller lui parler ? » demanda Lou, soudainement beaucoup plus sérieuse. Je me doutais bien qu'elle remettrait le sujet sur le tapis dès qu'elle en aurait eu l'occasion, elle n'abandonnait jamais. J'avais à peine eu le temps de lui dire bonjour et de lui demander comment elle allait, qu'elle attaquait déjà. Je soupirais, tandis que je me concentrais à vernir les ongles de ma main droite. A l'écran je la vis s'impatienter, je m'empressais donc de lui répondre. « A qui donc ? » demandais-je innocemment, un sourire malicieux accompagnant ma question. Ma caméra n'était pas de très bonne qualité, mais j'étais certaine qu'elle avait remarqué mon expression. Elle grimaça puis répondit. « A ton avis Cha' ? L'amour de ta vie, le père de tes futurs enfants et bientôt ton futur époux ! » Je ris, je ne connaissais pas un homme pareil sauf dans mes rêves. « Est-ce que tu parles de Johnny Depp ? » Elle ne rit pas, elle n'appréciait pas que je ne sois pas sérieuse. J'essayais pourtant d'éviter le sujet, mais elle ne comptait pas laisser tomber malheureusement. J'avais fini de vernir mes ongles, pour une fois j'étais assez fière de moi. Je la regardais alors, l'écran de mon ordinateur lui donnait un air encore plus sévère qu'à l'habitude. « Je parle d'Aidan Caulfied... » Evidemment qu'elle parlait de lui. Elle parlait toujours de lui, et était convaincue que lui et moi étions faits pour être ensemble, et ce malgré notre rupture. Si les gens se séparent, c'est qu'il y a une raison, mais Lou faisait fit de cette raison et trouvait que c'était la connerie du siècle. Je ne répondis pas, me contentant d'observer mes mains, étendue dans mon lit. Il était hors de question que je rentre dans son jeu. « Tu devrais vraiment aller lui parler... Je suis convaincue que ça te ferait du bien, de mettre les choses à plats tu sais... » Elle disait cela pour mon bien, je le savais, et pourtant cela m'agaçait. Je n'avais pas envie d'entendre ses conseils, aussi bénéfiques les pensait-elle. Tout revenait sans cesse à lui, malgré mes efforts pour ne pas y penser, pour tout simplement oublier. Elle ne se rendait pas compte à quel point cela m'était douloureux, et cela ne s'apaiserait jamais. Mon principal problème était que j'étais ancrée dans mon passé, encore plus en étant sur cette île de malheur. Un bref instant de silence s'installa dans la conversation, qu'elle s'apprêtait à couper, mais je fus plus rapide. « Ou bien je finirais en pleurs, c'est beaucoup plus probable.. » murmurais-je. Elle sembla des plus sceptiques, car après tout, il fallait l'avouer, je ne faisais que retarder l'échéance. C'est ainsi qu'elle me défia quelques instants plus tard de me rendre chez lui, et comme une idiote je relevais ce soit-disant défi. Notre dernière rencontre m'avait laissé un goût d'inachevé, et des tonnes de questions en tête, auxquelles je comptais trouver réponse.
C'est ainsi que je me retrouvais devant cette maison, enfin si l'on pouvait appeler cette énormité une maison. Le terme "villa" me semblait plus approprié pour définir l'habitation. Les battements de mon cœur se firent beaucoup plus rapides, saccadés. Je paniquais. Je devais faire demi-tour, perdre ce pseudo-défi, et laisser à ma sœur la satisfaction de me traiter de lâche. Jamais. Je tentais alors de me calmer, en prenant de grandes inspirations. Mon dieu, si quelqu'un me voyait, je mourrais de honte sur l'instant. Je trouvais cela tellement pitoyable, ou bien étais-ce de l'inconscience ; je l'avais quitté et maintenant je me rendais chez lui. Et pourquoi ? Pour trouver des réponses à mes questions, ne plus vivre dans la peur de le croiser chaque jour, me convaincre que je ne ressens plus rien pour lui, et laisser au passé ce qui est au passé. Tant de raisons qui me paralysaient, car au fond je ne voulais pas savoir. Non, je ne voulais pas entendre Aidan énoncer sur ses théories sur notre rupture, je ne voulais pas l'entendre dire qu'il m'avait trompé, je ne voulais pas souffrir une fois de plus. Rien que d'y penser, je me sentais capable de m'effondrer et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Et pourtant c'est ce qui arriverait, inévitablement. Je vérifiais une dernière fois que ma robe n'était pas pliée, et d'un geste mal assuré, j'appuyais sur la sonnette de la porte. J'allais m'évanouir, c'était certain. Puis une lueur d'espoir traversa mon esprit. Il était plus de dix-neuf heures passées, Aidan était certainement dans un bar ou un restaurant, à draguer une parfaite inconnue. Cette pensée me déplaisait fortement, mais si elle était véridique, cela voulait dire qu'Aidan était absent et que je le verrais pas. A moins que Riley soit présent, j'adorerais le revoir. Je me sentais alors apaisée, je croisais les doigts pour que mes hypothèses se révèlent vraies. « C'est ouvert, vous pouvez entrer. » Raté. Ma respiration devient à nouveau plus irrégulière, qu'allais-je bien pouvoir dire ? Rien, il me restait une dernière chance de faire demi-tour et de prendre mes jambes à mon cou. D'ailleurs sa manière d'accueillir ses invités est tout simplement géniale, je me passe cependant de commentaires.Hésitante, j'entre cependant, et referme la porte doucement, sans bruits. Qu'est-ce que je faisais là ?!? Pourquoi ma tête était-elle en totale contradiction avec ce que je ressentais ? J'aurais pu me tirer en cet instant, si j'avais eu un revolver entre les mains. J'avançais alors légèrement, il ne daigna même pas me regarder. Je ne dis rien, totalement paralysée. J'entendis alors des bruits de pas, je regardais automatiquement vers l'escalier. Une jeune femme, les longs cheveux bruns ruisselant d'eaux, vêtue uniquement d'une serviette, bien trop courte d'ailleurs, les dévalait tout en demandant à celui qui avais été un jour mon fiancé. « Aiiidan... T'aurais pas vu mes fringues ? » Sa voix était claire, presque un peu trop haut perchée, totalement superficielle. Aidan désigna alors un fauteuil où se trouvait une sorte de robe - encore plus courte que la serviette - et elle s'empressa d'aller chercher ce misérable bout de tissu. Toujours pas un regard vers ma personne, j'étais spectatrice de la scène. Je croisais alors les bras, tout en souriant, c'était délicieusement pathétique. La brune se retourna alors, et me vit enfin. Je priais pour qu'elle ne se change pas sous mes yeux, elle devait se demander pourquoi je l'observais. « Dis c'est qui la blonde là-bas ? » Ton pire cauchemar, salope. Je ne sais pas ce qui m’écœurait le plus ; la scène à laquelle j'assistais ou juste la petite brune pathétique qu'il venait certainement de sauter. Rien que cette pensée me donnait envie de sortir un revolver, et de tirer à bout portant sur la jeune femme. J'hésitais quant à réserver le même sort à mon-ex fiancé, une balle en plein cœur aurait été beaucoup plus dramatique. Sans savoir pourquoi, j'avais envie de rire, comme le montrait mon sourire. On ne pouvait pas dire qu'Aidan était très exigeant face au choix de ses conquêtes. Il daigna enfin lever les yeux vers moi, totalement décontenancé. « Bonsoir Aidan... Content de me revoir ? » tandis que sa traînée remontait les escaliers, certainement dans le but de se changer. J'avançais alors vers lui, le pauvre avait l'air totalement perdu. La jeune femme redescendit les escaliers à toute allure, vêtue de ce qui lui servait de robe, les cheveux certes mouillés, un modèle de vulgarité. Elle s'approcha alors de moi, comme pour me juger. J'avais envie de cogner dans son petit nez, que la chirurgie avait rendu parfait, mais je me retenais. « Je t'ai laissé mon numéro en haut ! Si tu pars encore escalader au Népal, appelle-moi ! » J'éclatais de rire ; Aidan était incapable d'escalader un arbre, alors une montagne. De plus au Népal, le pauvre n'aurait pas survécut. Cette soirée devenait intéressante. « J'espère qu'il t'a payé au moins... » Je me surprenais à devenir ironique, mauvaise. Il devait certainement croire que j'avais bu, ce qui n'était pas totalement faux.
“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 20.04.12 22:52
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À y réfléchir, j'aurais peut-être mieux fait de laisser le nouvel arrivant poireauter quelques minutes devant la porte, ignorant la sonnerie jusqu'à ce qu'il décide de repasser plus tard. Riley n'était pas là, je l'avais croisé sur le pas de la porte alors que je revenais avec la brunette que j'entends maintenant sortir de ma salle de bain, et le sourire complice qu'il m'avait glissé n'avait plus aucun secret pour moi; peu importe où il se rendait alors, je pouvais être certain qu'il ne serait pas de retour de sitôt, et ça même s'il allait devoir faire faux bond à quelques amis qu'il aurait pu inviter ici. De plus, la gorgée de rhum qui vient réchauffer ma poitrine et engourdir un peu mes sens à l'instant même où je l'avale me laisse envisager la possibilité de mettre de côté, pour quelque temps encore, mon agacement grandissant face aux mimiques un peu trop surfaites pour que mon humeur maussade et moi puissions les supporter. L'alcool que je porte à mes lèvres semble me rappeler au vague début d'ivresse que j'avais partagé avec la brunette et qui m'avait permis, somme toute, de faire un peu abstraction du vague à l’âme que je subissais depuis que j'avais revu Charlotte, au profit de l'activité, disons, plus festive que nous avions entreprise là-haut. À quoi bon broyer du noir, alors qu'une ravissante, bien qu’un peu superficielle jeune femme, venait d’apparaître au bas des escaliers, enveloppée dans une simple serviette qui ne serait pas difficile à envoyer valser un peu plus loin ? J’avais toute la nuit pour ruminer le passé et mes regrets… Comme toutes les nuits que je passais les yeux grands ouverts rivés au plafond, incapable de trouver le sommeil, trop inquiet de voir apparaître son sourire dans me rêves. Cette pensée suffit à étouffer cette maigre envie de m’amuser sans ne me soucier de rien, que le rhum semblait pourtant bien parti pour raviver ; mon regard, sur le point de s’égarer sur les quelques perles d’eau glissant le long de la peau et des courbes de la jeune touriste, se repose sur l’écran de mon portable, alors que je désigne d’un vague mouvement de tête le canapé où siègent ses vêtements. Le sourire que je sentais naître sur mes lèvres se contente de venir se glisser au coin de celles-ci, alors qu’un vague soupir s’échappe d’entre mes lèvres et que je reporte toute mon attention sur les mots ennuyants et monotones du comptable que j’employais –du moins, c’est ainsi que je les entends, imaginant sa voix les débiter sur le ton cliché qui pourtant était le sien. Cependant, je n’ai pas le temps de me laisser emporter par toute cette frivolité ; la brunette reprend la parole, bien moins niaise, bien moins charmeuse qu’auparavant. Une blonde ? Connaissant mon petit frère, je pouvais imaginer tout et n’importe quoi, les blondes étant loin d’être une denrée rare dans ses fréquentations, pourtant, je me retourne trop brusquement pour ne pas trahir la pensée qui a immédiatement fusé dans mon esprit. Une seconde passe, s’éternise ; j’aurais préféré me sentir brusquement idiot, faible, ridicule d’avoir imaginé qu’il puisse s’agir de Charlotte, alors qu’il n’y avait absolument aucune raison qu’elle soit venue là, ni même chance, ailleurs que dans mes désirs secrets et ces rêves que j’évitais à tout prix. Je n’arrive qu’à poser un regard désemparé sur elle.
Un ange passe et je baisse les yeux, la bulle de surprise qui me préservait de l’assaut de la panique vient d’éclater. Je fronce légèrement les sourcils, sentant une tornade se lever dans mes pensées et me détourne à nouveau, incapable de faire autrement. Je repose machinalement mon verre sur le comptoir du bar, glisse mon téléphone dans ma poche avec une maladresse qui trahit bien mes ressentis de l’instant : je n’ai absolument aucune idée de quoi faire, cette situation étant peut-être celle à laquelle je m’attendais le moins. Je tourne vaguement la tête vers la brune, dont le poids du regard ne m’a pas échappé ; l’air qui s’est peint sur mes traits et que je suis incapable de contrôler suffit à la faire lever les yeux au ciel, alors qu’elle reprend le chemin des escaliers. Je la suis du regard, plus parce que je ne sais pas quoi faire d’autre que par intérêt – je n’accorde plus une once d’attention à quoi que ce soit d’autre qu’à Charlotte, que j’entends s’approcher de moi. J’aurais vraiment mieux fait d’ignorer la sonnerie ; cette pensée se retrouve noyée parmi un vent de panique, mêlé à une perte de moyen totale. Je me retourne tout de même, alors que sa voix s’élève, sur un ton sarcastique qui ne fait qu’amplifier un peu plus l’air décontenancé qui semble gravé sur mon visage. Une éternité – ou quelques secondes, selon les points de vue- s’écoule, je la dévisage, incapable de retrouver mes moyens qui m’auraient hurlé de baisser les yeux pour reprendre un peu de contenance. Son regard se fait de plus en plus lourd, je finis par entrouvrir les lèvres après un énième froncement de sourcils, plus machinalement qu’autre chose. « Je… » Ma prise de parole ne va pas plus loin ; la brune dont je suis désormais certain de ne plus retrouver le prénom est à nouveau à nos côtés sans même que je l’aie vue ou entendue redescendre les escaliers, c’est elle qui prend le dessus face au bredouillement que je m’apprêtais à laisser échapper. Si, l’espace d’un instant, j’hésite entre en être reconnaissant ou non, mon regard posé sur elle, le rire avec lequel Charlotte vient briser le silence lourd me dirige vers la seconde option. Je baisse les yeux, désemparé, gêné au possible. Heureusement, les deux jeunes femmes sont trop occupées à se fusiller du regard pour s’intéresser davantage à moi. J’en profite pour penser à respirer, me rendant compte alors, grâce à l’impression désagréable que mon corps se retrouve serré dans un étau, que mes poumons ont cessé de fonctionner correctement. À moins qu’il ne s’agisse que de cette angoisse de se faire prendre la main dans le sac ? Peut-être bien, mais ça n’aurait aucun sens, je ne faisais rien de mal. Je ne la trompais pas, puisque je ne pourrai plus jamais le faire. J’étais chez moi, sur mon terrain, dans tous mes droits. La voix de Charlotte casse une nouvelle fois le silence et me tire de mes songes, toutefois, ces pensées ont eu le temps de s’imposer dans mon esprit. Je serre vaguement les mâchoires, toute ma gêne se transformant progressivement en un énervement qui me pousse à prendre la parole… Si les deux jeunes femmes m’en laissaient l’occasion. « J’peux savoir ce que tu insinues, espèce de blonda… » « Eh, du calme ! » Visiblement, la petite brune n’avait pas que le sang chaud dans des draps de satin ; je me glisse devant elle lorsqu’elle s’approche un peu trop de Charlotte, qui ne tarde pas à hausser le ton elle-aussi. La scène doit avoir quelque chose de comique vu de l’extérieur, tant elle peut paraître tirée d’une téléréalité ou d’un film à bas budget, d’ailleurs, je m’imagine parfaitement assis sur le sofa avec mon frère et quelques amis, rigolant lourdement et pariant déjà sur laquelle des deux filles allait la première déchirer le haut de l’autre… Cette fois-ci, l’envie de rire est bien loin de moi. Un sourire sorti de je ne sais où sur les lèvres, je pose mes mains sur la taille de la brune pour la faire reculer, plongeant mon regard dans le sien, que je finis par détourner de Charlotte et ses lueurs assassines. « Laisse tomber… Je t’appelle, promis. » Mon sang bouillonne mais je parviens à lui offrir l’air le plus sincère et le plus manipulateur qu’il m’ait été donné de faire. Elle devrait s’étonner de me voir soudainement m’intéresser à elle ; elle se contente de me sourire doucement, crédule, avant de prendre le chemin de la sortie, fusillant une dernière fois la jeune anglaise du regard. Je l’accompagne sur quelques mètres, attends que la porte se soit refermée pour me retourner vers CJ. Mon sourire reste intact sur mon visage quelques secondes, alors que je me demande pourquoi diable je m’étais interposée avant que la brune n’en fasse qu’un morceau ; mon air charmeur se brise et je me rapproche brutalement d’elle, ma voix n’a plus rien de ce ton mielleux et posé par lequel j’ai mis l’autre cruche à la porte. « Je peux savoir de quel droit tu te permets d’entrer comme ça ici ?! » Peut-être parce que c’était moi qui l’avait invitée à entrer d’elle-même ? Note pour plus tard, installer un portail et le lot de caméra de surveillance qui va avec. Je ne m’attarde cependant pas sur ce détail, bien trop énervé pour en rester là. « Tu t'imagines être qui pour t'en prendre à elle, franchement ? » Bien trop énervé… Ou bien trop chamboulé ? La question fuse à mon esprit lorsque je me rends compte que je ne suis plus qu’à quelques centimètres d’elle, l’ayant forcée à reculer jusqu’à se retrouver contre le comptoir du bar. Je serre brusquement les mâchoires, sentant, malgré mon sang qui bouillonne, mon cœur rater un battement.
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Sujet: Re: girl is on my mind 21.04.12 15:56
girl is on my mind
Plus les secondes passaient, plus je trouvais cette scène totalement absurde. On se serait crû dans un mauvais feuilleton télévisé, où les scénaristes, encore une fois à la recherche de rocambolesque, confrontaient l'ex-fiancée d'un jeune homme et l'une de ses nombreuses conquêtes, pic d'audience assuré. C'était même à se demander ce que l'ex-fiancée faisait dans une scène pareille. Mauvais hasard ? Sans aucun doute. Je luttais pour ne pas montrer à quel point j'avais envie de rire. Je n'avais certes pas une haute opinion de moi-même, mais je me considérais quand même mieux que la petite brune qui se tenait face à moi, prête à m'étrangler. C'était donc ce genre de femmes, à l'allure totalement superficielle, qui lui plaisait, et avec qui il avait prit plaisir à me tromper. C'était encore plus hilarant, car j'avais essayé d'imaginer les femmes qui s'étaient retrouvées dans le lit d'Aidan. Or, dans mon imagination, elles me paraissaient belles, cultivées, désirables, bref elles m'étaient totalement supérieures, contrairement à la jeune femme que je venais de rencontrer. En temps normal, je ne m'aventurais pas à juger les gens, mais là c'était trop tentant. J'avouais ne pas avoir été très tendre envers elle, la pique étant d'ailleurs plus destinée à Aidan qu'autre chose, elle s'emporta rapidement, réaction totalement prévisible d'ailleurs. Je la vis alors se rapprocher dangereusement de moi, les traits déformés par le flot d'injures qu'elle s'apprêtait à me lancer. Je ne bougeais cependant pas, la regardant s'énerver d'un air hautain. J'aurais dû faire preuve de tact, m'excuser et m'en aller, mais au lieu de ça je lui répondais d'un air mauvais, tout en haussant les épaules. « En fait je n'insinue pas... j'affirme que tu n'es qu'une prostituée... » Elle se révéla alors plus vulgaire qu'elle avait été auparavant, chose que je croyais impossible, prête à m'étriper. Je restais cependant stoïque, si elle désirait me frapper qu'elle le fasse. En me défendant, je pourrais malencontreusement abîmer son petit nez à la courbe si parfaite, ou bien même, arracher une mèche de ses extensions capillaires. Un vrai combat de catch féminin se préparait tandis que nous nous fusillions mutuellement du regard, un régal pour le public masculin. Elle tenta alors un mouvement, rapidement arrêté par ce cher Aidan, qui devait craindre qu'un meurtre ne se trame. Je ne savais pas qui il cherchait à défendre, et honnêtement je m'en fichais ; cela faisait bien longtemps que je ne comptais plus sur lui pour me protéger. Il s'était glissé entre nous deux, de manière à ce qu'elle ne puisse pas me toucher, et inversement. Je soupirais alors, la partie amusante de l'histoire allait très bientôt s'achever. Je reculais légèrement, gênée par cette soudaine proximité. Je le vis alors parler avec une douceur, qui m'avait l'air factice, à ma nouvelle ennemie, ce qui sembla l'apaiser. Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de la regarder avec un sourire mauvais. Mon comportement était absolument exécrable – sans doute accentué par les verres de gin que j'avais bu pour me donner du courage - et je ne voulais même pas en connaître la raison. Lou affirmerait une pure crise de la jalousie, alors qu'elle n'avait pas lieu d'être, après tout lui et moi étions séparés depuis plusieurs mois. Je me garderais bien de lui raconter cette histoire. Je les vois alors se diriger vers la porte d'entrée, et adresse un signe d'au revoir, en espérant que ce soit un adieu, à la salope qui avait osé espérer me frapper. J'aurais dû savoir que ce que j'allais affronter maintenant, allait être pire qu'une barbie brune refaite de la tête aux pieds.
Le sourire qu'il avait affiché quelques instants plus tôt s'effaça, faisant place à une expression dure, sans appel. Mon sourire se décomposa, sachant que j'allais affronter une tempête. Il s'approche de moi vivement, tandis que par réflexe je recule jusqu'à toucher, ce que je pense être un bar. J'allais passer, sans aucun doute, un très mauvais moment. Toute l'affection qu'il a pu éprouvé pour moi s'étant définitivement envolée, je priais pour rester en vie ou au moins avoir une chance de m'expliquer. Le ton de sa voix fut lui aussi sans appel, j'avais dépassé les limites et il me le faisait bien comprendre. Cependant sa question me fit sourire. « Tu m'as dis que je pouvais entrer... » déclarais-je d'une voix douce, presque inaudible. Enfin je doute qu'il m'aurait laissé entrer s'il avait sû que c'était moi derrière moi la porte, je me gardais cependant de le lui dire, bien trop concentrée à essayer de le calmer. Chose impossible. Apparemment j'avais attaqué cette pauvre fille, et ce sans raison. J'avais toutes les raisons valables du monde ; premièrement je déteste la chirurgie et les pimbêches dans son genre, deuxièmement elle avait pris du bon avec l'homme que j'aime, et troisièmement une robe si courte ne devrait pas être tolérée. «Oh c'est mignon, voilà que tu défends ta nouvelle "amie"... »dis-je faussement ironique, évitant soigneusement la question. Effectivement je n'étais personne, personne en tout cas pour parler ainsi à une demoiselle que je connaissais pas. Mon titre d'ex-fiancée, ne faisant que d'alourdir le pathétique de mon comportement, je baissais les yeux, perdant toute trace de sourire. Je n'avais qu'une envie : revenir en arrière, et ne jamais prendre la décision de venir lui parler, mais il était trop tard. Il était trop proche de moi pour que je sois capable de réfléchir correctement, je ne voulais perdre encore une fois tous mes moyens face à lui. Je me sentais honteuse au possible, mais je redevenais sérieuse, exprimant ainsi des excuses, à moitié ressenties. Je ne relevais cependant pas les yeux vers lui, bien trop consciente qu'il me fusillait du regard. « Je suis désolée, je n'aurais pas dû agir comme ça... Mais... » Mais quoi ? Lui dire que je mourrais intérieurement de jalousie, de haine, jamais je ne m'abaisserais à de telles confidences. Je serrais alors les poings, incapable de terminer cette phrase. J'abandonnais, en espérant qu'Aidan ne me demanderait pas la suite de ma phrase. Encore une fois sa proximité me gênait, je ne savais pas quoi faire. C'était étrange, j'étais gênée parce qu'il se trouvait à quelques centimètre de moi, mais en même temps le savoir près de moi m'apaisait. Je pouvais sentir son parfum autrement qu'à travers mes souvenirs, et je ne pouvais pas nier que cette odeur m'avait atrocement manquée. Stop, il fallait que je cesse de penser à ce genre de détails, je devais me concentrer sur mes agissements. Je comprenais son énervement mais j'espérais être capable de le calmer. Je fermais les yeux, et posais doucement une main sur son torse, comme si j'espérais que mon contact l'apaiserait, je me faisais des films. Je ne les rouvris cependant pas, et murmurais « Si je suis là c'est pour te parler, alors s'il te plaît...calme toi.. »
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Sujet: Re: girl is on my mind 21.04.12 18:44
girl is on my mind
try to ignore, try to unwind, she is on my mind. eyes are in my eyes... where I've been, how time flies, she is in my eyes. see her standing there... she's gentle now, she takes great care, see her standing there...
Sa réponse ne tarde pas à fuser et le ton mesuré qu’elle emploie pour me rappeler que c’était moi qui l’avais autorisée à entrer ici contraste avec le mien d’une manière flagrante. Cependant, ce n’est pas ce qui va me faire réviser ma colère ; je soupçonne son ironie sous cet air doux, une ironie qui vient bien vite être confirmée par sa nouvelle remarque. Je me fichais royalement de cette fille, j’attendais d’ailleurs qu’elle s’en aille sans demander son reste lorsque CJ avait débarqué, et pourtant, je ne peux faire autre chose qu’être énervé par le regard mauvais que la jeune femme avait lorsqu’elle l’évoquait. Paradoxalement, le nom qu’elle utilise pour nommer la brune, cette fois-ci bien moins déplacé que celui de ‘prostituée’ qui avait failli déclencher une bagarre quelques instants plus tôt, m’agace lui aussi. Ce n’était pas mon amie et, au fond de moi, je devais probablement vouloir que la jeune anglaise le sache. Toutefois, je ne réplique rien, trop énervé pour savoir quel ressenti allait l’emporter sur l’autre. Un sourire sans joie sera la seule réponse que j’adresserai à cette pique, mais la jeune femme baisse les yeux trop vite pour le remarquer, reprenant déjà la parole… et changeant de registre, d’un claquement de doigts. Mon sourire meurt aussi rapidement qu’il était apparu, mes mâchoires se serrant une fois de plus, alors que cette fois-ci, je ne me laisse plus avoir par l’air désolé et mal à l’aise qui accompagne ces débuts d’excuses qui, étrangement, me semblent familières. « Ne recommence pas ce bordel encore une fois ! Le coup de la garce qui s’énerve puis qui la joue désolée n’a déjà pas marché au restaurant, ce n’est pas la peine de réessayer. » Mes mots sont durs et ma voix sans appel, mon énervement semble gagner de l’ampleur lorsque j’évoque notre dernière entrevue : c’est bien la preuve que ma colère n’en est pas vraiment une, mais plutôt le seul moyen que j’ai de décharger tout ce que j’ai sur le cœur, sautant sur l’occasion des étincelles de disputes que la jeune femme et la brune avaient provoquées. Je m’apprête à continuer sur ce filon, lorsqu’elle me coupe la parole, sur un ton toujours aussi faible… Et surtout en posant sa main sur mon torse, ce qui, si ça n’a pas le mérite de faire retomber immédiatement l’agacement qui me consume, suffit toutefois à me stopper dans ma lancée. Je reste un instant interdit, fronçant les sourcils alors que la tornade fait rage dans mon esprit, puis, je finis par céder à la pression de sa main et recule d’un pas, prenant conscience que nous étions bien trop près l’un de l’autre, dispute ou non. Je souffle bruyamment alors que je porte une main à ma nuque, visiblement au bord de l’explosion, et me détourne d’elle pour faire quelques pas je ne sais où, le regard tourné vers la grande baie vitrée du salon.
À quoi rimait cette situation ? Étions-nous désormais condamnés à ne plus jamais pouvoir agir normalement ? Je suis incapable de penser à ça, ou à quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs. Je viens m’accouder un instant au comptoir de la cuisine, toute proche, ébouriffant mes cheveux dans un geste nerveux, appréciant le silence que Charlotte laisse planer, et ça même si je sens que je la hais de plus en plus pour l’aimer encore, toujours, et malgré tout. Je finis par soupirer et me redresser, avant de me rapprocher d’elle, mais surtout du bar ; je passe devant elle et vais me placer un peu plus loin, là où j’ai laissé mon verre. J’attrape celui-ci, avant de reporter mon regard sur la blonde lorsque je sens celle-ci sur le point de l’ouvrir à nouveau; je n'en lui laisse pas l'occasion, commençant à peine à reprendre le dessus sur mes émotions et l'énervement qui en transpirait. « On avait convenu que tu t’entretiendrais avec mon frère. D’ailleurs, il est ravi de te revoir ! » Ma phrase pourrait paraître tout à fait banale, si mon ton n’avait pas mis sa dureté de côté au profit d’une teinte bien plus joyeuse, au moment où j’exprimais cette constatation, que j’avais pu faire quelques jours plus tôt. Cette gaieté soudaine n’est qu’un pur sarcasme, ce que la jeune femme ne manquera pas de relever, me connaissant suffisamment pour discerner le vrai du faux lorsque je faisais preuve d’enjouement, et c’est bien ça qui me dérange ; elle me connaissait aussi suffisamment pour être surprise de me voir m’exprimer de la sorte alors que j’évoquais mon petit frère. Il occupait une partie omniprésente de ma vie, Charlotte était bien placée pour le savoir, et ça depuis près de vingt ans. Pourtant - ou par conséquent ? -, les fois où j’avais été agacé par le comportement de Riley depuis la mort de notre mère pouvaient probablement se compter sur les doigts d’une seule main ; l’air heureux qu’il avait eu lorsque je lui avais annoncé que mon rendez-vous avec mon ex-fiancée s’était mal passé et qu’il allait devoir se charger de cette affaire pourrait bien en faire partie. C’était probablement stupide et déraisonnable, ma susceptibilité accrue par la tristesse que je ressentais ce jour-là, pourtant, je n’avais pu m’empêcher de constater qu’il était plutôt content à l’idée de revoir la jeune anglaise. Cela pouvait se comprendre, finalement, ils s’étaient toujours bien entendus et l’affection qu’ils se portaient mutuellement me réjouissait il y a encore quelques mois de ça et ce n’était pas parce que j’étais désormais séparé de la jeune femme qu’il était obligé de faire de même, si l’on peut dire ça en évoquant leur amitié. Mais, à dire vrai, même si c’est assez égoïste, je m’attendais plutôt à ce qu’il acquiesce simplement avec un sourire désolé plutôt que de voir ses traits s’illuminer de la sorte. Cela aurait été plus en accord avec le réconfort qu’il m’apportait depuis sept mois et, plus récent, le soutien qu’il m’avait fourni et son lot de conseils lorsque nous avions appris que la personne envoyée par cette organisation serait Charlotte. Quoique, en y repensant, il avait eu une réaction un peu bizarre ce jour-là, il s’était montré plus tracassé, plus inquiet que ce que ce que je pouvais penser, et ça, même s’il se faisait du mauvais sang pour moi ou ce qui pourrait se passer lors de ces retrouvailles, forcément mauvaises. Et, si je m’étais efforcé de mettre ces quelques doutes sur le compte de ma baisse de moral et des émotions qui me chamboulaient et de ne plus y penser, je n’étais toutefois pas parvenu à retenir cette forme d’amertume qui avait embaumé ma voix, il y a quelques secondes à peine. Je détourne mon visage et le sourire ironique qui y a pris place de la jeune femme, avant de courir le risque de voir une pointe de surprise traverser son regard. Ce risque ne va pas aller en diminuant, d’ailleurs, alors que je reprends la parole. « De plus, je n’ai pas envie de parler travail maintenant. » Scoop mondial ; aussi loin que je me souvienne, c’est bien la première fois que je prononce ces mots – si on met de côté les fois où je l’avais fait, simplement parce que je mentais à une fille sur ma profession et que je n’avais absolument aucune connaissance dans la matière que je prétendais connaître. J’étais le parfait cliché du jeune Golden Boy new-yorkais, toujours joignable, toujours sur sa boîte mail, de jour comme de nuit, trois cent soixante cinq jours par année. Combien de fois Charlotte avait-elle pu me le reprocher, de la manière la plus détournée et diplomate jusqu’au lancé d’assiettes dans les murs entre deux cris ? Je vivais pour et par mon travail, ce n’était un secret pour personne, et surtout pas pour elle, qui ne pouvait certainement plus compter les heures qu’elle avait passé à attendre avant que je ne rentre chez nous, les dîners à mourir d’ennui avec des investisseurs potentiels tous les trois jours et les voyages d’affaires à répétition. Je sens déjà venir son éclat de rire ou une remarque bercée par l’ironie que je lui découvrais peu à peu, bien loin de me plaire ; je prends donc les devants et reprend la parole, d’une voix qui n’est plus qu’un marmonnement. « Je ne suis pas d’humeur à entendre une fois de plus que ce que je fais est de la merde et que j’ai tout faux. » Je suis loin d’être certain que m’entendre me plaindre de la sorte va l’empêcher de lâcher ses torpilles ; j’imagine d’ailleurs son rire retentir une nouvelle fois, avant qu’elle ne tourne mes propos dans son propre intérêt, bien contente de me voir pleurnicher de la sorte. Cependant, je n’avais pas pu retenir ces quelques mots, sortis comme ils résonnaient dans ma tête, simples témoins de la fatigue que j’éprouvais face aux multiples critiques que j’encaissais, malgré le sourire et l’air nonchalant qui ne me faisait jamais défaut. Je soupire vaguement, alors que j’ai attrapé mon verre et le secoue distraitement, les yeux posés sur la surface du liquide et ses mouvements, les sourcils froncés et la mine fermée ne laissant aucun doute sur les pensées qui viennent une nouvelle fois de prendre l’emprise sur mon attention. Un instant s’écoule, dans le silence, contrairement aux suppositions que je m’étais faites sur l’éclat de rire ou la remarque blessante que j’attendais de sa part. Je finis par relever la tête et de tourner mon regard sur elle, sans ne serait-ce qu’essayer de prendre soin d’afficher un air impassible ou détaché ; je me fiche bien qu’elle puisse constater mon abattement ou mon mal être désormais, puisque j’avais déjà flanché la dernière fois, mon départ précipité ne laissant planer aucun doute sur la fausseté de l’attitude indifférente que j’avais voulu adopter. « Sans parler du fait que tu empestes l’alcool. » Mon tact inouï n’a d’égal que la force de ma voix ; si j’avais haussé le ton comme jamais quelques minutes plus tôt, je m’exprime à présent d’une façon à peine audible. D’ailleurs, elle n’y rencontrera pas d’amertume, de colère – cette dernière ne semblant plus être de la partie – ou de sarcasme : je dis ça comme une constatation qui semblait embrumé un peu plus mon regard qu’il ne l’était déjà. Avait-elle bu pour venir me voir ou était-elle venue parce qu’elle avait bu ? Ces deux possibilités s’offrent à moi et me font autant de mal l’une que l’autre, alors que, en contradiction avec l’ennui que son léger état d’ébriété semblait provoquer chez moi, je remplis mon verre une nouvelle fois après l’avoir vidé d’une traite. « Tu ferais mieux de t'en aller avant de regretter d’être venue ici. » Une nouvelle fois, ces paroles, une fois sorties de leur contexte, pourraient être interpréter d’une manière différente. Elles pourraient résonner comme une menace ; ma voix qui n’est plus qu’un mince fil venu casser le silence avec faiblesse et le sourire sans joie qui vient naître au coin de mes lèvres leur donnent une autre dimension, bien plus triste, mais bien plus véridique.
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Sujet: Re: girl is on my mind 21.04.12 22:01
girl is on my mind
Je l'avouais, je n'étais pas simple à comprendre. Un instant je ressemblais à une furie prête à ne faire qu'une bouchée d'une inconnue, parce que je la soupçonnais d'avoir eu des rapports plus qu'étroits avec mon ex-fiancé, puis la minute d'après je devenais douce et fragile comme un agneau. On aurait pu penser que je souffrais d'un dédoublement aiguë de la personnalité ou encore de troubles bipolaires, pourtant mon comportement ne faisait que de traduire le chaos de mon esprit, et de ce que je ressentais. J'avais essayé en vain de paraître détachée, de n'en avoir rien à faire, mais j'en étais incapable. J'étais tout aussi incapable d'être hautaine, méchante avec une personne sans éprouver de remords l'instant d'après. Je ne le faisais pas exprès, je ne savais juste plus comment me comporter désormais. Est-ce que je devais montrer toute la frustration que je ressentais ? Le fait que je souffrais atrocement, non pas parce qu'il m'avait trompé mais juste parce qu'il me manquait ? J'étais pitoyable, encore une fois incapable d'éprouver ne serait-ce de la haine envers lui, malgré la dureté de ses propos. Sa colère était tout à fait légitime, et je ne pouvais rien faire d'autre que de clouer mes yeux au sol, le laissant parler. Je méritais qu'il me traite de garce, c'est ce qu'il fit quelques secondes plus tard. J'étais passée du statut d'ex-fiancée à celui de garce bipolaire, décidément cela n'allait pas en s'arrangeant. Je n'étais pas habituée à l'entendre débiter des paroles si dures, froides, surtout à mon égard. Je ne pouvais nier que je me sentais mal, et cela devait sans aucun doute se lire sur mes traits. Il n'avait absolument aucune idée de l'impact que ses paroles avaient sur moi, détruisant à petit feu le peu d'estime qu'il me restait. Je passais pour une vulgaire comédienne alors que j'étais juste perdue. Je mis un moment à répondre, enfin si l'on pouvait appeler ça une réponse. « Merci... Encore une fois je ne joue pas... » dis-je en un souffle, presque comme si je me parlais à moi-même. Le "merci" étant pour ce que je considérais comme une insulte, même s'il ne l'avait certainement pas formulé ainsi. J'avais l'impression d'avoir plus tenté de me convaincre moi-même qu'autre, car avouons-le, peu importe ce que j'allais dire, Aidan ne comptait pas en tenir compte, il n'en a jamais tenu compte. Mon geste, aussi faible soit-il, eut au moins le mérite de la faire reculer, me permettant de retrouver une respiration un peu plus normale, moins saccadée. Je savais cependant que ce n'était pas fini, ce n'était que le début.
Je restais contre le bar, totalement paralysée. Je n'osais lever la tête, de peur d'affronter son regard empli de haine et de dégoût. Auparavant j'avais rarement réussie à l'énerver à un tel point, et je doutais fortement que cette colère allait passer rapidement. Ma tête me disait de partir en courant, mais mes jambes refusaient d'obéir ; pour la première fois depuis bien des années j'étais effrayée. Je n'avais pourtant aucune raison de l'être, ou peut-être bien que si. J'avais soigneusement éviter de parler de nous, bien qu’aujourd’hui je doute qu'un "nous' existe encore, et je sentais le moment fatidique approcher. Ce moment incontrôlable, où il laisserait parler son cœur, me noyant sous un flot d'insultes et de phrases que j'étais peu désireuse d'entendre un jour. J'aurais dû agir ainsi, déballer tout ce que j'avais sur le cœur au risque de le perdre à jamais. Rectification faite, je l'avais déjà perdu, et nous avions atteint le point de non-retour. Je m'apprêtais alors à parler, je levais les yeux vers lui, mais il me coupa avant que le moindre son ne pu sortir de ma bouche. Le "on" de sa phrase me choqua, nous n'avions convenu de rien du tout, il avait décidé seul comme toujours, ne me laissant pas d'autre choix. Le ton sarcastique qu'il employa me fit soupirer, je doutais quelque peu de la véracité de ses dires. J'avais toujours eu de l'affection pour son frère, mais je n'étais pas certaine d'avoir très envie de le revoir. Je lui étais très reconnaissante de son excès d'honnêteté, entièrement responsable de ma rupture avec son frère, cependant je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir. Riley et moi, étions assez proches durant toutes ses années, et il savait pertinemment que son frère ne m'était pas fidèle, pourtant il ne m'avait rien dit. Je suppose que trahir son frère ne doit pas être facile, je doute même qu'Aidan soit au courant à vrai dire. Je ne pu m'empêcher de laisser échapper un sourire, je repensais à toutes les soirées que nous avions passé à rire, à boire, et surtout à attendre la personne la plus importante à nos yeux, Aidan. Ce genre de soirées me manquait, je savais qu'il n'y en aurait plus d'autres désormais. Je pris néanmoins le soin de rétorquer, ma voix se fit un peu plus forte qu'auparavant. S'il comptait me faire souffrir ce soir, autant que je ne lui laisse pas la satisfaction de voir l'impact que tout ceci avait sur moi. « Nous n'avons rien convenu, tu as pris cette décision ! Je ne suis pas certaine d'accepter un autre rendez-vous, mais j'aimerais que tu lui dises qu'il me manque... » Pour moi il était certain que je ne rencontrerais par Riley, certainement pas pour le travail. Tout chez lui me faisait rire, alors hors de question que je tente de parler d'un sujet sérieux avec lui, il trouverait certainement d'ailleurs une blague bien vaseuse sur le sujet. J'étais tellement nostalgique, c'en devenait gênant. Puis il déclara alors ne pas vouloir parler travail, impossible. Était-il malade ? Aidan était un accroc du boulot, il vivait uniquement pour ça, quitte à en oublier ses proches, j'en étais la preuve vivante. Je ne pouvais donc pas y croire, et laisser échapper un sourire. Je n'étais cependant pas là pour parler travail, chose qu'il n'avait pas l'air d'avoir compris. Je le laissais alors continuer son monologue, mieux valait le laisser ce calmer comme il l'entendait, même si cela ne me plaisait guère. Je le regarde alors, lui aussi accoudé au bar, un peu plus loin, un verre à la main. J'étais au courant que son projet avait essuyé diverses critiques, mais pas au point que ça ait l'air de l'affecté. Je l'avais toujours soutenu dans ses démarches, aussi loufoques qu'elles pouvaient paraître parfois, sauf que désormais nous étions opposés. Jamais je ne dirais que son projet était minable, ou qu'il ne savait pas ce qu'il faisait. Aidan était une personne douée, déterminée, qui menait un projet ambitieux et qui ne devait absolument pas se laisser influencer par les avis haineux des autres. Je ne dis rien cependant, il prendrait mon avis comme ironique, faux. Il rajouta que j'empestais l'alcool, il n'avait pas tort, mais cela ne le regardait absolument pas. Dans quelques minutes, lui aussi serait affublé de cette odeur nauséabonde. Je me redressais alors, et soupirais. « Et alors ? L'alcool ne m'empêche pas de penser clairement. Tu devrais arrêter... » Alors que je le vis remplir à nouveau son verre, l'alcool ne le réussissait pas. J'étais à peine capable de me gérer, hors de question que je m'occupe de lui parce qu'il a ingéré beaucoup trop de cette boisson alcoolisée. J'étais certes mal placée pour lui dire ça, il ne m'écouterait pas, mais tant pis. Le coup fatal me fut adressé lorsqu'il déclare « Tu ferais mieux de rentrer chez toi avant de regretter d’être venue ici. » Si j'avais voulu partir, je serais partie il y a un bon moment déjà. Je pris une grande inspiration, et marchais doucement vers lui. Je ne titubais pas contrairement à ce que je pensais. Il sembla étonné de me voir m'approcher à ce point, je m'emparais alors délicatement de son verre, bien décidée à ce qu'il n'y touche plus. « Je ne compte pas m'en aller, ni regretter quoi que ce soit. Si je suis là c'est pour toi, pour te parler, et non pas pour parler de ton travail... » déclarais-je d'une voix douce et calme. Mon regard s'étant fixé dans le sien, je priais pour ne pas perdre pied. Cependant je vis mon visage se rapprocher du sien, un sourire s'emparant de mes lèvres. Je m'arrêtais alors à quelque centimètres de lui, et lui murmurais : « Je pense sincèrement que tu sais ce que tu fais et que c'est tout sauf de la merde...» avant de m'éloigner pour m'emparer de la bouteille qui avait servit à remplir le verre que je tenais dans ma main. C'était stupide, le bar était rempli de boissons en tout genre et il n'avait qu'à se servir. Cependant, avec ma bouteille et mon verre à moitié-plein j'allais m'effondrer dans un canapé. Il avait l'air surpris, tandis que je me demandais si j'allais terminer ce verre ou pas. Puis je repris la parole, oui j'étais sobre rappelons-le et je comptais pas abandonner ce pourquoi j'étais venue. Trop de questions restaient en suspens, et bien que j'étais effrayée d'y trouver des réponses, il était grandement temps d'y répondre.« Je crois que nous devons parler sérieusement... Tu as d'ailleurs laissé une phrase en suspens la dernière fois, j'aimerais que tu la termines... Ah et ne tente pas de te servir une autre boisson...» Tout était dit, et peu importe ce qu'il allait faire, l'important était que je n'avais pas failli un seul instant. Je me redressais alors, un peu paniquée, quand je le vis s'approcher.
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Sujet: Re: girl is on my mind 22.04.12 17:23
girl is on my mind
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J’ai à peine le temps de reposer la bouteille avec laquelle je viens de remplir mon verre que je sens déjà celui-ci quitter ma main sans que je puisse y faire quoique ce soit ; le fait que Charlotte se soit rapprochée une nouvelle fois suffit à me surprendre suffisamment pour que je ne sois plus apte de réagir. Le conseil que je venais de lui prodiguer, même s’il s’agissait plus d’une mise en garde qu’autre chose, en fin de compte, n’a pas eu l’effet que j’escomptais. Je pensais qu’il suffirait à lui rappeler cette amertume dont étaient empreint nos échanges, à présent, ainsi que la bêtise de son acte, que l’alcool semblait avoir éclipsé. Je doutais fortement de sa dernière réplique, comme quoi ce qu’elle avait pu boire ne l’empêchait pas de penser clairement. Que ferait-elle là, si elle agissait en pleine conscience de ses actes ? Il me paraissait évident qu’elle ne serait pas venue ici, chez moi, sans prendre le soin de m’avertir de sa venue, sans que quelque chose altère son raisonnement. Vu les rapports que nous entretenions aujourd’hui et dont nous avions eu un âpre aperçu lors de notre dernier rendez-vous, au restaurant, elle devait sans aucun doute exiger d’être sur un terrain neutre, loin de tout environnement qui pourrait lui rappeler celui que j’étais dans ma vie privée en parallèle de mon travail, ainsi qu’en présence d’autres personnes qui nous sauveraient quelque peu des silences gênés et des regards fuyants. Et pourtant, elle venait de se glisser à mes côtés et d’ôter ce verre de mes mains, déclarant qu’elle n’avait pas l’intention de s’en aller. Visiblement, je n’avais plus aucune emprise sur elle ou sur ses décisions, un point auquel je n’avais pourtant jamais failli par notre passé commun. C’était d’ailleurs un point que l’on pouvait me reprocher aisément ; j’avais tendance à imposer ma façon de voir les choses et mes propres décisions, même avec elle, qui n’avait jamais pu m’influencer, buté que j’étais et que je suis encore. Du moins… Elle n’avait jamais pu m’influencer directement, avec des mots, des actes, qui lui permettraient ensuite de savoir que j’avais pris en compte son avis plutôt que de n’en faire qu’à ma tête. Mais, d’un autre côté, que j’avais peut-être eu la bêtise de toujours garder pour moi, elle avait toujours eu une grande influence sur ma personne, que ce soit par les remarques auxquelles je semblais ne pas prêter attention ou par ses différentes réactions dans la vie de tous les jours - et surtout par le soutien qu’elle m’apportait, inconditionnel, omniprésent, et dont je ne m’étais rendu compte de l’ampleur seulement une fois que je l’avais perdu… Perdue. Comme si elle suivait le même cheminement de pensées que moi, ce à quoi je ne me laissais plus croire, sachant notre complicité disparue à jamais, elle s’approche un peu plus de moi sous mon regard surpris, seule réaction que j’arrive à avoir, pour me glisser dans un murmure quelques paroles qui me rappellent à toutes celles qui me manquaient tant. « Je pense sincèrement que tu sais ce que tu fais et que c'est tout sauf de la merde...» Incapable d’ordonner mes pensées en la sentant si proche, ce sourire délicat sur les lèvres, je sens tout un lot de souvenirs me revenir tel un boomerang que je m’étais efforcé de lancer le plus fort possible, dans l’espoir qu’il ne revienne plus jamais. J’avais besoin d’elle, j’avais terriblement besoin de ses bras qui venaient m’entourer lorsqu’elle voyait que ça n’allait pas même lorsque j’assurais le contraire, j’avais besoin de l’entendre me dire qu’elle avait confiance en moi là où personne d’autre n’osait le faire, j’avais besoin de savoir qu’elle serait fière de moi, même si au final je me rétamerais, sans que j’aie à batailler pour ça. Car oui, certains y verraient sûrement un stéréotype monstrueux et en rigoleraient si je venais à l’exprimer un jour de vive-voix, mais c’est ce que je faisais à longueur de temps, ma relation avec mon père était le meilleur exemple. L’histoire du garçon né avec une cuillère d’argent dans la bouche, n’ayant jamais manqué de rien sinon d’amour et d’attention peut paraître absolument clichée et égoïste, et pourtant, c’est bien ce que je ressentais.
Évidemment, j’étais loin de pouvoir me plaindre d’une enfance terrible et isolée de tout. Mon père m’aimait, je le savais bien, il m’estimait comme n’importe quel père estimait son fils, cependant, j’avais toujours ressenti ce sentiment un peu pénible, sans aucun doute accru par mon propre perfectionnisme, de ne jamais faire assez pour obtenir autre chose qu’un vague sourire et quelques mots de contentement. Je pouvais faire des pieds et des mains, travailler corps et âme sur un projet pendant des semaines pour, au final, toujours voir ce même air simplement satisfait se peindre sur ses traits. Je n’en disais rien, évidemment, mais ce besoin de reconnaissance ne faisait que s’attiser au fil du temps. J’avais l’impression de ne jamais pouvoir faire que quelque chose de "normal" à ses yeux, mon devoir et rien de plus. Peut-être bien était-ce du au fait que je m’étais impliqué très tôt dans l’entreprise familiale et qu’il avait toujours coulé de source que ma place était là, à ses côtés, le secondant jusqu’à ce que j’hérite de ses responsabilités ; il ne pouvait pas ressentir de fierté quelconque en me voyant agir tel qu’il l’entendait lui-même. À force, cette vision semblait s’être répandue et lorsqu’on entendait mon nom, on se faisait déjà cette idée préconçue, on s’attendait déjà à me voir agir de la manière dont j’agissais et plus personne, au final, ne le remarquait vraiment. Avec Charlotte, tout était différent, peut-être parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de qui j’étais le jour où nous nous étions rencontrés, peut-être parce qu’elle m’aimait moi, Aidan, 1m86, fan inconditionnel de vieux groupes que plus personne ne connaît, incapable de résister face à un carton de chatons abandonnés au coin de la rue et de ne pas tous les ramener chez lui, et non pas "le fils aîné de Richard Caulfield". Mes pensées m’ont absorbé pour de bon, ce n’est que lorsqu’elle quitte le champ de mon regard absent et qu’il se retrouve sans point d’attache que je reprends pied. Je me redresse, fronçant légèrement les sourcils en attendant que j’émerge complètement de ce brouillard dans lequel je me perdais. Je soupire vaguement, porte une main à mon visage que je viens frotter distraitement, preuve que je retrouvais toute la nervosité que je semblais avoir mise de côté. Je relève les yeux et les repose sur la jolie blonde, qui s’affale à l’instant sur le canapé, le verre qu’elle m’a confisqué dans une main et la bouteille dans l’autre. Mes traits se durcissent vaguement, je ne sais plus ce que je dois croire, s’il faut que je mette ses agissements plutôt culotté sur le compte de l’alcool ou me plier à son ressenti, comme quoi elle est tout à fait consciente de ses actes. Quelques secondes s’écoulent encore, alors que je reste immobile comme une statue, cherchant une réponse à ces questions qui reprennent leur tempête dans mon esprit. Était-ce une nouvelle tactique de sa part ? J’aimerais pouvoir y croire, même si cela me blesserait plus que de raison, cela résoudrait bien des interrogations qui s’imposent à moi. Seulement, elle m’a répété un peu plus tôt qu’elle ne jouait pas, tout comme elle l’avait fait quelques jours plus tôt lors de notre rendez-vous, et je n’ai plus la force de me convaincre que la croire n’est pas une bonne chose. Sa voix, douce, posée, ce murmure qu’elle m’avait glissé m’empêchait de rétorquer ses mots, même si je n’arrive pas à y croire ou à les expliquer pour autant. Comment pouvait-elle estimer mes actes, alors qu’elle était la personne qui était sensée y mettre un terme ? Je ne parvenais pas à comprendre comment elle comptait me mettre des bâtons dans les roues, tel que son emploi l’exigeait, tout en me rassurant sur la qualité de mon projet. Elle reprend la parole avant que je ne retombe, une fois de plus, dans le piège de mes pensées, et me rappelle à la déclaration qu’elle avait faite quelques instants auparavant, comme quoi elle n’était pas ici pour discuter de l’hôtel. Je soupire discrètement, embrouillé par mon flot de pensées, mais mettant cette fois-ci un frein à la plupart d’entre elles afin de mieux pouvoir écarter le côté travail, même si je redoutais ce qu’elle pouvait avoir à me dire d’autre, en fin de compte. Je finis par contourner le bar, à mon tour, la démarche aussi volontaire qu’un condamné qui se dirige vers la chaise électrique alors que j’écoute ses paroles avec plus d’attention que j’aimerais en avoir.
Je me sens toujours énervé, l’air dur qui ne quitte pas mes traits est sans appel, mais le malaise reprend de plus en plus la main sur mon état. Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi prenait-elle le risque de s’approcher si près du sujet délicat de notre rupture, alors qu’il n’y avait aucun sens à cela ? Pourquoi parler alors que plus rien ne nous unirait jamais, sinon une bataille juridique pour quelques foutues construction de bungalow ? Je sens un sourire triste naître au coin de mes lèvres, mais il ne dure qu’un instant, alors que j’ai maintenant rejoint la jeune femme, restant debout face au canapé. Un ange passe, mon regard est posé sur elle mais semble bien loin de là, avant que je ne me décide finalement de sortir de mon rôle de statue de marbre. Je remarque clairement l’air un peu affolé qui la traverse lorsque je tends la main vers elle ; je ne fais que laisser échapper un vague début de rire, plus un soubresaut agacé qu’autre chose, blessé de la voir sursauter alors que je ne fais que de m’emparer du verre qu’elle m’a confisqué. Comment pouvions-nous en être arrivés à ce point, où je doutais de la sincérité de chacune de ses paroles, où elle s’apeurait face à mes gestes ? Je reprends donc mon verre, mon regard froid malgré sa brillance émotive que je ne cherche pas à camoufler lui déconseillant fortement de s’opposer à cela, puis la bouteille, une seconde plus tard. Cependant, ce n’est pas à mes lèvres que je porte l’alcool, acte qui je n’en doute pas aurait eu le mérite de l’agacer quelque peu ; je me détourne d’elle, fais quelques pas et vide d’un geste nonchalant la boisson dans le pot d’une des plantes qui encadraient le salon. Je pose ensuite la bouteille sur la table basse ainsi que le verre, relevant la tête vers elle lorsque je sens son regard me questionner. « Ne me regarde pas comme ça. Si tu comptes me faire la morale, il n’est pas question que tu boives davantage que tu ne l’as déjà fait, même si ça ne t’empêche pas de penser clairement. » La fin de ma réplique démontre clairement, par le ton ironique et le sourire qui se peint avec une hypocrisie non dissimulée sur mes traits, que je n’accorde pas beaucoup de confiance quant à son état et ce qu’elle en déduisait. Je prends néanmoins le soin d’aller m’asseoir sur l’autre canapé, même si ma mine ne laisse aucun doute sur mon manque d’envie. Je m’affale plus que je ne m’assieds, détournant volontairement mon regard d’elle pour le poser sur le mur, face à moi ; une vue absolument passionnante mais qui me permet de sortir de mon silence quelques instants plus tard.
« Ça fait sept mois que l’on aurait dû parler sérieusement. » Je n’ai pas besoin de la voir pour savoir qu’elle est sur le point de répliquer ; aussi, je lève la main légèrement, signe que je n’avais pas terminé. « Je ne suis pas en train de te reprocher quoi que ce soit. Tu… Tu avais de bonnes raisons. » Ma voix n’est plus qu’un souffle, ces mots étant probablement ceux qui me demandaient le plus de mal à prononcer, c’est pourtant en prononçant ceux-ci que je repose mon regard sur elle. Un vague sourire vient se glisser sur mes lèvres, en contradiction avec mon cœur qui se sert pour de bon. « Seulement, je ne vois pas pourquoi est-ce que tu veux en parler maintenant. Je veux dire… ça n’a plus de sens. » Ma voix s’étrangle lamentablement, alors que je baisse les yeux. Je me faisais pitié, incapable de m’exprimer normalement, incapable d’afficher le détachement qui devrait s’associer à mes paroles. Heureusement, elle avait bu, sans en être arrivé à un point misérable, mais qui suffirait tout de même à quelque peu embrouiller ses souvenirs demain matin. Elle ne saurait plus différencier le véridique de l’imaginé ; je sauvais un peu ma peau. Cependant, si j’aurais du m’en réjouir et prendre plus de précautions à présent, je ne peux que me laisser aller un peu plus et laisser tomber pour de bon. Elle voulait parler, et bien, elle allait avoir le loisir de nous écouter, mon cœur trop lourd et moi. « Ça n’a plus de sens parce que je n’ai plus le pouvoir de te retenir, je n’ai pas envie de te faire du mal en revenant sur tout ce qui s’est passé alors que je n’ai pas ne serait-ce qu’une once d’espoir que cela sauve notre couple. J’aurais tout fait pour pouvoir m’excuser il y a sept mois, quitte à me prendre toutes tes insultes et tes reproches et te voir claquer la porte quand même, mais je n’ai pas pu le faire. » Alors que ma voix n’était qu’un marmonnement hésitants quelques instants plus tôt, je me suis cette fois-ci exprimé d’une voix claire, limpide. Les mots semblent appris par cœur tant je les récite rapidement, sans paraître y réfléchir ; ce ne sont que les constats que je me fais depuis des mois et des mois. Je détache mon regard du sol pour le reporter sur elle, vaguement hagard, un sourire triste aux lèvres, mais plus sans la moindre trace d’ironie, de sarcasme, d’agacement. « Mais maintenant, je refuse qu’on en parle, alors que je sais que dans deux semaines tu seras repartie chez toi, qu’on continuera nos vies chacun de notre côté, tout ça pour qu’on puisse se faire de faux sourires et se dire qu’on a l’air en forme si par hasard nos routes venaient à se recroiser, alors qu’on fera tout pour l’éviter malgré tout. » Je laisse courir mon regard sur ses traits, comme si le malaise ne m’occupait plus, comme si je ne ressentais plus rien ; c’était peut-être ça, le point le plus haut de l’émotion, là où vous savez que vous avez déjà tout perdu et que vous ne pourrez pas souffrir davantage, là où vous laissez tomber la bataille. « Et la phrase que je n’ai pas terminé la dernière fois ne ferait qu’empirer un peu plus notre situation, en rajoutant des souffrances là où je n’en veux pas davantage et dont je suis certain, malgré que ce que je t'ai fait endurer a pu être plus difficile, tu ne veux pas non plus. » Mon regard retourne au sol, mais pas dans un mouvement brusque ou mal à l'aise, il glisse simplement, comme si je retombais dans mes pensées, comme si je m'absentais alors que mon esprit est plus présent que jamais. « Tu peux me traiter de con, trouver ça gonflé, mais ton absence a suffi largement à me punir de mes actes, et maintenant, j'aimerais au moins pouvoir me replonger dans les souvenirs de l'époque où nous étions amoureux, sans que viennent interférer ceux où on se déchirera davantage, si on vient à discuter sérieusement. »
“ Charlotte J. Heathford „
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Sujet: Re: girl is on my mind 24.04.12 16:33
girl is on my mind
Tout dans mes actes trahissaient la malaise qui m'emparait peu à peu, alors que j'avais provoqué cette situation. J'aurais pu mettre aisément mon comportement incohérent et déplacé sur le compte de l''alcool, mais deux verres ne suffisaient pas ça. La vérité était que je en savais plus comment réagir avec lui, face à moi. Je ne savais plus si je devais me comporter avec lui comme s'il était un étranger, un ami, ou une personne que j'aime. Il m'avait toujours été aisé de prétendre ; prétendre que j'allais bien, prétendre que certains propos ne m’atteignait pas, ou encore prétendre que je m'en fichais éperdument. C'est ce que j'avais essayé de faire lors de notre précédent entretien, prouver qu'il n'était rien pour moi et que je ne ressentais plus rien que de la haine envers lui, or encore une fois face à lui, tout ce qui pourrait me protéger s'était envolé. Et j'aurais sans doute pu en faire de même aujourd'hui, mais à quoi bon ? Je préférais mille fois être honnête, passée de la colère au rire, être simplement humaine, et qu'il le remarque, plutôt que de me cacher derrière des émotions que je ne ressens pas. Mon comportement aussi excessif avait-il été, était pour moi justifié. Je n'allais quand même pas, sauter dans les bras de la femme qui venait de coucher avec mon ex-fiancé, ça aurait été vraiment plus déplacé et totalement hypocrite. De plus ce n'est pas mon penchant pour la boisson qui me poussa à lui dérober son verre et la bouteille qui allait avec, non, je savais juste que contrairement à ce qu'il prétendait, il ne tenait pas si bien que ça l'alcool. Preuve en est, le nombre incalculable de nuits qu'il avait passé à moitié conscient et attiré par les toilettes, après des soirées trop arrosées, et c'était sans parler du Nouvel An... Je me surpris à sursauter lorsqu'il s'approcha de moi, un air agacé s'était emparé de ses traits. Je ne savais même pas pourquoi j'avais eu cette réaction, une seule explication paraissait plausible, toute "l'affaire" Elijah avait des conséquences - apparemment désastreuses -sur ma personne. Ce fut néanmoins étrange que mon corps réagisse ainsi, alors que ce n'était pas ce dernier qui avait tendu une main pour attraper le verre que j'avais volé, mais Aidan. C'était totalement illogique, Aidan ne m'avait jamais blessé, si ce n'est en me trompant, mais il n'aurait jamais osé lever la main sur moi, pourtant j'étais apeurée. Apeurée par ce qu'il allait dire, ce qui allait se passer, car je savais que désormais je ne pourrais plus rien contrôler.
Je le suivais alors du regard, et je vis avec étonnement qu'il vida la bouteille qu'il venait de me rependre dans le pot d'une plante entourant le salon. Je me demandais alors qui était le plus alcoolisé de nous deux, j'étais tentée de penser que c'était lui. Pauvre plante verte, elle allait mourir d'alcoolisme forcé. A cette pensée, je laissais échapper un petit sourire, bien vite effacé par les dires de mon ex-fiancé. Non seulement il ne me croyait pas, mais en plus il me parlait d'une manière totalement fausse, hypocrite. Je ne relevais pas, me contentant d'un léger soupir. Il n'avait qu'à croire ce qu'il voulait, je n'allais pas essayer de le convaincre que j'étais saine d'esprit, moi je le savais et c'était ce qui importait le plus. De toute manière, peu importe les sujets, il m'avait rarement cru ou fait confiance. Lorsqu'il s'assit, je me redressais, prête à l'écouter attentivement, je n'avais que ça à faire dorénavant. « Ça fait sept mois que l’on aurait dû parler sérieusement. » Je baissais alors la tête, bien contente qu'il soit trop préoccupé à regarder son mur. Il avait raison, mais je n'en avais pas été capable. Si je l'avais laissé parlé quelques mois plus tôt, la situation serait bien plus pire qu'elle ne l'est aujourd'hui. Je n'aurais même pas été capable de parler, submergée par les larmes et toutes ses images qui envahissaient mon esprit, le représentant, lui, dans les bras d'une autre femme. Je n'aurais même pas pu le regarder, tant ce qu'il avait fait me dégoûtait. Alors oui, il était tard, mais ces mois m'avait permis de réfléchir, d'apaiser la colère et la douleur que je ressentais, ainsi que de mettre de côté le dégoût que j'avais ressentie sur l'instant. Je m'apprêtais donc à rétorquer, mais un geste de sa part me signala qu'il n'avait pas terminé. J'avais l'impression qu'il allait se lancer dans un monologue, il en avait bien le droit. J'avais certes souffert, mais peut-être que s'il tenait un peu à moi, lui aussi ne serait pas indemne de cette rupture. Je sentais les reproches arrivés, après tout j'étais à l'origine de notre séparation. Ironie quand tu nous tiens pensais-je. Je relevais alors la tête, effectivement que j'avais de bonnes raisons d'être partie, enfin si l'on pouvait appeler cela de "bonnes raisons", je trouve cela plutôt triste à vrai dire. Mon regard se perdait dans le vide tandis que je l'écoutais, sa voix était faible, j'aurais préféré ne pas avoir à lui faire subir ça, mais trop de questions restaient sans réponses. Pour lui cela n'avait plus de sens, alors que pour moi tout reposait sur cette discussion. Je voulais savoir si tout ce que je m'étais imaginée depuis des mois était vrai, si je pouvais lui pardonner et tant d'autres choses... Alors oui, pour lui cela ressemblait plus à "planter le couteau dans la plaie", dans ma plaie, encore une fois, mais j'étais prête à entendre ce qu'il avait dire, à essayer de comprendre. Il aurait d'ailleurs pu me retenir s'il l'avait vraiment voulu, sauf qu'il n'avait rien fait, sans doute parce que j'avais mentionné que je ne voulais plus jamais le revoir à ce moment-là. Il aurait néanmoins pu tenter de me revoir, de m'appeler, car même si j'avais déménagé, Riley, et donc lui, savait où désormais je vivais. Et même s'il n'avait pas été au courant, me retrouver était vraiment chose facile pour lui qui pouvait tout acheter. Contrairement à ce qu'il pensait, il avait toujours le pouvoir de me retenir, enfin c'est ce que je croyais. Je me contentais alors de regarder mes mains en attendant qu'il ait fini son petit discours, j'avouais que sur certains points il n'avait pas tord, mais jamais il ne le saurait. Il ne voulait certes pas parler, mais je n'allais pas lui demander son avis, bien que ses arguments soient convaincants. Sa dernière réplique eut néanmoins le don de m’agacer ; je pouvais concevoir qu'il avait souffert, mais rien comparé à ce que j'avais pu enduré ses derniers mois. Lui, m'avait perdu, mais il avait très bien prouvé par la suite que me remplacer, m'oublier était chose facile. Moi, je n'avais pas seulement perdu l'homme que j'aimais ; je n'avais plus de chez moi, plus aucune crédibilité dans le monde où je travaillais, et en prime je récoltais les insultes de personnes que je ne connaissais pas. Cependant si tout ce qu'il avait dit était vrai, il avait au moins au peu tenu à moi, tout ne relevait donc pas du mensonge, impossible. Je pris alors la parole, et posais les yeux sur lui. « S'il te plaît... arrête juste de prétendre que tu tiens ou que tu as tenu à moi... » Mon ton avait été calme mais décidé, un soupçon de tristesse avait cependant terni ma voix. Je me levais alors du canapé, incapable de rester assise plus longtemps. Je passais rapidement une main dans mes cheveux, pris une légère inspiration, puis reprenais la parole, lui rétorquant enfin. « Pour moi ça a du sens... Alors même si tu n'en as pas envie ou que tu as peur de souffrir, j'aimerais que tu le fasses parce que je te le demande, j'en ai besoin... » Je ne savais pas à quoi je m'attendais, ce n'est pas comme si en un claquement de doigts j'allais pouvoir oublier tout ce qui s'était passé, et que j'allais lui pardonner. Si j'étais là, j'avais déjà fais un gros effort, et l'on pouvait penser qu'en partie j'avais réussi à lui pardonner le fait qu'il m'ait trompé. Je me mis alors à marcher autour des canapés, une version simplifiée de "faire les cent pas", ne faisait pas attention à ce qu'il pouvait bien penser. J'allais m'accouder au bar, puis reprenais. « Tu ne sais pas ce qui va se passer par la suite... Je veux dire que ce ne sera pas peut-être pas du tout comme tu viens de me le décrire... Tu n'aurais d'ailleurs jamais penser que j'aurais le culot de venir chez toi après tout ça, et ce ne sont pas les deux verres que j'ai bu qui m'ont poussé à le faire... » Je tâchais d'être douce et claire à la fois, je ne comptais pas m'énerver, bien que j'eus envie de pleurer plus qu'autre chose. J'enfouis alors la tête entre mes mains, bien consciente du fait qu'il m'épiait. Il avait eu droit à son monologue, j'allais certainement avoir droit au mien. Je me laissais alors glisser au sol, pathétiquement, mais je m'en fichais. Je restais adossée au meuble, hésitant par quoi j'allais bien pouvoir commencer. « Tu sais j'ai vraiment essayé de t'en vouloir, de te détester... mais je n'y arrive pas, alors je veux juste essayer de comprendre pourquoi... » dis-je dans un souffle, presque un murmure. Cela devait sans doute paraître égoïste de ma part, mais c'était ce que je ressentais. Je m'étais bien gardée de lui parler de mes sentiments actuels, bien que mes silences traduisaient tout ce que je m'étais refusée de lui dire alors. Je me levais une énième fois, et allait me poster face à lui, la surprise pouvait se lire à nouveau sur ses traits. Je plongeais néanmoins mon regard dans le sien, sachant que les larmes allaient bientôt couler, et murmurais presque désespérée. « Dis moi juste pourquoi... Pourquoi est-ce que tu as passé ses dernières années à me mentir, à me tromper ? Parce que moi j'ai vraiment tout imaginé, et là je n'en peux plus... »
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“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 25.04.12 12:58
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Je laissais mon armure se réduire en poussière, rien qu’en prononçant quelques paroles, rien qu’en retenant quelques fois de trop mon souffle. J’avais laissé tomber le combat. Le mot pourrait faire sourire, mais c’est bien celui qui est le plus approprié. C’était un combat, non pas contre elle, mais contre moi-même, un combat que je menais pour ne pas perdre la face, pour afficher un air détaché alors que je donnerais tout pour m’enfoncer six pieds sous terre, pour me convaincre que j’arriverais bien à l’oublier. Ma carapace signait son propre acte de décès alors que je laissais mon cœur s’ouvrir et déverser toutes les souffrances, tous les poids qu’il portait depuis bien trop longtemps, toujours plus douloureux malgré le temps qui s’écoule, contrairement à ce que disait un fameux adage. Mon monologue pourrait faire lever quelques regards au ciel, attirer quelques sourires et remarques quant à mes piètres talents d’acteurs ; ce n’était pourtant que la vérité, la vérité du mal que je ressens depuis qu’elle m’a quitté, la vérité des remords qui m’étranglent lorsque je songe à la souffrance qui brûlait dans ses yeux avant qu’elle les détourne pour de bon de moi. Si je laissais tomber ma carapace, mes efforts pour paraître impassible, je laissais aussi tomber ma fierté. Cette fichue fierté, qui m’avait empêché de chercher à la revoir après qu’elle ait déclaré ne plus jamais vouloir entendre parler de moi. Et ça, même si je savais que son numéro, connu par cœur à force de l’avoir composé durant ces cinq années où j’avais souvent été loin d’elle, était resté le même, même si je savais que le portier me donnerait sa nouvelle adresse contre quelques billets verts, puisque je la jouais trop désinvolte avec Riley pour la lui demander à lui.
Je venais de lui confier tout ce que je m'étais interdit de faire, outre les mots qui s'étaient échappés avec une aisance qui m'etonnait moi même, il y avait mes silences et mes traits où s'étaient peint toute ma tristesse, toute mon émotion, mes regrets, sans plus de retenue, ne laissant aucun doute sur ce que j'exprimais entre les lignes, que Charlotte n'aurait pas de peine à déchiffrer. Et pourtant... Sa réponse, pourtant sans éclat de voix ou excès d'agacement, suffit à venir échauder mon cœur. Elle n’avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit de dire ça ou ne serait-ce que de le penser. Elle pouvait rompre, elle pouvait me haïr, me trouver tous les défauts du monde, elle pouvait ne plus jamais vouloir entendre parler de moi et crier sous tous les toits que j’étais le dernier des abrutis, elle pouvait même débarquer chez moi et prendre de haut qui elle voulait, mais elle ne pouvait pas insinuer que je n’avais jamais tenu à elle. Pas après cinq ans, pas près tout ce que nous avions vécu ensemble. Les bons moments, les mauvais, les drôles et les agaçants, les routiniers et les déroutants. Comment pouvait-elle insinuer que durant tout ce temps, j’avais simulé mes sourires, calculé mes regards, joué mon attachement ? Si je n’avais pas tenu à elle, je n’aurais pas pris le risque de sécher le hautement traditionnel repas de famille de chaque premier dimanche du mois pour simplement lézarder avec elle dans son misérable lit de chambre universitaire le lendemain de notre première nuit à deux, je ne me serais pas senti aussi mal à l'approche de la date de son retour en Angleterre à la fin du semestre qu'elle avait eu la merveilleuse idée de venir passer à Columbia, je n'aurais pas fini par lui demander de rester et de s'installer avec moi, je n'aurais pas passer toutes ces soirées à n'incarner que le rôle du porteur de popcorn puis celui de coussin lorsqu'elle était prise de l'envie de revoir un de ces navets qu'elle aimait tant et je ne me serais encore moins surpris d'apprécier ces moments à mon tour, je n'aurais pas rencontré sa famille et tout faire pour être le plus appréciable à leurs yeux, je n'aurais pas exprimé le souhait d'en former une avec la jeune femme en demandant sa main. Je la vois se lever, mais je n'y prête pas attention, happé par tous ces souvenirs et bien d'autre encore qui envahissent mon esprit en quelques fractions de secondes, incapable de détacher mon regard du vide. Si je ne prête pas attention à son déplacement, je suis tout de même bien content qu'il ait eu lieu et que la jeune femme me tourne désormais le dos, marchant vers je ne sais où; la tornade de mes pensées s'arrêtent brutalement et je sens chacune des parcelles de mon âme se briser comme un du verre qui s'écrase au sol, ce qui ne manque pas de venir creuser mes traits dans une vague grimace, entre la souffrance et l'étonnement, la colère et la tristesse. Elle n'osait pas dire ça, elle n'aurait pas renié tout ce que j'avais éprouvé pour elle, tout ce que j'avais fait pour le lui montrer. Je lui demandais, certes égoïstement, de me laisser rien que nos bons souvenirs et elle leur faisait perdre tout sens en une poignée de mots, décrédibilisant tous nos rires, tous nos baisers, toutes nos confidences en m'accusant de ne jamais avoir été honnête. Elle reprend la parole mais je ne l'écoute plus que qu'une oreille absente, accusant le coup, incapable de calmer la bataille qui se joue dans ma tête et dans mon cœur comme si de rien n'était. Mon attention se repose sur elle lorsque je la vois, du coin de l’œil, se laisser glisser au sol, mais je ne ressens ni malaise, compassion ou, que sais-je, plaisir, à la voir perdre pathétiquement pied, mon regard semble absent, cette fois-ci embrumé de bon pour l'émotion. Elle murmure quelques mots qui devraient me réchauffer le cœur malgré leur morosité palpable, je devrais sourire doucement en l'entendant dire qu'elle ne parvenait pas à me détester malgré tout, mais je n'arrive à la fixer, silencieux, imperturbable, comme si j'hésitais entre la fusiller du regard pour détruire pareillement tout ce que nous avions vécu ou alors la supplier pour qu'elle revienne sur ses paroles, bredouille, me prouve qu'elle ne savait plus ce qu'elle disait, mais en réalité je suis bien loin de ça, perdu quelque part dans ces mémoires, probablement pour la dernière fois. La jeune femme se redresse et se rapproche à nouveau, mon regard reste un instant accroché dans le vide avant que je ne le remonte sur son visage, sentant le sien le chercher. Je reste immobile, silencieux, comme si le temps s'arrêtait et qu'il s'agissait de ma dernière chance de ne pas m'écraser violemment, le silence me permettant d'user de cette dernière bride de force et de tenue qui me reste. Seulement, Charlotte reprend la parole, doucement, calmement; mes yeux se détournent à l'instant même où je la vois entrouvrir les lèvres et se repose sur le mur, face à moi. J'écoute cependant sa question avec attention, cette fois-ci, comme si l'air que j'avais vu se peindre sur ces traits m'avait semblé être le même que celui qu'elle avait arboré au moment de poignarder nos cinq ans de relation et moi-même, quelques instants plus tôt, avec cette requête qui reste maintenant encore coincé dans ma gorge, douloureuse, irradiante, dévastatrice. J'écoute ces paroles sans la moindre réaction, comme si je n'étais pas là, avant que mon visage ne se baisse vers mes mains rien qu'une seconde, mes mâchoires se serrant et tout mon être semblant brusquement se tendre. Un maigre sourire surélève le coin de mes lèvres alors que je secoue vaguement la tête, preuve qu'il n'avait rien de joyeux ou d'ironique, mais qu'il était simplement là pour rajouter du lamentable à mon apparence, sortir le dégout qui s'empare de moi et dont je ne suis pas sûr de connaître la cause; elle, cette idée qu'elle avait de moi, cette question qu'elle venait de me poser, ou moi-même.
Je n'étais pas dans le déni des agissements que j'avais eu et qui nous avait conduit à cette rupture brutale, je savais très que j'avais mal agi et que je lui devais, en effet, des explications, si elle venait à m'en demander. Seulement, la manière dont elle aborde ce sujet me blesse profondément, plutôt ironique puisque j'étais le seul coupable; j'étais coupable des tromperies que j'avais répétées durant toutes ses années et des mensonges assortis, mais son ton prouve clairement qu'elle évoque à nouveau l'intégralité de notre relation, tous ces sentiments que je n'aurais fait, selon elle, que prétendre. Elle me demandait de lui donner une raison pour une chose que je n'avais pas faite; j'étais donc incapable de lui répondre, et pourtant, mes mâchoires se desserrent quelques secondes plus tard. « Ça me paraît pourtant évident. » Ça n'avait rien d'évident, tout était complexe, un sac de nœuds que je savais pertinemment impossible à démêler. Outre ces mensonges face auxquels je me refusais, meurtri par la constatation qu'elle avait réduit tous nos bons moments à une simple mascarade, il y avait mon adultère, loin d'être occasionnel, loin d'être facile à expliquer par un J'avais un peu trop bu ce soir-là ou un On venait de se disputer. Je n'étais même pas sûr de savoir pourquoi j'étais incapable de rester fidèle à la seule fille qui comptait à mes yeux, ou du moins, d'accepter les hypothèses que je pouvais me faire, alors comment lui donner ces raisons ? Il y a sept mois, j'aurais pu m'en sortir, parce qu'elle m'aimait encore, parce qu'elle était bouleversée, parce que j'étais un manipulateur hors pair et que j'aurais su comment l'amadouer avec quelques phrases bateaux, des prétextes bidons. Mes yeux s'égarent sur la géométrie du mur qui me fait face et des tableaux qui y sont accrochés dans un seul but esthétique, tout était complexe, si complexe, et pourtant, je reprends une nouvelle fois la parole. « Une fille banale et sans intérêt, à qui seule une bourse pour nécessiteux permet de voir autre chose dans sa misérable petite vie, qui entame malgré tout une relation avec le fils d’un des hommes les plus riches de New York. » Mon ton s’est fait exagérément expressif, comme un conteur qui lancerait les premières accroches d’une grande histoire qu’il s’apprête à entamer. Un début de sourire naît sur mes lèvres, alors que je détache mon regard du mur et tourne la tête vers Charlotte, ne laissant planer aucun doute sur la personne que j’évoque avec ces quelques paroles, aussi évident que cela puisse-t-il être. Le mince filet qui surélevait légèrement le coin de ma bouche gagne en ampleur et s’étend désormais dans un sourire parfaitement maîtrisé, entre l’amusement et la compassion. Ma voix se fait plus douce, moins calculée, moins extravagante. « Franchement, c’est tellement improbable que tu ne pourrais pas t’empêcher de t’y intéresser, n’est-ce pas ? Un vrai coup de pub pour l’héritier au moment où il s’apprête à entrer dans la vie active et qu’il va devoir agrandir son carnet d’adresses... » Je marque un temps d’arrêt, prenant le soin de laisser échapper un vague soupir, avant que mon sourire ne reprenne de plus belle, glacial et sans appel. « Et ensuite on apprend que cette gourde est à fond dans l’écologie, on se dit donc que les rumeurs sur sa belle famille sont sûrement exagérées, les scandales s’étouffent au profit de ceux qu’elle provoque en sortant de chez elle habillée comme un sac ou en s’isolant dans un coin tout au long des soirées les plus importantes de la bonne société, quitte à causer du tord à son pauvre fiancé… Ca, c’était pour les mensonges. » C'était faux, tout était faux. J'aimais la voir revenir du café du coin de la rue les cheveux dans un chignon en bataille et un vieux t-shirt un peu trop grand sur le dos, j'aimais le fait qu'elle n'apprécie pas ces pimbêches que je me devais de côtoyer et d'écouter jacasser et critiquer tout le monde tout le long de la soirée, j'aimais la voir - du moins, en prenant un peu de distance de sécurité - s'émerveiller devant une hideuse petite araignée, j'aimais savoir que rien ne devrait ne nous unir et que pourtant nous ne pouvions nous passer l'un de l'autre... Du moins, c'est ce que je pensais à l'époque. Tout était faux, et pourtant la blessure qu'elle m'a infligée rien qu'avec quelques mots suffit à m'empêcher de me plonger dans ces souvenirs que je sais désormais sans plus la moindre utilité, m'oblige à poursuivre sur ma lancée, à cran, au bord d'une crise de nerfs que je sens venir brûler à mes yeux, tout en gardant ce sourire, cet air odieusement sincère. « Et pour les tromperies, et bien, il suffit de revenir au début de l’histoire. Une fille banale et sans intérêt… » Je répète les mots avec douceur, alors que je change de position sur le canapé, faisant désormais face à Charlotte et non plus au mur. Mon sourire s'adoucit pour n'en devenir que plus malhonnête, alors que je fixe mon regard sur ses traits, attendant sa réaction. J'agissais comme un gros con, mentant sur toute la ligne, autant à elle qu'à moi, mais au moins, je lui donnais raison, je lui donnais la réponse qu'elle devait attendre, puisque je n'avais jamais rien ressenti pour elle.
“ Charlotte J. Heathford „
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Sujet: Re: girl is on my mind 28.04.12 21:21
girl is on my mind
« Riley... il est six heures du matin.. » dis-je entre deux bâillements, encore à moitié endormie tandis que je lui ouvrais la porte. A sa mine fatiguée je devinais qu'il avait certainement dû passer sa soirée, puis sa nuit à écumer les bars ainsi que les clubs new-yorkais. Cependant son regard, lourd et étrangement triste, ne m'inspirait pas confiance. Dans quel pétrin avait-il bien pu se fourrer ? Je considérais Riley comme un ami, un petit-frère, bien qu'il allait bientôt être mon beau-frère, et en l'absence d'Aidan je tâchais de toujours passer un peu de temps avec le jeune homme. Je ne le harcelais pas de suite de questions, le laissant entrer, la mine grave. Il referma la porte, tandis que je me dirigeais déjà vers la cuisine, prête à lui servir un café bien chaud. « Il faut que je te parle, c'est important... » déclara-t-il solennel alors qu'il me suivait. Effectivement pour qu'il affiche cet air de chien débattu, d'habitude lui qui est si jovial, cela devait vraiment important. Je n'étais pas vraiment la meilleure personne pour régler ses problèmes, ça c'était le rôle d'Aidan, mais j'étais plutôt douée pour écouter les gens.« D'accord... Dis moi ce qui t'arrive. » Il avait certainement dû penser que son frère était déjà là pour être venu si tôt, mais il ne rentrait malheureusement que ce soir. Je me retournais alors vers lui, accoudée à la table de la pièce, pleine de compassion, espérant tout au fond de moi qu'il ne s'était pas embarqué dans une histoire de drogue. Un silence pesant régnait dans la pièce, il semblait chercher ses mots, puis il me prit par les épaules, l'air encore plus grave qu'auparavant. « Je sais que ça va paraître dingue mais... n'épouse pas Aidan ! » Effectivement ça paraissait dingue, c'était même insensé. Je ne comprenais pas, il devait certainement avoir bu. A moins que... Non ce n'était pas possible, mais une seule explication logique traversa alors mon esprit. Je m'empêchais d'y penser, le petit-frère de mon futur époux ne pouvait pas avoir des sentiments à mon égard. Impossible. Décontenancée, je lui répondis dans un souffle. « Je ne comprends pas... » Il m'adressa un regard empli de tristesse, comme s'il s'apprêtait à me lâcher la pire nouvelle du siècle. Je ne pu m'empêcher de reprendre la parole, sentant l'haleine alcoolisée qui se dégageait de sa bouche. « Tu as bu, tu ne sais plus ce que tu dis... » murmurais-je en me dégageant doucement de son emprise. Je me détournais alors de lui et vérifiais que la cafetière était bien allumée, ce café commençait vraiment à tarder, et j'en avais plus que besoin. Je l'entendis alors se rapprocher de moi, mais je restais fixée sur la cafetière, ne voulant pas entendre ses théories fumeuses ni aucune déclaration. « Oh que si tu comprends Charlie... » Non, je ne comprenais pas et je n'allais certainement pas le laisser déblatérer ses conneries de mec bourré. Je me retournais alors, agacée. «Non Riley je ne comprends pas ! Qu'est-ce qui te prends à dire des conneries pareilles ?! » Il recula alors quelque peu, baissa la tête et passa une main rapide sur son visage. Je savais que je n'allais pas apprécier ce qu'il s'apprêtait à me dire. Il prit une grande inspiration et déclara « Charlie ce ne sont pas des conneries et sache que je ne veux pas te faire souffrir... » Il marqua une légère pause. Comment ça me faire souffrir ? Qu'est-ce qu'il racontait ? Il reprit alors, toujours aussi grave. L'on pouvait parfaitement déceler la tristesse dans sa voix. « Aidan... Aidan te trompe... Cela fait des années qu'il te ment... Je suis désolé Charlie... » Je perdais alors pied, mon regard se figea, j'allais m'effondrer. Riley n'aurait jamais agi ainsi si ce n'avait pas été vrai. Je murmurais alors un « Quoi ?... » avant de m'effondrer.
Ce souvenir m’obsédait, et encore en cet instant je me surpris à y repenser. J'avais volontairement oublié le reste, puisqu'il ne s'agissait plus que de pleurs et de cris. Je m'étais tout d'abord débattue avec Riley, qui m'a prouvé grâce à des éléments irréfutables, que seuls Aidan et moi étions censés connaître, que tout ce qu'il avait dit auparavant n'était que pure vérité. Par la suite, j'en avais énormément voulu à Riley car lui aussi m'avait menti toutes ces années, malgré notre rapprochement, mais cela avait été pour protéger son frère. Je suppose que si je m'étais retrouvée dans la même situation, j'aurais agi de la même manière. Le pire est qu'en m'avouant la vérité, non seulement il trahissait son frère, prenant le risque de le perdre, mais il avait choisi de me protéger, bien que ce soit un peu tard pour cela. Aujourd'hui encore je me demandais si Aidan était au courant que son frère avait vendu la mèche. S'il n'avait rien dit, les choses seraient bien différentes. Je serais devenue Charlotte Caufield, épouse d'Aidan Caufiled, héritier d'une chaîne hôtelière de luxe, et accessoirement une femme trompée. J'aurais certes été heureuse, mais je supposais qu'à un moment tout serait parti en fumée, et je ne pouvais que remercier de m'avoir avoué la vérité, aussi douloureuse soit-elle. Toutes mes suppositions je les tirais de ses confessions, du ressenti de Riley et de celui de nos proches. Je ne pouvais concevoir qu'il avait tenu à moi, simplement parce que pour moi lorsque l'on est avec quelqu'un on ne trompe pas cette personne. La fidélité et l'honnêteté sont pour moi les bases d'un couple. J'aurais pu pardonner si ce n'avait été qu'une fois ou encore s'il avait trop bu, mais là d'après ce que m'avais fait comprendre Riley, le nombre de ses conquêtes ne se comptait pas sur les doigts d'une main, et pour mon bien je ne devais jamais chercher à savoir le nombre exact. Pour moi ce besoin de coucher avec un bon nombre d'autres filles, traduisait bien le fait qu'il n'avait pas tenu à moi, et pire, qu'il n'avait jamais été heureux en ma compagnie. Il ne pouvait trouver une bonne raison expliquant ces gestes, et pourtant c'était ce que je voulais le plus au monde ; qu'il trouve une raison valable, qui me permette de lui pardonner. Je me demandais d'ailleurs comment il aurait réagit si la situation avait été inversée, si c'était moi qui l'avait trompée. Cela relevait certes du domaine de l'impossible car j'étais incapable de coucher avec un autre homme, même en étant désormais séparés. Et même si ce cela été arrivé, j'aurais voulu qu'il me quitte pour l'avoir trahi. J’exagérais sans doute, enfin non, c'était une trahison. Voilà ce que j'avais ressassé depuis des mois, et ce n'était pas près de s'arrêter. J'aurais tellement aimé avoir tort, qu'il me hurle que c'était faux et que tout cela n'était qu'un cauchemar, mais rien de tout sera n'arriverait. Mes propos, aussi durs qu'ils pouvaient paraître, n'étaient à mon sens que la vérité malheureusement, et j'allais certainement en avoir la confirmation.
Je me tenais debout, face à lui, alors qu'il était confortablement installé dans son canapé, me fuyant délibérément du regard. Je savais que j'allais craquer, et je tentais de rester calme malgré tout. Il déclara que cela lui paraissait évident, et j'allais écouter attentivement. J'aurais dû m'asseoir, car je savais que ce qu'il allait dire n'allait pas être tendre et rose, mais je me bornais à rester face à lui. Je voulais voir son expression lorsqu'il me donnerait ses explications. Il commença alors à conter une histoire, mon histoire. Je tentais de rester de marbre face au ton et aux mots plus que péjoratifs qu'il employait. Il me comparait alors à une "gourde", une "fille banale et sans intérêt" puis me traita comme un simple coup de publicité. Je ne réagissais pas, ne sachant pas si son discours devait me dégoûter, m'attrister ou bien me mettre en colère. Je laissais continuer, laissant mon regard partir dans le vague, une expression glaciale s'était emparée de mes traits. Il finit sa charmante petite histoire en répétant à nouveau que j'étais une fille banale et sans intérêt, ce qui expliquait le fait qu'il m'ait trompée à maintes reprises. Certes tout ce qu'il avait dit n'était pas faux, mais jamais je n'aurais pensé qu'il avait une si basse opinion de moi. J'affichais alors un petit sourire mauvais, en contradiction totale avec le malaise qui s'emparait de moi. « Merci de tant d'honnêteté... » J'étais blessée par ses propos, comment avait-il osé dire ça ?!? Le Aidan que je connaissais n'aurait jamais pu me dire ces choses, et pourtant je n'avais pas rêvé, c'était bien lui qui venait de comparer ma vie à une existence misérable, et bien sûr qui s'était victimisé. J'avais envie de le baffer pour ce qu'il venait de dire, je voulais qu'il retire ça tout de suite. Je serrais alors les poings, et pris une légère inspiration avant de reprendre la parole. « Je pense que tu oublies des choses sur la vie de cette, euh comment l'appelais-tu ? Ah oui sur cette fille banale et sans intérêt... » Je souris alors. Je m'apprêtais à faire quelque chose d'extrêmement puéril. Il m'avait blessé, je le blesserais en retour, bien que plus grand chose ne pouvait lui faire du mal désormais. Je m'en fichais cependant et reprenais, m'apprêtant à dévoiler un mensonge cousu de toute pièce, et une vérité inconnue. « Apparemment elle ne serait sortie qu'avec ce pauvre idiot pour l'argent... Oh et j'ai encore mieux ! Tu te rappelles des rumeurs de grossesse qui couraient à son sujet lorsque son fiancé était en Argentine ? Et bien c'était vrai... » Je ne le regardais cependant plus, incapable de rester calme. J'aurais mieux fait de me taire, je m'étais promis de ne jamais rien dévoiler à qui que ce soit. Je fermais alors les yeux quelques instants, sur le point de craquer. La seule chose qui me réconfortait était que cet enfant ne s'était pas retrouvé au milieu de cette rupture. Même si tout ce qu'il venait de dire était vrai, je savais pertinemment que jamais il ne me pardonnerait. Et au fond, j'espérais une nouvelle fois qu'il venait de me mentir. Je repensais alors à la "gourde", je n'étais pas une gourde ! Je sentais les larmes me monter aux yeux. Je rouvrais les paupières, les yeux brillants dû aux larmes qui commençaient à couler, et me rapprochais doucement d'Aidan, je savais que ce que j'allais faire était mal. Il me regardait, tant pis pour lui. J'étouffais alors un sanglot, et le giflais de toutes mes forces. « Pour tous tes mensonges et pour m'avoir traité de "gourde"... » murmurais-je. Je n'avais que rarement eu envie de frapper quelqu'un, et cette fois je ne m'étais pas retenue. Il le méritait et j'aurais pu recommencer autant de fois que nécessaire. Je voulais qu'il souffre comme il m'avait souffert. Cependant je pleurais et je m'apprêtais à recommencer, mais il s'empara de mon bras. Son regard était désormais tout autre.
“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 29.04.12 22:25
girl is on my mind
try to ignore, try to unwind, she is on my mind. eyes are in my eyes... where I've been, how time flies, she is in my eyes. see her standing there... she's gentle now, she takes great care, see her standing there...
« Non, c'est juste qu'il fait plus de trente-cinq degrés et tu es bien placée pour savoir que je ne supporte pas la chaleur... Tu te souviens de nos vacances au Brésil ? » Je souris doucement en la voyant éclater de rire; même si ce souvenir n'était pas des plus flatteurs à mon égard, ma tête de déterré et mon incapacité de rester plus de quelques minutes en plein soleil sans me transformer en une pauvre larve agonisante semblait toujours autant l'amuser. Je prends le soin de lui faire remarquer ce léger manque de délicatesse envers mon égo en grimaçant légèrement lorsqu'elle reprend un peu de son sérieux, bien que je ne lui en tenais nullement rigueur. Elle le devinerait sans aucun mal, d'une part car c'était moi qui l'avais provoqué en évoquant ce séjour qui datait de l'été dernier, et d'une autre, et ce malgré la qualité plutôt moyenne que la connexion Internet de ce coin de l'Australie offrait à notre conversation vidéo, parce qu'elle verrait bien mon regard me trahir par sa brillance malicieuse. Toutefois, cette dernière risquait également d'attirer quelques soupçons de la part de ma jolie petite amie, qui pourrait y déceler une certaine exagération, une certaine lourdeur qui, d'habitude, n'était pas au rendez-vous lorsque je la taquinais. Ce manque de légerté, couplé au silence qui prend soudainement sa place, alors que j'avais insisté pour l'appeler malgré l'heure avancée dans la nuit qu'il était à New York, ne manque pas de l'interpeller. « Qu'est-ce qui se passe ? » Un nouveau sourire apparaît là où le dernier ne s'était pas tout fait éteint, mes songes le contraignant à se glisser au coin de mes lèvres. L'amusement qui s'en dégageait quelques minutes plus tôt semble avoir cédé sa place à de la tendresse, simple et sans artifice, alors que mes prunelles s'habillent de la même douceur lorsque je les laisse vagabonder sur ses traits, que je suis contraint de ne voir que sur l'écran de mon portable. Je reste silencieux quelques secondes encore, me contentant de lui sourire et de la regarder, plus jolie que jamais malgré la fatigue - et même si son pyjama est mis à l'envers. Un froncement de sourcils de sa part me fait soupirer doucement, alors que je détourne les yeux un instant vers ma veste. Je repousse légèrement l'ordinateur pour tendre le bras vers celle-ci, tandis que mon attention se reporte sur la jolie blonde qui étouffe un bâillement, malgré la curiosité que j'ai éveillée chez elle par ce silence plutôt surprenant. « Il se passe que je t'aime, CJ... » Je me redresse alors que je la vois sourire, ayant réussi, grâce à ma gymnastique un peu atypique, à sortir de ma poche la petite boîte de velours que je lève dans le champ de vision de la caméra, et donc du sien. « ... et que j'ai trouvé ceci dans une bijouterie du coin. » J'ouvre doucement la petite boîte et glisse mon regard sur les joyaux du chaton de la bague qui s'y trouve, avant de reporter toute mon attention sur le visage de celle à qui je m'apprêtais de proposer de devenir ma femme.
Comment aurais-je pu ne faire que prétendre mes sentiments ce jour-là, pour ne citer que celui-ci ? J'étais peut-être malhonnête, fourbe, hypocrite, manipulateur, faux, hautain, prétentieux, faux-jeton, tartufe, artificieux, sournois, j'étais surtout amoureux d'elle depuis le jour où elle avait préféré un fast-food et un cinéma au restaurant gastronomique et la soirée bon chic bon genre que je lui avais proposés pour notre premier rendez-vous digne de ce nom. La grande majorité de mes relations étaient truquées, je feignais des amitiés à tous bouts de champs comme c'est monnaie courante dans les classes sociales supérieures à la moyenne pour mieux paraître ou pour mieux me servir, mais j'avais toujours été sincère envers elle... Du moins, sincère dans mes sentiments. Je ne suis pas certain que cet adjectif s'accorde parfaitement avec la jolie australienne, vêtue seulement de la chemise que j'avais prétexté ne pas porter parce que je supportais difficilement la chaleur, en train de chercher de quoi pimenter les ébats qui nous avaient déjà occupés une bonne partie de la journée - retardant d'ailleurs cet appel si important que je devais passer avec Charlotte -, à quelques mètres à peine de là ; un détail que j'avais omis de mentionner dans ce souvenir, une fille parmi tant d'autres, une énième aventure. Je ne pouvais nier qu'aimer et tromper étaient deux mots qui faisaient rarement bon ménage; je pouvais donc comprendre, au fond de moi, qu'elle puisse penser que je n'avais jamais réellement tenu à elle et que mon infidélité prenait le dessus sur tout le reste, réduisant notre passé, notre vie de couple à un tissu de mensonges. Je pouvais le comprendre, mais je ne pouvais pas l’admettre. Même si j'étais incapable de mettre des mots exacts sur ce qui me poussait à la tromper - ou disons plutôt que je faisais tout pour ne pas le faire, pour fermer mon esprit à ce propos, comme si cela me permettait de ne pas me laisser prendre par la culpabilité -, une chose était sûre, ce n'était pas parce que je ne l'aimais pas ou que je n'étais pas heureux avec elle. Je prenais toujours le même plaisir à me retrouver entre ses bras, elle était la seule que j'avais envie de voir blottie contre moi au petit matin, la seule avec qui je me préoccupais d'autre chose que de quelques vagues pulsions et besoins d'amusement. Elle était la seule qui suscitait mon intérêt plus de quelques heures, la seule qui ne cessait jamais de m'attirer, mais cette différence était déjà bien trop complexe à comprendre rien que dans mon esprit, alors, je ne pourrais pas la lui expliquer. En aurais-je seulement l'envie ? Probablement, sûrement même, mais je n'en n'aurais pas la force, plus maintenant, pas après tout ce que temps qui s'était écoulé et qui, visiblement, avait eu raison des sentiments qu'elle pouvait encore me porter. Alors, une nouvelle fois, j'agissais à l'encontre de ce que mon cœur me suppliait de faire, mais, paradoxalement, dans l'optique de protéger ce dernier, bien que ce serait sans aucun doute d'aucune efficacité. J'usais du sarcasme pour mieux la détourner d'une vérité que je ne pouvais pas lui confier, je flirtais avec la méchanceté pour qu'elle ne se risque pas à chercher à savoir si je pensais ou non ce que je disais. Sa réaction ne se fait pas attendre, d'ailleurs, alors qu'elle me rend un petit sourire mauvais, ne laissant aucun doute sur le mal que j'étais en train de lui infliger, elle me remercie pour mon "honnêteté". Si seulement elle pouvait voir au-delà de mes mots, de mes airs de petit con prétentieux comme elle savait le faire comme personne par le passé, elle saurait que je n'en pensais rien. Mais c'était trop tard et, au lieu d'essayer vainement de relever notre situation, je préférais plutôt la réduire en cendres pour de bon, en lui donnant raison, en lui montrant qu'elle n'avait jamais rien représenté pour moi. Je garde mon petit sourire en la fixant, attendant qu'elle s'en aille enfin, que cette débâcle en finisse, qu'elle se contente de ce ramassis de mensonges quant à mes sentiments pour expliquer ce que je lui avais fait subir en lui mentant, la trompant durant toutes ces années.
Toutefois, alors que je m'attendais à la voir capituler, je me rends compte une fois de plus qu'elle est bien moins vulnérable que la Charlotte que j'ai connue, comme si elle était bien plus forte sans moi, lorsqu'au lieu de tourner les talons, je la vois me sourire et m'entendre me rétorquer que ma petite histoire n'était pas complète. Je ne laisse rien paraître, du moins j'essaye, mais je sens la lame du poignard avec laquelle je m'étais efforcé tant bien que mal de la blesser se retourner contre moi. Une nouvelle fois, je préfère me défendre de la pire des manières qui soient plutôt que de la laisser voir l'émotion me consumer, en préférant tourner celle-ci dans un rire mauvais lorsque Charlotte vient évoquer le seul intérêt de cette fille pour ce pauvre idiot, ces deux personnages dont nous étions les seuls acteurs. Je ne peux m'empêcher de tenter de reprendre la parole en haussant une fois de plus la voix pour couvrir la sienne, alors qu'elle n'a pas terminé sa phrase. « Elle doit être franchement stupide dans ce cas, elle restait trois semaines de plus avec lui et elle obtenait la moitié de tout ce qu'il po... » Je ne continue pas sur ma lancée, alors que mon ex-fiancée vient de terminer sa propre phrase. J'avais beau semblé ne pas vouloir l'écouter davantage en renchérissant son premier argument, le second ne m'avait pas échappé, l'air qui se peint subitement sur mes traits suffisant amplement à le prouver. Alors que le silence retombe brusquement, mon énervement s'accorde au mouvement; la tension quitte en un claquement de doigts mon corps, au profit d'une immobilité parfaite, cette léthargie qui va de pair avec les surprises, l'étonnement. Ses mots résonnent quelques fois dans ma tête alors que mon regard, sans qu'il se soit détaché du visage qu'elle a détourné ailleurs, se perd subitement dans le vague. Nous pouvions nous disputer, nous pouvions littéralement nous déchirer, nous pouvions nous reprocher tous les maux du monde et accuser l'autre de n'importe quelle ânerie, cette déclaration là n'avait aucun sens. Pas maintenant, pas dans ce contexte. Nous parlions de notre relation, nous nous descendions l'un l'autre, cherchant à convaincre l'autre que notre couple n'avait été qu'une mascarade; évoquer une grossesse ne ferait que rappeler que nous avions un jour été plus que ces deux personnes, presque des étrangers, occupés à se crier dessus depuis trop longtemps déjà. Je reste bien silencieux à présent, incapable de savoir quoi dire ou ne serait-ce que penser, incapable de comprendre. Elle aurait pu dire ça seulement pour me blesser, m'agacer; son regard soudain fuyant et le sanglot qu'elle n'avait pu étouffé me détourne de cette idée, d'autant plus que, malgré tout ce qui pouvait se passer en ce moment-même, j'arrivais encore à croire qu'elle n'oserait pas jouer avec des choses telles que celle-ci, qu'elle sait comme me tenant à cœur. Je ne lui avais jamais caché mon souhait d'avoir des enfants, ce point ayant d'ailleurs entraîné pas mal de disputes dues à nos avis divergents et donc plutôt problématiques sur la question. Je fronce vaguement les sourcils, reprenant quelque peu la possession de mes moyens lorsque mon regard vient à nouveau à croiser le sien, puisqu'elle relève finalement la tête et s'approche d'un pas. Cependant, cela ne suffit pas à m'éviter ou ne serait-ce que voir venir la gifle magistrale qui vient claquer ma joue avec une dureté bien différente de ce que j'avais l'habitude de connaître avec elle. Mes yeux se ferment, un instant alors que j'étouffe une vague exclamation, à la fois de surprise et de douleur, en serrant les mâchoires, mais bien vite je redresse la tête vers la jeune femme - outre le fait de me blesser, autant physiquement que moralement, cet acte d'une violence qui nous étaient restée étrangère jusqu'à aujourd'hui à la mérite de me remettre les idées pour de bon. Alors que je la vois sur le point de réitérer son geste, je me redresse et ma main arrête son poignet à mi-chemin. Cependant, rien n'est voulu comme menaçant ou dur ; mes doigts, bien que d'abord fermes pour arrêter son geste, se font plus que légers, presque doux, en accord parfait avec mes traits qui n'ont plus rien de colérique ou de mauvais. Ma voix non plus n'est plus la même, se limitant à présent à un murmure, lorsque je finis par laisser échapper les quelques mots qui se sont imposés dans mon esprit avec une évidence effroyable. « Tu as... tu as perdu un bébé ? » Parce qu'il n'y avait pas d'autre explication, incapable de voir dans les larmes qu'elle ne peut plus retenir autre chose que la preuve qu'il ne s'agissait pas de paroles en l'air, incapable de ne pas ressentir dans son émotion une compassion qui me crie de la prendre dans mes bras, mais que je n'arrive qu'à traduire par ma main qui enserre doucement son poignet. Mon regard s'abandonne dans le sien, bien loin de toute la hargne que je pouvais éprouver quelques instants seulement plus tôt; simplement inquiet, soucieux du mal être qu'elle ne peut plus cacher, comme n'importe quel homme le serait face aux larmes de celle qu'il aime.
“ Charlotte J. Heathford „
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Sujet: Re: girl is on my mind 06.05.12 13:56
girl is on my mind
Ma réaction était digne d'une adolescente, immature et totalement irrationnelle. Je n'avais pas pour habitude de répondre par la violence, encore moins de vouloir que quelqu'un souffre. Quoi que, il y a quelques années de cela j'avais créer une sorte de poupée vaudou - très ressemblante d'ailleurs - d'une de ces pimbêches qui ne trouvait rien de mieux à faire que de suivre mon ex-fiancé. J'avais été même tenté d'en créer une à l'effigie d'Aidan, pour rire bien entendu. Heureusement cette époque - de folie pure - me paraissait bien loin aujourd'hui. J'avais toujours pensé que rien ne pouvait se résoudre par la violence, elle empirait même les choses. Et pourtant je venais de le frapper, plus exactement de le gifler, du plus fort que je le pouvais, jugeant que ça aurait plus d'impact que des mots. Je ne comptais absolument pas m'excuser de ce geste, il le méritait pour tout ce qu'il m'avait fait. Néanmoins je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même ; je lui avais demandé la vérité et il s'était tout simplement exécuté. Si je n'étais pas capable de supporter ses propos, apparaissant comme la vérité, je ne pouvais rejeter la faute sur lui. J'avais juste espéré qu'il ne me confirmerait pas ce que je redoutais, ce que tout le monde me répétait en vain depuis des années. Quelle idiote, j'aurais mieux fait de me frapper au lieu de reporter ma colère envers lui. Je ne pouvais même pas envisager une seconde que ses dires n'étaient que mensonges, pourtant j'aurais tout donné pour qu'il en soit ainsi. Bêtement je le croyais encore, j'aurais dû savoir avec le temps qu'il était préférable de ne pas lui faire confiance. Sans doute étais-je juste fatiguée... Epuisée d'essayer de savoir si oui ou non il disait la vérité. Je préférais me dire qu'il n'oserait pas me mentir, qu'il serait honnête avec moi. Cependant il ne l'avait pas vraiment été auparavant, alors comment savoir maintenant ? En fait que savais-je réellement de lui ? Pas grand chose s'il m'avait menti depuis le début. Si l'on suivait cette continuité on pouvait même se dire que l'homme que j'avais aimé n'existait pas, qu'il n'avait été crée que de toute pièce, dans un but inconnu. Non pas un but inconnu, juste parce que j'étais la parfaite opération marketing pour lui. Et me voilà réduite à un petit plan débile pour jeune héritier en recherche de reconnaissance et de contacts. C'était tellement pathétique que j'aurais dû fuir et ne plus jamais lui adresser la parole, comme je l'avais promis auparavant. Mais je ne me rabaisserais pas à ça cette fois-ci, j'allais jouer à ce jeu idiot et tant pis pour les conséquences.
J'avais beau m'être imaginée cette scène des millions de fois, me préparant à chaque scénario possible, celui-là était certainement le plus catastrophique. J'avais imaginé toutes les piques possibles, mes éventuelles ripostes, beaucoup de pleurs et surtout la partie la plus importante, la plus dramatique : moi, claquant la porte de sa magnifique villa. Or là, j'étais bien loin de tout ça. Son attitude désinvolte, indifférente et surfaite, m'exaspérait au plus haut point. Je m'étais imaginée qu'au moins il semblerait éprouver des remords, ou juste qu'il serait désolé. Il avait semblé l'être quelques minutes plus tôt avant que je ne le coupe dans son monologue. J'avais certainement dû dire quelque chose qui l'avait froissé, le poussant à adopter cette attitude. Je me réconfortais en me disant que tout ce qu'il désirait c'était me blesser, que je ne devais pas céder. Et pourtant je me faisais avoir comme une débutante ; peu importe ce que je dirais rien ne l'atteindrait. Si une seule chose, bien trop précieuse à ses yeux, et que je m'étais promis de lui cacher. C'était bien la seule chose qui lui avait tenu à coeur, il me semble. Avoir un enfant, chose presque banale et surtout impératif dans ce genre de famille. Heureusement que je m'étais fermement opposée à cette idée, hors de question pour moi de devenir l'esclave d'un bambin pendant que monsieur se trouve dans je ne sais quel pays exotique. Enfin c'est ce que je pensais maintenant que nous étions séparés, mais à l'époque j'étais terrorisée par cette idée. Je n'étais pas douée du tout avec les enfants, j'étais même certaine de mieux m'en sortir sur un champ de bataille qu'avec un enfant le temps d'une soirée. De plus, on ne pouvait pas dire que j'avais la fibre maternelle ; j'aimais m'extasier devant les enfants des autres, être une parfaite tata, mais être maman m'était inconcevable. Je n'étais pas prête, ni maintenant ni auparavant. Voilà pourquoi je m'étais bien gardée de lui dire que j'étais enceinte, et surtout ce que j'avais fait après, pour y remédier. Le connaissant, il aurait voulu garder le bébé et je ne suis pas certaine qu'il me pardonnerait si jamais je lui avouais avoir avorter. J'avais l'impression d'avoir lâché une bombe lorsque je lui dévoilais que ces rumeurs étaient vraies, je n'aurais pas dû. Il sembla surpris, décontenancé et moi je craquais. Je m'étais promis de ne pas pleurer, et pourtant je me laissais envahir par les émotions. Je lui en voulais d'avoir été malhonnête avec lui alors que je n'étais pas mieux... Tout ça était trop pour moi, nous nous déchirions comme il l'avait prévu et c'était comme si notre seul but était de faire du mal à l'autre. Et dire qu'il y a quelques moi encore nous étions ensemble, cela me paraissait tellement loin, et pourtant j'aurais voulu revenir à cette époque, au moins j'étais heureuse. Et là je ne contrôlais plus rien, j'étais à bout et je fus presque heureuse qu'il arrêta mon bras. Je détestais pleurer devant les gens, en particulier devant lui, mais il se tenait face à moi, me tenant le bras. Il était donc impossible que je me retourne. « Tu as... tu as perdu un bébé ? » Nouveau sanglot, alors que je n'essaie de pas le regarder. Je lève alors les yeux vers lui, je n'allais pas pouvoir dire quoi que ce soit sans le faire souffrir. Je ne voulais pas, non je ne voulais pas, et pourtant j'allais doucement me blottir contre lui en murmurant « Je suis désolée.. »
Comment pouvais-je expliquer ceci ? Aidan j'ai avorté parce que j'avais peur ou pire encore parce que j'étais persuadée que l'enfant ne serait jamais heureux. Je ne pouvais pas lui dire ça, et pourtant des tas de formulations me venaient en tête. Était-il naïf au point de croire que j'avais fais une fausse couche ? C'est tout ce que je pensais lorsqu'il me demanda, visiblement chamboulé si j'avais perdu un bébé. Oui je l'avais perdu, mais j'avais surtout "tué" son bébé. Je me reculais, consciente d'être aller trop loin en me réfugiant dans ses bras. Je clignais des yeux rapidement puis essuyais les larmes qui avaient embrouillées mes yeux. Je n'osais imaginer à quoi je devais ressembler. Je fixais alors mes mains, tout en essayant de me calmer. « Tu étais toujours en voyage, obsédé par ton travail... et moi.. moi j'étais apeurée... Je ne pouvais pas le garder... » murmurais-je faiblement. J'étais un monstre, pire que ça. Je ne pouvais pas le regarder, incapable de voir la blessure que j'avais causé quelques secondes plus tôt, parce que même si je ne comptais plus pour lui, il ne pouvait pas être indifférent. Il fallait que je parte avant d'envenimer encore plus la situation. « Je ferais mieux de partir... Je suis vraiment désolée Aidan. J'espère juste que tu ne penses pas ce que tu as dis plus tôt. Je ne veux pas que notre histoire se résume à "ça" »
“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 14.05.12 21:32
girl is on my mind
try to ignore, try to unwind, she is on my mind. eyes are in my eyes... where I've been, how time flies, she is in my eyes. see her standing there... she's gentle now, she takes great care, see her standing there...
« Je crois que regarder des poissons qui tournent en rond dans un aquarium et siroter un biberon ne fait pas bon ménage. » « Oh non, ce n'est pas vrai ! » Autant ai-je glissé ma remarque sur un ton qui est passé tout à fait inaperçu dans le brouhaha des discussions familiales, autant la réaction de la rouquine à qui je m’adressais attire l’attention de toute l’assemblée. Une douzaine de visages se tournent vers moi, d’abord surpris, puis partagés entre le dégoût pour les plus jeunes et les éclats de rire pour les plus anciens. Toutefois, seules deux réactions m’intéressent, alors que je souris machinalement face à tous ces regards qui me scrutent ; celle de CJ, assise au coin de la cheminée, qui ne peut qu’étouffer un rire moqueur derrière sa main, et celle de sa cousine qui, complètement paniquée, laisse pratiquement son verre s’écraser sur le parquet pour se précipiter sur moi. « Je suis terriblement désolée, Aidan. » Elle s’empresse de récupérer le bébé à l’estomac fragile qui est le sien mais qui, cette dernière heure, n’avait pas quitté mes bras. « Ce n’est pas… » « HARRY ! » J’ai une nouvelle fois la preuve que je suis plus un étranger dans la famille de ma petite amie qu’autre chose, puisque tous sont retournés à leurs conversations et n’ont pas même sourcillés face à l’éclat de voix de la rouquine alors que j’ai clairement sursauté. Sauf peut-être le petit Isaac, que j’étais pourtant non peu fier d’avoir su occupé et gardé calme tout au long de notre tête-à-tête, qui ouvre un instant de grands yeux, avant de se mettre à pleurer. Le mélange d’un sourire et d’une grimace se glisse sur mes traits lorsque je pose mes yeux sur lui, mais mon attention remonte rapidement sur la furie qui le ballote dans tous les sens. « TU NE PEUX PAS T’OCCUPER DE TON FILS PLUTÔT QUE DE CE FICHU BARBECUE !? » « Catherine, je ne… » « Quoi, qu’est-ce que tu as encore à me crier dessus ? » Je comprends que je ne pourrai pas placer un mot ; mes lèvres se referment dans un sourire à mi-chemin entre le désolé et rassurant, alors que le dénommé Harry apparaît dans l’embrasure de la porte fenêtre et rejoint sa femme, qui lui fourre le petit dans les bras comme un sac de patates mal lavées. Deux insultes, un soupir exaspéré et trois secondes plus tard, il percute enfin lorsque son attention se porte sur l’état de ma chemise. « Oh. » Il lève un regard mal à l’aise vers moi, ne sachant visiblement pas quoi dire ; je crois que si elle avait pu, la cousine de Charlotte l’aurait poignardé avec la brochette qu’il tient dans une main. Il doit l’avoir remarqué ou du moins l’avoir deviné, à force de supporter les brimades incessantes de celle qu’il avait pourtant épousé il y a bien des années de ça, puisqu’il s’empresse de reprendre un peu de contenance, puis la parole. « Je devrais pouvoir te prêter quelque chose, le temps que Cathy nettoie ta chemise. » « UNE ÉTOFFE PAREILLE !? CE N'EST PAS UN DE CES VIEUX CHIFFONS QUI TE SERT DE VÊTEMENT, ESPÈCE DE ... » Pas le temps d'entendre le nouveau sobriquet tout en élégance dont elle l'affuble, Harry m'a déjà entraîné dans le couloir et a pris soin de refermer la porte derrière lui après m'avoir fait entré dans leur chambre. Il place quelques excuses, autant pour le comportement de sa femme que pour la maladresse de son fils, tout en farfouillant dans son armoire, jusqu'à en sortir une chemise à me prêter. Je pourrais enfin déclarer que ce n'était rien et qu'il ne fallait pas tant s'en faire, le connaissant, certes seulement depuis que Charlotte et moi étions arrivés à Liverpool pour le mariage d'une autre de ses cousines il y a deux jours, mais suffisamment pour savoir qu'il ne paniquerait pas autant que sa femme. Toutefois, je me contente de sourire poliment et de me saisir du vêtement qu'il me tend, devinant qu'il avait plus envie de retourner à l’atmosphère paisible de son barbecue et de sa bière que de me faire des courbettes en tout genre. En effet, il quitte rapidement la chambre, me laissant tranquille le temps que je puisse me changer. Une tranquillité qui est bien vite remise en question ; je ne m'en plains pas cependant, lorsque je constate que c'est la silhouette de Charlotte qui apparait dans l'embrasure de la porte, d'un regard par-dessus mon épaule, lorsque celle-ci s'ouvre à nouveau. Je lui adresse un petit sourire et enfile le bout de tissu à carreaux juste à temps, avant que je ne sente ses bras venir se glisser autour de moi. « Tu as déjà appelé ton avocat ? » Son ton me fait rigoler, ses mots m'interloquent. C'est les sourcils froncés que je me retourne et lui fait face, l'interrogeant d'un regard. « Une chemise Gucci… Tu me fais la tête pendant trois jours si j'ai le malheur d'y faire un pli en me serrant contre toi. À ce point-là, je ne doute pas que tu t'apprêtes à trainer Isaac en justice. » Je devrais m'offusquer face à cette idée qu'elle se fait de moi, matérialiste et précieux au possible, bien qu'elle n'était pas si éloignée de la réalité que ça. Elle doit s'attendre à ce que je réagisse de la sorte, ou encore que je lui donne raison en déchargeant tout un flot de critiques et remarques exaspérées concernant sa famille on ne peut plus originale, mais il n'en n'est rien. Tout ce que je fais, c'est relever la tête vers la jeune femme lorsqu'elle entreprend de finir de boutonner la chemise à ma place et planter un regard aussi pétillant que mon sourire est enjoué sur ses traits. « Tu as remarqué toutes ses fossettes ? Il est adorable. » Elle relève les yeux, je verrais son sourire s'atténuer discrètement si mon enthousiasme et mes pensées n'accaparaient pas toute mon attention. « Il est mignon, oui. Et si on retour... » « Il tient vraiment de sa mère, à qui tu ressembles comme deux gouttes d'eau, d'ailleurs. » Passé outre la couleur carotte de ses cheveux laissés en bataille, ses faux-airs de camionneuse et sa voix qui me faisait frissonner de crainte à chaque fois qu'elle retentissait avec force, j'avais été étonné de voir une telle ressemblance entre Charlotte et sa cousine. Mêmes traits, mêmes regards, on savait qu'elles étaient de la même famille au premier coup d’œil, là où on s'adonne habituellement à des suppositions - et ça même avec Lou, qui était pourtant sa sœur et donc bien plus proche d'elle. « Vous devez avoir des gènes de combat... J'espère toutefois que tu me laisseras donner un ou deux des miens à nos futurs enfants. » Quelques dizaines de minutes coupé du reste du monde à faire rigoler un bout de chou, un air de famille frappant, il n'en fallait pas plus pour me faire parler trop vite et surtout dire trop de choses. Je ne m'en rends compte seulement lorsque son regard fuit le mien et son sourire se défait pour de bon, alors qu'elle lâche ma chemise, comme électrifiée. Une grimace s'empare de mes traits, au même moment où un nouvel éclat de voix nous signale que Harry délaisse une fois de plus sa famille pour quelques braises et brochettes - l'idée qu'au moins la dispute qui s'apprête à éclater entre nous passera inaperçue me traverse. Nouvelle grimace; c'était la suite logique des choses, comme à chaque fois que nous en arrivions à aborder ce sujet, ces derniers temps, mais je n'en avais pas la moindre envie. Aussi, je me dépêche de faire un pas en avant pour compenser celui qu'elle a fait en arrière, et de reprendre la parole avant qu'elle ne le fasse, sur un ton bien plus modéré, bien plus réfléchi. « CJ, ne fais pas cette tête, je ne suis pas en train d'appuyer un couteau sous ta gorge. Tu peux y penser, tout de même ? En plus... Tu dois bien admettre que j'ai une dégaine terrible dans une chemise à carreaux. Deux ou trois enfants et je deviendrai le Charles Ingalls des temps modernes. » Je ponctue ma phrase d'un sourire et un rire la parcoure, comme je l’espérais. Je sens la vague tension qui parcourait mon échine s'envoler, comme un démineur qui viendrait de désamorcer une bombe; j'en profite pour glisser mes mains sur sa taille et l'attirer contre moi, por la serrer doucement. Toutefois, je ne peux m'empêcher de piquer une dernière fois, juste après avoir déposé un baiser sur sa joue. « Tu ne vas pas pouvoir camper sur tes positions éternellement, tu sais... »
Cette dernière réplique n'avait rien d'un ordre ou d'une mise en garde. Je pensais simplement, à l'époque, qu'elle finirait elle aussi par vouloir devenir parent, qu'elle changerait d'avis sur la question. En gagnant en maturité, en voyant des gens de notre âge fonder leur famille, en confirmant avec le temps le sérieux de notre relation. Je ne voulais pas précipiter les choses, évidemment. À cette époque, j’avais 26 ans, elle en avait 24, nous avions à peine terminé nos études, je mettais tout mon temps au profit de mon travail afin de me faire reconnaître autrement qu’en tant que "le fils du patron". J’avais besoin de créer des relations, de m’investir plus que de raison dans ce que je faisais, quitte à délaisser quelque peu ma vie privée. Si je le faisais sans trop d’état d’âme envers la jeune femme, je ne m’imaginais pas en faire de même si nous venions à avoir un enfant. Si la plupart des hommes ne bousculeraient pas leur train de vie en mettant leur ambition de côté pour un certain temps, je n’aurais pas pu me comporter de la sorte. Même si le travail avait une place plus qu’importante dans mes priorités, devenir père aurait changé la donne. J’étais né à l’époque exacte où mon propre père menait à bien ce projet qui, aujourd’hui, avait fait la renommée et la richesse de notre famille. Résultat, je ne l’avais vu qu’épisodiquement, entre deux de ses voyages à l’étranger, entrecoupé par la multitude de rendez-vous d’affaires et divers événements. Je ne le lui ai jamais reproché, au fond, je n’avais jamais rien connu d’autre, toutefois, il en résultait qu’aujourd’hui encore, nos rapports n’étaient pas ceux qu’un fils et son père entretiennent dans la majorité des cas. Il y avait de l’affection, évidemment, mais sans débordement, sans complicité, sans partie de foot au fond du jardin, sans conseil sur le bricolage d’un moteur, sans réconfort après une peine de cœur. C’était mon père, celui qui m’avait donné son nom –et une bonne partie de ses prénoms-, celui qui m’avait offert tout ce que j’avais toujours voulu, celui qui m’avait fait rentré dans l’un des meilleurs pensionnats du pays, celui qui m’avait payé mes études, un appartement à Manhattan, celui qui m’avait présenté aux personnes les plus influentes de la société et offert une place de choix dans son empire, ainsi que la promesse de sa succession, mais ce n’était pas lui qui m’avait aidé à déballer mon premier vélo, ce n’était pas lui qui tenait la caméra lorsque j’avais le premier rôle du spectacle de fin d’année, ce ne sont pas ses bras qui m’ont réconforté après l’enterrement de ma mère, ce n’était pas lui qui avait signé ma feuille de sortie des urgences après que je me sois cassé la clavicule ou celle du poste de police après que j’aie cassé celle d’un autre lors d’une nuit un peu trop arrosée. J’avais connu tout cela, je ne m’en plaignais pas, mais j’avais toutefois la certitude que je ne me comporterais pas comme ça lorsque mon tour viendrait. J’aimais les enfants presque autant que les chats ; mettre ma carrière de côté ne serait pas une grande épreuve, d’autant plus que, au final, que je fasse mes preuves ou non, mon chemin était déjà tout tracé et pavé d’or. Cependant, j’y pensais plus comme à un projet d’avenir plutôt qu’une exigence à laquelle répondre le plus vite possible. Nous étions jeunes, vivant dans l’une des plus belles villes du monde la vie que seuls quelques privilégiés peuvent s’offrir, nous avions encore quelques années à passer juste à deux avant de donner ce tournant à nos existences. Combien exactement, je n’en savais rien – y a-t-il seulement quelqu’un au monde qui puisse prédire ça avec exactitude ? La seule chose dont j’étais certain, c’est que je l’aimais, bien plus que je n’avais jamais aimé qui que ce soit, et que c’était elle que j’imaginais à mes côtés lorsque je songeais à mon futur et ma famille. J’avais confirmé ce point quelques mois plus tard, en lui proposant de m’épouser, tout comme elle m’avait rassuré sur la réciprocité de ce sentiment en acceptant aussitôt. Ce n’était pas mon but premier, mais je ne pouvais m’empêcher de songer que cet engagement était peut-être un premier pas pour la jeune femme vers la réflexion, une éventuelle possibilité de changer d’avis. Finalement, si elle acceptait de devenir ma femme, c’est qu’elle acceptait également ma vision de voir les choses et surtout l’avenir, ce qui incluait mes idéaux, lesquels elle ne pouvait pas prétendre ne pas connaître…
Mais elle a pu le faire. Camper sur ses positions. De ce jour où je lui avais affirmé le contraire jusqu’à celui qui précédait mon départ pour ce dernier voyage en tant qu’homme fiancé, chacune de nos discussions à ce propos ou presque avaient coupé court ou s’étaient envenimées, toujours plus rapidement, toujours plus fortement. Des disputes presque routinières, tant nous restions tous les deux figés dans notre propre point de vue, répétant les mêmes arguments, les mêmes reproches. Le sujet était presque devenu un tabou, elle détournait les yeux tandis que je me sentais obligé de meubler le silence lorsqu’une scène du film que nous regardions évoquait l’envie des personnages d’avoir un enfant ou leur bonheur lorsque c’était fait, nous nous évitions lors de soirées quand des amis devenus parents faisaient leur apparition, elle avait donné des vacances à la femme de ménage afin de nettoyer d’elle-même l’appartement de fond en comble et j’avais recueilli un nouveau chaton dans les deux jours suivants la réception d’un faire-part de naissance - une coutume de moins en moins suivie, fort heureusement pour la brillance fragile au frottement du marbre de la cuisine et pour la matière trop luxueuse du canapé du salon pour se cantonner au rôle d'arbre à chat. Des instants pénibles auxquels je ne préfère pas penser ; j’en serais d’ailleurs incapable, à cet instant, si je me fie à mon cœur, qui rate un battement lorsqu’elle vient se réfugier dans mes bras. Je reste immobile un instant, comme pétrifié, avant que mon regard ne s’embrume lorsqu’elle lâche un nouveau sanglot et je ne ferme les yeux, mes mains se posant là où elles s’étaient toujours posées quand elle se glissait entre mes bras. J’aurais préféré la voir ravaler ses larmes de crocodile et sourire face à mon air défait plutôt que de l’entendre murmurer qu’elle était désolée. Je préférais encore écouter ses excuses plutôt que les paroles qui les suivent, alors qu’elle recule déjà. Ce n’est plus mon cœur qui se brise mais mon sang qui se glace. Je ne pouvais pas le garder. Il y avait une différence fondamentale entre le fait qu’elle ait perdu un bébé, la seule hypothèse qui m’avait paru viable, et celle qu’elle vient d’imposer comme étant véridique. La première m’avait chamboulé, à l’instant même où elle s’était installée dans mon esprit. J’aurais été dévasté, fâché de ne l’apprendre maintenant, blessé qu’elle ne se soit pas tournée vers moi dès qu’elle l’avait su. J’aurais été en colère, mais cette colère aurait cédé sa place à un puissant sentiment de compassion, de culpabilité. Ses larmes me prouvaient bien qu’elle en souffrait, notre soudaine promiscuité m’aurait fait regretter de ne pas être à ses côtés lors de cette épreuve, même si je n’avais pas la moindre idée qu’elle était enceinte, n’osant plus même imaginer une telle situation. Je ne pouvais pas le garder. Il y avait une différence volontaire entre ces deux options. La première n’était qu’un coup du sort, un accident, un malheur. La seconde, la vraie, celle qui me fige sur place, n’était qu’un choix. Une décision volontaire. Un souhait. Mon regard se fixe sur elle, chaque partie de mon corps se transforme en un bloc de glace, parfaitement immobile, dur comme de la roche. Même ma cage thoracique se bloque, privant mes poumons d’oxygène, comme si je savais qu’une respiration suffirait à me faire flancher. Je lui en aurais voulu de ne pas m’avoir confié qu’elle avait fait une fausse couche. Je n’ai pas la moindre idée de comment réagir face à l’annonce de cet avortement resté secret jusque là. M’énerver, puis me raviser, songeant à quel point cela avait du être difficile à surmonter toute seule ? Certainement pas. Je n’allais pas me sentir coupable. Je n’allais pas avoir de remord quant à mes absences répétées ou mon manque de soutien. Je ne quitte plus cet air de marbre, mais ma vision sur les larmes qui strient ses joues alors qu’elle fait tout pour ne pas me regarder change brusquement. Elle en était la seule responsable. Elle pleurait, alors qu’elle l’avait choisi. Elle osait pleurer, alors qu’elle avait pris le droit de vie ou de mort sur un être qui aurait du le droit de naître, d’être quelqu’un. Elle avait pris une décision sur ce que je désirais depuis longtemps, sans même que j’en sois au courant. Elle pouvait ne pas vouloir d’enfants, ne pas se sentir l’âme d’une mère comme elle me l’avait confié, encore et encore. Si cela m’attristait à chaque fois, je pouvais le comprendre. J’y étais habitué. Je l’aimais tout de même, plus que tout, gardant cette envie dans un coin de ma tête pour mieux pouvoir profiter de ce qu’elle voulait bien partager avec moi, une vie qui me convenait malgré tout. Mais jamais, jamais, je n’aurais pu songer à une telle hypothèse. Je lui faisais confiance, tout comme elle me faisait confiance – certes, cela avait couru à notre perte, mais ce n’est pas la question. Elle pouvait ne pas vouloir d’un enfant ; jamais je n’aurais pu l’imaginer réagir ainsi, une fois devant le fait accompli. Premièrement, en prenant la décision de n’assumer aucune responsabilité, sinon celle d’ôter le droit à la vie de ce bébé. Deuxièmement, parce qu’elle l’avait fait dans mon dos. Que s’imaginait-elle ? Que si je l’apprenais, je l’empêcherais de faire son propre choix ? Oui, cela m’aurait mis hors de moi, elle m’aurait déçu. J’aurais tout fait pour la convaincre du contraire, en la suppliant comme en la menaçant. Mais il n’y avait qu’elle pour prendre la décision finale. Notre relation aurait certainement été remise en doute, si elle n’avait pas tout simplement pris fin là. Mais est-ce que cela lui donnait le droit de me tenir à l’écart de ça, d’en faire un secret ? Était-ce par amour, par peur de perdre ce que nous avions construit ensemble ? Mais à quoi bon faire de telles cachotteries pour sauver une relation, qui n’aurait plus aucun sens, puisqu’elle n’avait pas eu l’honnêteté, la confiance nécessaire pour m’avouer la vérité plus tôt ?
Elle reprend la parole. Je devrais relever l’ironie morbide de ses mots. Je ne veux pas que notre histoire se résume à "ça". À ça, ça comme les quelques mensonges évidents que j’ai prononcé quelques minutes plus tôt concernant notre relation, ou ça, ça comme sa monstruosité égoïste ? Je devrais rebondir là-dessus, pour décharger toute la haine qui m’anime, lui dire tout ce que je pense et lui faire voir le monstre qu’elle est, mais je ne le fais pas. Je ne fais rien. Je reste immobile, silencieux, seul mon regard semble être en vie, à cause du voile embrumé qui le recouvre et le fait briller tristement. Il semble que rien ne peut me perturber ; pourtant, il suffit que mon portable se mette à sonner pour que je sorte de mon immobilité, ma main se glissant dans ma poche et l’extirpant de là machinalement, comme s’il s’agissait de l’acte le plus naturel du monde, comme si rien ne s’était passé ces dernières deux minutes, comme si j’étais complètement déconnecté de la réalité. Mon regard glisse sur la surface de l’écran. Numéro inconnu. Un ange passe ; ma cage thoracique se relâche brusquement, la bouffée d’air qui parcoure mon corps écorche tout sur son passage, alors que mon téléphone va s’éclater contre la baie vitrée là-derrière dans un bruit assourdissant. Le verre se brise sur l’un des carreaux et s’éparpille sur le parquet dans une pluie criarde, l’autre se fend sur toute la longueur ; je n’y prête pas un regard, j’ai déjà rejoint le bar. Les mains croisés au dessus de la tête, mâchoires et yeux serrés de toutes mes forces, je m’accoude à celui-ci, incapable de faire quoi que ce soit d’autre face à la vague de douleur qui me parcourt, brise chaque recoin de mon âme. C’est toute cette colère que j’aurais pu décharger sur elle, quelques secondes plus tôt, en répliquant aussitôt, qui s’est transformée en une sorte de poison, terrible, agressif. J’ai l’impression que quoi que je fasse, chacun de mes gestes sera douloureux, je sens à la brûlure qui parcoure mes yeux que je ferais mieux de ne pas les ouvrir. « Putain… » Un murmure, juste un murmure. J’étais incapable de quoi que ce soit d’autre… Même ça, je n’aurais pas du. Je le sens à mon cœur qui se serre une dernière fois, avant d’éclater, alors que je ne peux plus retenir, à mon tour, un sanglot. Je détestais pleurer, même lorsque j’étais seul. Une perte de temps. Se laisser abattre n’aidait jamais à avancer. J’avais tellement pleuré à la mort de ma mère, mais elle n’était pas revenue pour autant. J’avais pleuré lorsque je m’étais retrouvé seul, dans cet appartement où plus rien ne laissait penser que j’y avais vécu avec Charlotte, sinon les souvenirs que j’y avais, la seule chose qu’elle n’avait pas été capable d’emporter avec elle. Mais elle n’était pas revenue, elle non plus. Certes, elle était là, derrière moi, à trois mètres, tout au plus. Elle était juste là, mais elle était tellement loin, tellement de cette jeune femme qui vient de me confier qu’elle avait subi un avortement. Mes mains quittent ma nuque, viennent agripper le comptoir avec force, comme si j’espérais trouver là ma dernière, ultime bouée de sauvetage. Je mords ma lèvre lorsque je sens que cet espoir est vain ; je n’ai pas d’autre choix que de me laisser glisser au sol, me retournant afin de me retrouver adossé au bar. Je détestais pleurer, même seul, alors, le faire devant quelqu’un, et pire encore, la personne responsable, était loin d’être aisé. Pourtant, alors que je donnerais tout pour afficher un sourire mauvais et la faire disparaître pour de bon, je n’arrive à rien, sinon à craquer. Toute cette histoire, c’est ce qu’il ne fallait pas rajouter à mes nerfs laissés à vifs depuis qu’elle m’a quitté, à tous ces mois loin d’elle, ces confrontations, cette accumulation de fatigue. Je suis en proie à son regard ; mon visage s’enfouit entre mes mains croisées, alors que je m’accoude sur mes propres genoux.
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Sujet: Re: girl is on my mind 19.05.12 15:43
girl is on my mind
« Tu es sûre de ton choix ? » Non, absolument pas. Pourtant j'allais affirmer que oui, comme je l'avais soutenu auparavant et depuis que j'avais programmé l'intervention. C'est la meilleure chose à faire pour tout le monde, me répétais-je sans cesse. Je détournais les yeux de ma fenêtre et me retournais vers lui, me contentant d'un vague hochement de tête comme réponse. Je me demandais qui était le plus gêné de nous deux ; on pouvait parfaitement remarquer que l'atmosphère était tendue, même dans ce petit taxi surchauffé. Je savais que Riley paniquait intérieurement, bien qu'il tentait de se montrer fort et impassible, ses mains qu'il bougeait sans cesse le trahissaient. De plus il me fuyait du regard, preuve qu'il ne cautionnait pas du tout ce que je m'apprêtais à faire. Je pouvais deviner sans mal ses pensées ; il se demandait s'il devait appeler Aidan, s'il devait essayer de me faire changer d'avis ou non. Pire encore, les conséquences de ma décision l'obsédaient ; son frère ne nous pardonnerait sans doute jamais si la vérité venait à éclater. Je pariais même qu'à un instant il fut tenté du sortir du taxi, prendre ses jambes à son cou, et fuir la situation. Pourtant il était toujours là, me tenant la main pour me montrer que je n'étais pas seule, et ce depuis qu'il m'avait trouvé à moitié consciente dans la salle de bain de l'appartement de son frère. Il aurait très bien pu s'en aller, m'insulter pour toute la peine que j'allais causer à son frère, je le méritais amplement. Au lieu de ça , il se contentait de me parler de son frère, espérant me faire réagir. « Tu peux encore parler à Aidan tu sais... » Et tomber encore une fois sur son répondeur ? Je me crispais. J'aurais dû effectivement lui parler des semaines auparavant et lui avouer ma grossesse, désormais il était trop tard. Comment avait-il fait pour ne pas voir les signes tout de même ? Entre mes nouveaux goûts culinaires des plus particuliers et le nombre de matinée que j'avais passé allongée sur le carrelage de la salle d'eau, guettant les fameuses nausées matinales. Sans doute mes explications totalement hasardeuses et abracadabrantes l'avaient préservé de la vérité. Personne n'était capable de me faire changer d'avis, si une seule personne, lui. C'est pourquoi je ne pouvais lui dire, cette grossesse l'aurait tellement enchantée, il en rêvait contrairement à moi. Je n'étais pas prête à devenir mère, j'étais à peine capable de m'occuper de moi alors d'un enfant semblait impossible. De plus, il était hors de question qu'Aidan abandonne tout ce qu'il avait construit et tenté de faire ces derniers mois pour ce bébé. Il était beaucoup trop proche de son objectif pour que ma grossesse gâche tout. « Non... Ça lui ferait trop de mal.... » Idiote, il souffrirait peu importe la décision que je prendrais. Je m'en voulais d'embarquer Riley dans mes histoires, je le rendais complice de mes actes, et ainsi l'obligeait à mentir à son frère, probablement la personne qu'il aime le plus au monde. Je m'étonnais d'ailleurs du fait qu'il ne m'ait pas encore demandé pourquoi j'agissais un ainsi. Je n'osais même pas imaginer les hypothèses qui lui avaient traversé l'esprit... Peu importe, j'étais un monstre... Pourquoi diable ne pouvais-je donc pas être comme toutes les jeunes femmes de mon âge ? Totalement gaga des enfants, ne se posant même pas la question de savoir si leur futur enfant sera heureux ou non. « Charlotte... Ce bébé... Il est de quelqu'un d'autre....? » débita-t-il, l'air grave et sans appel. Je lâchais alors sa main, totalement vexée, abasourdie. Comment osait-il me demander ça ? Pire comment pouvait-il penser que j'avais trompé Aidan et que je portais l'enfant d'un autre homme ? Je fermais les yeux, tentant de me calmer. Par réflexe je portais une main à mon ventre, le bébé devait être aussi vexé que moi. Je ne pouvais cependant pas lui en vouloir de penser ce genre de choses, mon comportement très étrange ces dernières semaines en était sans doute la raison. Je pris une grande inspiration et rouvrit les yeux, je refusais de céder à la colère.« Ton frère est le père de l'enfant. Ne sous-entends plus jamais que je le trompe...» « Alors pourquoi ? » Je n'avais pas eu le temps de terminer ma phrase qu'il me questionnait à nouveau. Heureusement ou malheureusement, j’apercevais la clinique privée qui n'était plus qu'à quelques mètres. Je ne pouvais pas répondre à sa question, moi-même je ne savais plus. J'aimais le petit être qui grandissait en moi, mais j'étais persuadée qu'il serait malheureux si je le gardais. Une larme coula le long de ma joue, le taxi s'arrêta, j'étais incapable de bouger et pourtant j'allais devoir me lever et tout affronter.
Respirer. Oui, il ne fallait pas que j'oublie de respirer, bien que j'avais l'impression de m'étouffer. J'étais inconsciente, idiote, nulle... rien de positif n'émanait de moi en cet instant. Je m'étais pourtant promis de ne jamais dévoiler ce que j'avais fait à qui que ce soit, bien consciente du fait que si Aidan l'apprenait je le perdrais. Alors pourquoi diable étais-ce sortit de ma bouche ? Étais-je blessée au point de vouloir le voir souffrir en évoquant le seul sujet qu'il lui ait jamais tenu à cœur ?Non, je voulais juste qu'il arrête de mentir et d'afficher ce petit sourire suffisant, prétentieux. J'aurais dû mentir, prétendre que cela n'était jamais arrivé, que j'avais seulement mentionner un bébé pour le mettre hors de lui. Au lieu de ça, je m'enfonçais dans l'honnêteté. Et là, il était visiblement hors de lui. Bien que mes larmes embrumait ma vision, je le voyais de marbre, ne devinant que trop bien les pensées qui agitaient son esprit. Il devait sans doute juger que mes explications étaient totalement plates, bidons, et que si j'avais avorté c'était simplement parce que je ne voulais pas avoir d'enfant. Si seulement ça avait été si simple, si seulement je n'avais pas voulu de cet enfant. Si ça avait été le cas je n'aurais aucun remord, je n'aurais pas passé mes nuits à me demander si je fais le bon choix ou non. Je n'aurais pas passé des heures à m'imaginer les traits de mon bébé, à me demander si ce serait une fille ou un garçon, s'il serait blond ou brun, les cheveux lisses comme ceux de sa mère, ou bouclés comme ceux de son père. Je ne me dirais pas non plus qu'aujourd'hui il aurait un peu plus d'un an et pourrait marcher... Mais c'était de ma faute, et cela resterait toujours uniquement de ma faute. Je me doutais qu'il était en colère, j'attendais juste qu'à nouveau il déverse un flot de venin pour me qualifier, pour me dire à quel point j'étais affreuse d'avoir fait ça, et surtout que je l'avais déçu au plus haut point. Non seulement je lui avais menti, mais en plus je l'avais trahi. Ses infidélités me paraissaient minimes par rapport à cette trahison, bien consciente qu'il lui serait impossible de me pardonner un jour. Bien que nous n'étions plus ensemble, je n'avais pas exclu la possibilité de le pardonner et reprendre là où notre histoire s'était arrêtée quelques mois auparavant. Désormais, cette possibilité me paraissait totalement inexistante, improbable. Un bruit, une mélodie me sortit de mes songes. Ce n'était pas mon portable mais le sien. Je relevais alors la tête vers lui ; je vis son cellulaire s'écraser contre la vitre, détruisant plusieurs carreaux. Le bruit du verre qui se brise me glaça le sang, interrompant momentanément mes sanglots, me laissant totalement paniquée. Je l'entendis murmurer, un mot, un seul, beaucoup trop révélateur. Je baissais la tête, bien décidée à me contenir désormais. Je tentais d'essuyer les larmes qui avaient perlés sur mes joues, je devais être aussi affreuse qu'il devait le penser. Je reportais alors mon attention sur lui, attendant en vain qu'il daigne répliquer, m'insulter ; je le méritais amplement.
Je ne rêvais pas, je n'étais ni en pleine hallucination ; Aidan pleurait. Je ne l'avais jamais entendu, encore moins vu pleurer - à l’exception de rire. Il était le genre de personne à tout garder pour lui, à ne rien montrer, surtout pas lorsque quelque chose le blesse. On pouvait le considérer comme fort d'être capable de faire face à tout, mais faible de ne pas pouvoir se laisser aller, au moins une fois. Ma culpabilité ne faisait que d'augmenter. Mon dieu, il pleurait par ma faute. J'étais tiraillée entre deux choix : soit je partais, le laissant seul, avec probablement plus aucune chance de lui parler un jour, soit je restais auprès de lui et tentais de le réconforter. Il ne me laisserait rien faire sans doute mais je m'en fichais, je ne pouvais partir et le laisser dans cet état. Je me rapprochais alors de lui, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire, mais il fallait que je trouve. Je m'asseyais face à lui, à quelques centimètres seulement, juste assez près pour qu'il m'entende sans que j'ai à trop élever à la voix, mais juste assez loin pour lui laisser de l'espace. « Ne pleure pas... » murmurais-je. Le voir ainsi allait me faire pleurer à nouveau, je le sentais. Je tentais néanmoins de rester forte. J'avais les poings serrés, ne sachant quoi faire de mes mains. J'aurais dû le prendre dans mes bras, cela m'était interdit. Je repris alors. « Tu peux m'en vouloir, me détester pour ce que j'ai fait.... mais ne pleure pas... je ne supporte pas de te voir ainsi...surtout pas par ma faute... » C'était certain qu'il m'en voulait, il suffisait de regarder la vitre éclatée pour le constater. Je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était soit la vitre, soit moi, bien que je doute du fait qu'il aurait pu me faire du mal, physiquement parlant du moins. On était désormais bien loin de la célèbre question, pourquoi est-ce que tu m'as trompé, qui avait trotté dans ma tête jusque là. Je ne savais pas ce que je pouvais dire, faire pour l'apaiser un tant soit peu. Il n'avait pas changé de position, demeurant prostré. Délicatement je posais une main sur la sienne, et avec l'autre je lui remontais doucement la tête. Je voulais qu'il me regarde une fois de plus. Je faillis pleurer à mon tour lorsque je vis ses yeux embrumés de larmes. Je n'eus pas la force d'enlever mes mains, bien que je me doutais que je n'aurais pas dû faire ces gestes. Même après tout ce qui s'était passé, notre séparation, ces derniers moi sans lui, je voulais juste le montrer que j'étais là.«Je suis vraiment désolée... Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux... Ne crois pas que j'ai fait ça aisément, ça a été vraiment dur pour moi... » Je me répétais mais je désirais qu'il comprenne plus que tout. « Si je ne t'en ai pas parlé c'est parce que je savais que tu m'en empêcherais, que ça te blesserait, que je te ferais du mal... » Je parlais trop comme toujours. J'aurais juste dû m'en aller et laisser toutes ces histoires derrière moi.
“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 28.05.12 16:50
girl is on my mind
try to ignore, try to unwind, she is on my mind. eyes are in my eyes... where I've been, how time flies, she is in my eyes. see her standing there... she's gentle now, she takes great care, see her standing there...
Pleurer. J’aurais pu avoir une multitude de réactions différentes, mais j’avais choisi celle-là… Disons plutôt que c’était celle qui s’était imposée à moi. Ce n’est pas la seule exagération ; il n’y avait pas tant de manières de réagir que ça. Premièrement parce que cette révélation m’a pris par surprise, me laissant trop désemparé pour que je puisse ne serait-ce que réfléchir à ce que je devrais faire ou non. Deuxièmement, le contexte, la situation ne me laissait pas tant de choix. Je ne pouvais pas ravaler ma colère et m’échapper de là pour trouver une fille quelconque sur qui je viderais mes nerfs, comme j’en avais malheureusement pris l’habitude à chaque fois que Charlotte me contrariait ou qu’une de nos disputes s’avérait suffisamment forte pour que je n’aie pas envie de la régler sur l’oreiller – du moins, pas avec elle. Je ne pouvais pas afficher un sourire railleur et un air prétentieux, comme je le faisais habituellement, sans gêne aucune, pour signaler que je me fichais bien de ce qu’on pouvait me dire ou me faire, ou, en tout cas, que je le prétendais. C’était trop dur, bien trop dur. Ce n’était pas une déclaration en l’air, une attaque d’un type quelconque, un reproche dont je n’avais que faire. C’était une confidence, tranchante. Un aveu, terrible. Une grossesse, que j’attendais, peut-être pas pour tout de suite, mais dont je rêvais, et que pourtant elle m’avait cachée, avant d’y mettre un terme, sans m’en parler. Certes, dans un certain sens, c’était un accident, puisque cet événement n’était pas désiré à l’unanimité et que les choses étaient faites de manière à ce qu’on l’évite. Pourtant, il y avait eu visiblement une faille, dont elle seule était la fautive – c’est peut-être l’argument préféré des hommes qui n’assument pas leurs responsabilités, mais c’est pourtant la vérité. Peut-être était-ce ça qui l’avait conduit à agir ainsi, puisqu’elle en était responsable, elle avait du songer qu’elle seule devait faire en sorte de réparer cette erreur. C’était une hypothèse valide… Mais tout bonnement inacceptable de mon point de vue, et j’étais bien trop abattu pour ne serait-ce qu’essayer de me mettre au niveau du sien. Ce n’était pas une erreur, le bête résultat de l’oubli d’une seule pilule. C’était une vie, un cœur, un bébé, issu d’une affection, d’un attachement mutuel entre deux personnes en âge de l’assumer –biologiquement parlant. Si on le considérait comme une erreur, en effet, je n’avais pas besoin d’être mis au courant ; si on prenait les choses telles qu’elles le sont réellement, j’étais tout aussi concerné que Charlotte, responsable à part égale.
Mais ce n’était pas seulement un enfant, une histoire d’avortement ; c’était aussi une relation, une confiance. Je n’étais de loin pas le mieux placé pour l’accuser de ne pas avoir été honnête, pourtant, tout ce qui parvenait à trouver un peu de place dans mes pensées et songes embrouillés n’était que reproches, indignations. Je m’étais toujours reposé sur elle, j’avais toujours cru en ce qu’elle me disait, en elle. Par mon caractère mais aussi par mon rang, mon statut, j’accordais difficilement ma confiance, mais elle, dès le début, avait montré qu’elle avait ce quelque chose qui me permettait de me fier à elle, quelles que soient les circonstances. Je l’entends bouger, je la devine auprès de moi, mais je l’ignore, enfermé dans mes pensées, coupé de sa voix qui s’élève par mes propres sanglots, accompagné par le rythme impressionnant de mon cœur. C’était peut-être ça, le plus douloureux, le plus clouant. Ce n’était pas tant la nouvelle en soi qui avait déclenché le feu qui dévaste ma poitrine, mais de me rendre compte que la personne en qui je croyais le plus est celle qui me poignarde exactement là où il ne le faut pas. À y repenser, il y avait un certain comique à cette situation. Combien de fois par le passé avais-je souri discrètement, amusé de la crédulité de ma petite-amie face aux réponses parfois rocambolesques que je lui donnais, lorsqu’un détail échappait à mon emprise et pouvait lui mettre la puce à l’oreille quant à mes agissements ? La note d’hôtel tombée de ma poche n’était que celle de la chambre de l’investisseur dont je voulais m’attirer les bonnes grâces, le paparazzi qui demandait où était la rouquine de l’autre soir n’était qu’un abruti qui cherchait à mettre du scandale dans ses photos, elle me vouait une confiance aveugle. Je trouvais ça plutôt drôle, dans le sens où je ne comprenais pas comment elle pouvait être aussi naïve, même si cela m’arrangeait grandement, même si je me sentais coupable d’abuser d’elle en la trahissant de la sorte. Je trouvais ça drôle, mais je me rends compte que je ne vaux pas mieux qu’elle. Je ne l’aurais jamais avoué, mais je comptais terriblement sur elle, plus encore que sur moi-même. Peut-être bien que je ne m’en rendais pas compte ou alors que je faisais tout pour l’ignorer, peut-être bien qu’abuser de sa confiance en la trompant, en lui mentant me laissait penser qu’elle ne pourrait jamais faire la même chose, parce que nous étions différents, parce que j’avais mes problèmes, mes raisons d’agir ainsi.
Le nœud qui a pris place dans ma gorge grandit toujours plus alors que je m’efforce de retenir mes sanglots, encore plus mal en point de savoir que quelqu’un, qui plus est Charlotte, me voit ainsi – un cercle vicieux dont, j’en ai l’impression, je ne pourrai pas m’échapper. Toutefois, un élément vient perturber ce malaise torturé ; je sens sa main venir se poser sur l’une des miennes, avant qu’elle ne vienne relever ma tête de l’autre. Je bloque ma respiration un instant, comme si je me rendais compte soudainement de sa présence, proche de moi, comme si je revenais brusquement sur Terre. J’aimerais ne pas lever la tête, resté caché, mais je n’arrive pas même à lutter contre ça, alors que je pose mon regard sur elle. Elle reprend la parole et cette fois-ci, je l'écoute, même si le cœur n'y est pas, comme si être contraint de la regarder me forçait à lui accorder cette attention. Trop de choses se sont passées, se sont dites ces seules dernières minutes pour que je puisse saisir d’une manière claire tout ce qu’elle me dit, ses mots, d’ailleurs, ne m’intéressent pas, comme si je redoutais qu’elle rajoute encore du vinaigre sur la blessure béante qu’elle m’a infligée, toutefois, les dernières syllabes qu’elle prononce résonne un instant de plus que les autres. Me faire du mal. Je détourne leur sens, et voilà encore une autre option qui se profile. J’aurais pu m’en prendre à elle, pas seulement à travers des piques froides et des sous-entendus mauvais, mais physiquement parlant. Laisser mon émotion, mon mal-être s’échapper sous forme de colère et remédier à celle-ci par la violence. J’étais bien loin de l’image du baroudeur sans foi ni loi, mais, même s’ils étaient rares, j’avais déjà connu quelques débordements de ce genre. Ce geek détraqué qui avait collé Charlotte une fois de plus sans savoir qu’elle se rendait à notre rendez-vous et que ce n’était vraiment, vraiment pas le bon jour, cet abruti de Stradlater après la bousculade de trop dans les vestiaires, ce dévot de videur trop attaché à ses principes lors de cette nuit trop arrosée - même si ce n’était pas dans ma nature somme toute plutôt calme, je devais bien admettre que frapper quelqu’un était un moyen bien plus rapide et plus efficace pour vider ses nerfs et faire mal à quelqu’un, même si mes maigres réflexes de bagarreur ne me permettaient que rarement d’en sortir sans m’être blessé moi aussi. J’aurais donc pu m’en prendre à elle, lui rendre ce coup qu’elle venait d’asséner à mon cœur, lui faire du mal pour ne pas lui laisser voir celui qu’elle m’avait fait… Mais j’en étais tout bonnement incapable. Je n’avais pas même eu besoin d’y songer, de peser le pour et le contre, le poids de ma conscience ; cette option n’avait fait que traverser mon esprit comme un courant d’air entre deux fenêtres, aussitôt aseptisé par mes principes, évidents, et surtout par tout ce que j’avais pu ressentir pour elle par le passé. Chacun de mes gestes à son égard était empreint d’une douceur parfois exagérée, presque maladive, dont je ne parvenais pas à me détacher -et ça, même si nous étions en train de nous disputer, même si ce n’était que pour lui donner une fourchette, même si j’étais en retard comme jamais, même si elle insistait pour que je la laisse de temps en temps de côté lors de nos moments d’intimité. Aujourd’hui, les circonstances étaient différentes, mais les faits restaient les mêmes : je pouvais la haïr autant que je le souhaitais, le désirer aussi fort que possible, j’étais tout simplement incapable de lui faire du mal ou ne serait-ce que de lui en souhaiter. Ce dernier point ne va pas tarder à être illustré, d’ailleurs, tandis que je tente de réguler ma respiration pour ne pas davantage m’écraser face à elle. « J’apprécie cette attention… Sincèrement. » J’essaye d’afficher un sourire aussi sarcastique que ma réplique devait l’être ; ma voix n’est qu’un murmure faible, le succès du sourire qui s’y associe est tout aussi misérable. Je le sens bien, et c’est pour ça que j’aimerais lui faire mal, à cet instant-là, lui faire voir autre chose que mes larmes, la confronter à n’importe quoi d’autre que ma faiblesse. Alors que je m’attèle à prendre l’air le plus froid et le plus noir qu’il me soit donné malgré mes prunelles embrumées, je me libère du contact de sa main sur ma joue d’un geste sec de la tête et repousse l’autre, venue se poser sur la mienne. « Ne me touche pas. » J’ai agi avec suffisamment de brusquerie pour qu’elle ait un léger mouvement de recul et que ce fameux silence s’installe, celui qui dure quelques secondes, durant lesquelles les respirations se retiennent, tout s’immobilise, le temps semble s’arrêter, cet instant qui précède un acte qu’on prémédite, qu’on redoute. J’aimerais lui faire du mal… mais j’en étais incapable, tout bonnement incapable. Je ne le comprends pas à son regard qui s’est agrandi sous le coup de la surprise, pas même à la tension qu’il l’a parcourue ; je le sais, simplement. Quoi que j’aie eu l’intention de faire une fraction de seconde plus tôt, alors que j’adoptais une réaction impétueuse en la repoussant de la sorte, je suis désormais incapable de quoi que ce soit, sinon de laisser mon air fermé se briser aussi vite qu’il s’était installé sur mon visage - puis, preuve parfaite du désordre colossal de mes pensées et de mes repères, de me pencher en avant pour saisir son bras et la tirer contre moi. Je la traîne certainement plus qu’autre chose, elle qui devait être surprise ou avoir redouté un geste d’une autre nature ; je n’y prête pas attention, alors que mes bras viennent se nouer dans son dos et que j’enfouis mon visage dans son cou, calant mon menton sur son épaule pour y étouffer du mieux que je le pouvais une nouvelle montée de larmes. C'est peut-être bien la pire des choses que je pouvais faire, plus rien ne m'autorisait à la toucher, encore moins à me réfugier de la sorte contre elle. D'autant plus que dans de telles circonstances, alors que nous venions mutuellement de nous affirmer que rien de notre relation n'avait jamais rien eu d'honnête, qu'elle l'avait prouvé en m'avouant cette chose que je n'aurais jamais pu imaginé, c'était la dernière chose que j'aurais du souhaiter, si tout était aussi simple, limpide dans ma tête que je le voudrais. Mais ce n'était pas le cas, je n'arrivais pas à choisir entre l'envie de l'étriper et celle de l'embrasser, je ne sais plus quoi penser, quoi dire, quoi faire pour me reprendre. Tous mes repères sont bousculés, mes moyens perdus; alors, je n'ai pu qu'écouter mon impulsion et l'attirer tout contre moi, comme je le faisais dès que quelque chose n'allait pas, dès j'avais besoin d'être rassuré, comme je désirais le faire depuis près de neuf mois. Je devrais souhaiter qu'elle disparaisse, c'est le cas, au fond, mais cette envie est moindre fasse à celle de me retrouver auprès d'elle comme avant, irrépressible, interdite. « Je n'aurais pas du faire ça... » La phrase, cliché par excellence, celle que le héros du film glisse toujours après le premier baiser volé alors qu'on sait pertinemment que c'est le début de leur histoire d'amour à la con. Terrible stéréotype, c'est pourtant tout ce que j'arrive à prononcer dans un souffle, comme si je me sentais obligé de me justifier, comme si cela allait rattraper, quelque peu, la pitoyabilité de mon état, comme si mon geste paraîtrait moins déplacé. Toutefois, j'ai dû rater le passage où le héros reprend un peu de tenue et s'éloigne avec un sourire gêné, puisque je ne fais que resserrer un peu plus mon étreinte autour d'elle en même temps que je m'en excuse, l'attirant tout contre moi comme je n'aurais plus osé l'imaginer il y a quelques minutes seulement. Tant de choses se bousculent dans ma tête qu'au final j'ai l'impression de ne plus penser à rien, comme si ce capharnaüm m'empêchait de réfléchir à quoi que ce soit. C'est une sensation plutôt étrange, je m'en rends compte au fur et à mesure que les secondes s'écoulent et que je parviens plus ou moins à maîtriser les soubresauts de ma poitrine. Sans que je sache si c'est désagréable ou non, c'est comme une forme de vertige, du vide là où d'habitude il n'y en a pas, ce qui s'avère plutôt déroutant. D'autant plus déroutant que cette quiétude se voit bercer par une note entêtante, une odeur qui me semble si lointaine mais que j'ai l'impression de connaître par cœur, comme si elle ne m'avait jamais quitté, un parfum de lilas - son parfum. À la fois troublé et réconforté par cette fragrance, mes gestes trahissent mon indécision, alors que je redresse légèrement la tête pour m'échapper du creux de son épaule et de cet arôme, ce tout pendant que ma main remonte le long de son dos et vient se glisser dans ses cheveux, la dissuadant de reculer davantage, si l'envie l'en prenait. Je n'ai pas l'impression que ce soit le cas, d'ailleurs, si elle avait voulu me repousser, elle l'aurait déjà fait - à moins que je ne l'aie étouffée en la serrant trop fort sans même m'en rendre compte. Ce dernier point, couplé à une certaine forme de curiosité presque méfiante, comme si je me redoutais de ne voir que de la pitié sur ses traits, me pousse à reculer de quelques centimètres, jusque ce qu'il fallait pour lui faire face. Bien mauvaise idée que voilà, car même si je suis rassuré quant à son état de santé lorsque je croise son regard et que je sens bel et bien son souffle balayer mes lèvres avant qu'elles n'aillent se déposer sur les siennes, je sais que ça non plus, ce n'était vraiment, vraiment pas la chose à faire.
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Sujet: Re: girl is on my mind 21.06.12 21:14
girl is on my mind
Parfois il est juste plus simple de mentir, de prétendre quelque chose de faux, de totalement absurde, plutôt que d'affronter la réalité telle qu'est. Un mensonge, aussi léger soit-il au départ, paraît toujours moins douloureux que la vérité. J'ai été élevée dans dans une famille certes modeste, mais qui m'a inculqué certaines valeurs, dont celles de toujours essayer d'être honnête, de ne jamais tenter de déformer ou ne serait-ce enjoliver la vérité. Je faisais partie d'une poignée de personnes sur Terre, qui me parait bien faible désormais, incapable de mentir, le seul fait d'y penser pouvant me rendre totalement folle, malade. Pourtant, fait étrange, tout le monde ment. Pour des raisons diverses, graves ou moins graves, pour généralement servir des intérêts ; mentir est dans la nature humaine. Or cela m'a toujours hautement dégoûté, on me décrivait même comme allergique au mensonge, enfin ma mère me décrivait ainsi. Pourtant ce n'était pas faute d'essayer, comme tout enfant j'ai moi aussi menti. Menti sur le nombre réel de chocolats que j'avais pu dévorer en une soirée, menti sur certaines de mes notes, pas vraiment fameuses, se retrouvant soudainement plus qu'excellentes, ou encore lorsque j'ai un jour prétendu m'être rendue chez ma meilleure amie alors que j'avais passé mon après-midi dans un squat pour alcooliques et drogués, dans les bras de mon petit-ami de l'époque, tellement romantique. Évidemment mes parents, naïfs, me croyant innocente et incapable de dire autre chose que la vérité me crurent, et j'aurais pu m'en sortir. A chaque fois, j'aurais pu, si ma conscience n'était pas entrée en jeu, me faisait avouer au bout de quelques minutes généralement la si effroyable réalité. Puis j'eus la formidable -pas si formidable que ça - idée de ne plus jamais mentir, c'était une promesse à moi-même, sauf cas exceptionnels, chose qu'à l'époque je n'eus pas le besoin de définir. Par la suite, je respectais évidemment mes nouvelles résolutions, faisait de l'honnêteté la règle d'or au sein de toute relation. Je préférais me mettre à dos tous mes amis en leur avouant des choses qui pouvaient les blesser, plutôt que de prétendre que leur style de vie me plaisait, que leur nouveaux compagnons étaient absolument adorables alors qu'ils me paraissaient exécrables. Je me consolais en me disait que cet excès de franchise était pour leur bien, et cela avait toujours fonctionné jusqu'à ce que je fasse la connaissance d'Aidan. Pour son bien, pour ne pas le blesser je prétendais, enfin j'essayais de prétendre, que son monde ne m'était pas si étranger, que je pouvais m'intégrer. C'est ainsi que j'ai enfin défini ce qu'était le cas exceptionnel ; il s'agissait d'éviter à tout prix qu'une personne souffre par ma faute en entendant une vérité trop lourde à supporter. C'est ainsi que j'ai caché à Lou la vérité sur son couple durant plusieurs semaines, j'avais surpris son coup de cœur du moment dans les bras d'une autre femme, et pourtant je n'ai rien dit. Je savais pertinemment que si je lui révélais ce que j'avais entrevu, non seulement je manquerais de tact, mais en plus, cette vérité la détruirait. J'ai ainsi reproduit le même schéma pathétique avec Aidan. Le plus lamentable étant que je ne savais pas qui j'avais tenté de protéger le plus, lui ou moi.
En cet instant j'apparaissais comme un monstre, non seulement parce que j'avais tout orchestré dans son dos, mais aussi parce que j'avais choisi de tout avouer au pire moment, poussée par la plus abominable des envies, celle de vouloir le voir souffrir comme j'avais souffert. J'en avais conscience et c'était sans doute cela le pire. Je pouvais donc concevoir qu'il m'en veuille, qu'il en vienne à me détester ; je venais de lui donner une raison de ne plus jamais vouloir me revoir. Ce qu'il ne comprenait pas, et qu'il ne comprendrait sans doute jamais, c'était que j'avais agi ainsi pour le bien de tout le monde. Certes, il affirmerait le contraire mais il suffisait de s'imaginer dans la même situation, cette fois-ci avec un bébé, notre bébé. Enceinte, j'aurais donc découvert que mon futur époux me trompait et ce depuis le début de notre relation, dans la même logique je l'aurais quitté et je serais passé du statut de future mariée enceinte à celui de future mère célibataire. Évidemment il affirmerait que ce genre d’évènements n'était pas prévisible, je serais donc obligée à nouveau de passer pour la fille sans cœur qui a arraché la vie à un pauvre petit être sans défense juste parce qu'elle n'avait pas envie d'être mère. Sauf que ce petit être, il s'agissait de mon bébé, celui qui m'avait fait m'émerveiller lors de la toute première échographie, celui qui partageait mon sang et qui grandissait à l'intérieur de mon corps. Je pouvais ne pas désirer d'enfant, je pouvais être froide, ne pas avoir de cœur et tous les défauts possibles mais encore fois, sur le moment c'est ce qui m'avait semblé être le mieux pour tout le monde. Je m'attendais donc à des cris de colère, à même de la haine de sa part, je le méritais et je pouvais l'encaisser, mais ce qui se déroulait devant mes yeux je ne pouvais le supporter. Il devait me crier dessus, me hurler à quel point j'étais horrible, que j'étais la seule fautive dans toute cette histoire et qu'il ne pourrait jamais me pardonner. Mais il ne pouvait pas s'effondrer, je ne pouvais pas le faire pleurer. Je pouvais tout accepter, tout supporter mais pas ça. Je ne l'avais jamais vu pleurer, il s'était toujours retenu face à moi, considérant que ce n'était qu'une manifestation de faiblesse. C'était sans doute ce qui me poussa à aller vers lui, à ressentir le besoin de le réconforter. Pire même j'avais envie de le prendre dans mes bras, de lui dire que tout ceci n'est qu'un mensonge que j'ai inventé pour que ses pleurs cessent. Je ne supportais pas de le voir ainsi, et je me permettais de le toucher. Je savais que je n'aurais pas dû m'agenouiller face à lui, effleurer sa main, et il ne tarda pas à me le faire savoir. D'une façon très prévisible il me répondit avec sarcasme, je ne relevais cependant pas, bien que mon visage ne pouvait plus cacher la peine que je ressentais. Il ne tarda pas à se dégager de mon contact, assez brusquement ce qui entraîna un mouvement de recul de ma part. Je n'étais cependant pas surprise pour autant. Je baissais la tête automatiquement, tout m'indiquait que je n'avais pas ma place ici et qu'il était plus temps que je m'en aille.
Trop rapidement son bras m'agrippa, je ne résistais même pas, et m'attira contre lui pour m'enlacer doucement. Je crû quelques secondes être victime d'une hallucination, certes agréable mais dénuée de sens. Je le sentis réprimer un sanglot ce qui me ramena à la triste réalité. J'étais incapable de réagir, d'ordonner mes pensées, d'articuler mes membres. Mes bras pendaient pathétiquement le long de mon corps, je ne savais plus quoi faire. J'aurais dû trouver les mots qui le réconforterait, affirmer à quel point j'étais fautive et de ce fait une horrible personne, ou juste l'enlacer à mon tour. Or j'étais perdue, totalement déboussolée, me laissant faire comme un simple pantin. A vrai dire je profitais de ce calme, de ce semblant de trêve qui s'était installé entre nous, et du réconfort que son contact m'apportait. Alors qu'il resserra son étreinte il murmura qu'il n'aurait pas dû faire ça. Pourtant il ne s’éloignait pas de moi, me prouvant qu'il était tout aussi désemparé que moi. Une partie de moi voulait s'éloigner de lui le plus vite possible, le repousser de toutes mes forces, n'étant absolument pas prête pour ce genre de choses, qui dans ce cas signifiait que je faisais abstraction de ces derniers mois, de ses tromperies à répétition ou encore de la fille que je venais de croiser il y a quelques minutes. Me laisser faire de la sorte pouvait laisser penser que je le pardonnais, que j'abandonnais tout ce en quoi je croyais. Or cela m'était impossible, il me suffisait d'y penser pour que la blessure qu'il m'avait infligé - volontairement ou non - se rée-ouvre, et ainsi me rappelle à quel point je n'étais qu'une idiote, qu'il avait manipulé durant plusieurs années. Ce qui était à mon sens, impardonnable. L'autre partie de moi, celle qui résonnait sans doute le moins bien, m'ordonnait de ne plus bouger, de me laisser faire, car il avait besoin, nous avions besoin d'une brève pause, d'un peu de réconfort. Ce fut cette part qui prit le dessus. Je fermais les yeux, et me contentais alors d'écouter sa respiration, d'abord heurtée par quelques sanglots qu'il tentait de retenir, puis plus calme après quelques minutes, parfaitement immobile. J'ouvris les yeux quand je sentis sa main remonter mon dos pour atteindre ma nuque, un léger frisson me parcourut, ma respiration se fit plus heurtée. Je ne savais que trop bien ce qui allait se passer et j'étais incapable de m'y opposer. Je ne remarquais que par la suite qu'il s'était légèrement reculer, et me scrutais, d'un air inquisiteur et tendre à la fois, comme s'il cherchait à savoir ce que je pensais ou qu'il vérifiait juste comment j'allais. Son regard n'avait plus rien de colérique, il semblait plus calme désormais, plus comme avant. Si l'on ne se fiait qu'aux deux dernières minutes, je pouvais dire que j'avais retrouvé l'homme que j'aimais, que rien n'avait changé et que ces derniers mois n'avaient été que le fruit de mon imagination, un cauchemar au scénario incroyablement bien ficelé. J'aurais pu deviner, j'aurais dû deviner ce qui allait se produire. C'est pourtant avec étonnement que je le vis se rapprocher de moi, bien plus près encore cette fois, et poser ses lèvres sur les miennes, si naturellement. Ma belle logique aurait voulu que je le repousse violemment, que je lui balance des insanités, mais au lieu de ça je fermais les yeux, m'appuyais contre le bar d'une main tandis que l'autre allait se poser dans son cou, et comme une idiote je prolongeais ce baiser. J'ouvris alors les yeux, un petit sourire timide naissant sur mes lèvres, et je me reculais légèrement, laissant glisser mes mains sur son torse. « Et je ne devrais pas faire ça.. » Je venais de reprendre sa phrase, certes en la transformant, mais la différence allait se faire bien plus grande. Je le pressentais, la réaction qui allait suivre, en dépit de tout, allait être encore plus idiote, dénuée de sens que ce baiser.
Je posais mes lèvre sur les siennes à mon tour, avec plus d'empressement et moins de douceur qu'il avait employé précédemment. La douceur et la tendresse faisait plus partie de ses habitudes, que des miennes. Mes mains agrippèrent son t-shirt et tandis que je reculais, l'attirait vers moi, nous éloignant peu à peu du bar. Je m'allongeais sur le sol, l'entraînant à nouveau avec moi. Je ne savais pas à vrai dire si je l'entraînais vraiment, ce qui était certain était que je ne le forçais pas. Le plus étrange dans mon comportement était sans doute que je n'ignorais totalement pourquoi j'agissais de la sorte. Peut-être avais-je juste envie de retrouver Aidan après tout ? Les mots n'étant pas vraiment notre fort, je privilégiais désormais les gestes à la parole. Je ne continuais cependant pas sur ma lancée, m'accordant quelques secondes pour fixer ses traits. Tandis qu'une de mes mains allait se promener le long de son dos, l'autre allait caresser son visage, puis remettre en place l'une de ses mèches rebelles. « Tu me manques tellement...» Et voilà que j'étais nostalgique, sentimentale, et le ton mielleux de ma voix en rajoutait une couche. J'aurais pu me frapper en cet instant, je n'avais absolument pas le droit de dire ce genre de choses, je me l'étais promis en arrivant. Encore une fois je l'embrassais avec hâte et essayais de lui ôter ce chandail qu'il portait. Enfin je n'essayais pas, je le lui enlevais sans lui demander son avis. Aidan ne dit rien, me regardant toujours avec cette même tendresse qui le caractérisait si bien. Je me demandais s'il arrivait à penser correctement en instant, s'il avait bien conscience de ce que nous allions faire. Apparemment oui, car c'est avec une dextérité surprenante qu'il réussit à ouvrir la fermeture éclair de ma robe - qui me donne bien du fil à retordre, et qui reste très souvent coincé - et ainsi me l'ôter comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire bout de tissu que je portais. Il me redressa alors délicatement, je ne su tout de suite si c'était pour me ficher à la porte - il aurait pu, il en avait le droit - et me prit fermement dans ses bras. Il déposa un baiser dans mon cou et me souleva avec aisance, alors que je ne nouais mes jambes autour de sa taille. Je n'osais imaginer à quoi cette scène pouvait ressembler extérieurement ; certainement un soap télévisé aurait bien retranscris l'action, puisque je devais bien l'avouer cette soirée et tout ce qu'il se passait en était digne. Je me retrouvais alors sur le bar, et tandis qu'il passait une main dans mon dos, je ne puis m'empêcher de laisser échapper un petit cri de douleur. Idiote, idiote, oui je l'étais totalement. Je n'avais pas pensé plus loin que le bout de mon nez, je n'avais pas pensé que mon corps devait être recouvert de bleus, dont leur couleur variait entre le bordeaux, violet et le vert cramoisi. Aussitôt il se recula légèrement, et m'observa de haut en bas, comme s'il tâchait d'effectuer une sorte de compte rendu sur mon état physique. Il effleura alors mes côtes, là ou se trouvait certainement, la moins jolie et la plus douloureuse des ecchymoses. Je me mordais les lèvres, et tentait d'étouffer du mieux que je pouvais la douleur. Oui ce n'était qu'un bleu me direz-vous, mais ce n'est pas pour autant que cela ne fait pas mal. Consciente que ce n'était pas le seul endroit de mon corps ou des ecchymoses fleurissaient, je savais que je n'allais pas m'en sortir cette fois-ci. « Ne me regarde pas comme ça...» Oui, ce mélange d'incompréhension, d'interrogation mêlé avec un peu de paranoïa. Cet air interrogateur qui allait bientôt m'arracher les vers du nez pour expliquer pourquoi mon corps était si joliment tuméfié et coloré. Aidan n'en avait pas l'air, mais dès qu'il voulait savoir quelque chose il pouvait devenir étrangement persuasif et embêtant, prêt à tout pour vous faire cracher le morceau. Or cette fois-ci il était hors de question qu'il obtienne des explications, car moi-même je ne pouvais, je ne voulais l'expliquer. Et puis je n'avais pas besoin de sa pitié, encore moins que quelqu'un s'inquiète pour moi, alors qu'il n'y avait aucune raison valable de s'inquiéter. Je devais me dérober, trouver quelque chose qui nous ferait dériver sur un autre sujet, qu'il soit bien ou mal. Je ne pouvais pas me permettre d'en parler, pas maintenant. Je ne pouvais parler de cette soirée, encore moins de lui. « Et oui je n'ai pas le corps de ces splendides filles sans cervelles que tu as pris l'habitude de sauter.» lâchais-je froidement. Pas une once de jalousie dans ce que je venais de dire, j'étais plutôt heureuse de ne pas ressembler à ce genre de femmes. Je préférais mille fois avoir de la conversation, plutôt que le corps d'une mannequin défilant pour Victoria's Secret et ne pas savoir faire une phrase. J'avais l'impression que cela sonnait plus comme un reproche, qu'autre chose. A vrai dire cette phrase ne désignait pas toutes ses conquêtes, mais elle était plutôt destinée à la charmante jeune femme que j'avais rencontré quelques minutes plus tôt. Elle me semblait être l'échantillon parfait, représentatif du genre de femmes qu'Aidan désormais affectionnait. J'eus envie de rire, me retint cependant, et je le lâchais pour prendre appui sur le bar. « D'ailleurs... je serais la combientième aujourd'hui ? » Je savais très bien que je n'aurais pu être qu'un numéro de plus, insignifiant, ajouté à une liste géante. Grâce à mon comportement du moins, je pensais qu'il ne pourrait pas m'ajouter à quelconque liste, parce qu'il fallait l'avouer je venais de casser cet agréable moment.
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Sujet: Re: girl is on my mind 23.06.12 21:55
Dernière édition par Aidan Caulfield le 16.07.12 18:39, édité 1 fois
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Sujet: Re: girl is on my mind 07.07.12 22:03
girl is on my mind
« Encore, CJ ? » demanda-t-il d'un ton presque lasse, faussement outré, tandis que je sortais de la salle de bain, vêtue uniquement d'un t-shirt bien trop grand pour moi. Non ce n'était pas une erreur lors de l'achat, encore moins un mauvais passage à la machine, j'avais juste emprunté l'un des t-shirts d'Aidan pour la énième fois. « Avoues qu'il me va plutôt bien ! » dis-je en effectuant un tour sur moi-même, comme pour présenter l'article, tout sourire, cherchant à excuser encore une fois le fait que je lui empruntais ses cardigans à longueur de temps. Je ne le regardais pas, il devait hésiter entre l'exaspération et le rire, comme à son habitude. J'étais bien trop occupée à essayer d'arranger ma tignasse, une épreuve vaine et douloureuse comme chaque soir depuis mon adolescence. Sans savoir pourquoi ma tête se transformait en nid de corneille, rendant mon aspect encore plus pathétique qu'il ne l'était déjà. On ne pouvait pas vraiment dire que je faisais partie de ces femmes classes, sans aucun défaut, il suffisait de me regarder. Minuit passé et je ressemblais à une adolescente, absolument pas à la hauteur des attentes que l'on avait placées en moi. « A vrai dire cela me confirme juste que tu as besoin de vêtements... » Bien évidemment, je l'attendais celle-là. J'aurais dû faire comme au tout début de notre relation, porter de ravissantes et confortables nuisettes en dentelles, me coiffer juste pour dormir, dans le seul but de lui plaire. Seulement j'avais arrêté, préférant être confortable avant tout. J'abandonnais alors ma tâche, et allais m'asseoir près de lui, sur notre lit. Il était encore en train d'éplucher un de ses dossiers. Je soupirais, et lui répondit enfin. « Pas besoin, j'ai les tiens ! » murmurais-je, un sourire aux lèvres. C'était évidemment une plaisanterie, mais je savais que lui ne plaisantait pas du tout. Cela signifiait encore une fois, que le lendemain une charmante jeune femme, prétendument styliste, m'emmènerait faire les boutiques, et que je n'aurais pas accès aux prix des vêtements qu'elle me forcerait à essayer, puis qu'elle remplirait mon dressing aux frais de mon fiancé. Je m'approchais alors de lui, et lui arrachais le précieux document des mains. Il sembla s'offusquer, je me dépêchais alors de lui rappeler l'une de ses promesses. « Pas après minuit, tu te souviens ? Maintenant tu es à moi... » Tandis que je posais le dossier sur sa table de chevet, il ne pouvait pas me contredire, il n'en avait pas le droit. Je m'affalais, et posais la tête sur son torse, je n'allais pas tarder à somnoler. « Tu as raison... Il te va plutôt bien... » Et je ne pu m'empêcher de sourire comme une idiote.
A l'époque tout me paraissait si simple, mes journées étaient alors réglées à la minute près et laissait place à une certaine routine, mais j'aimais cette routine. Certes aujourd'hui, je me rendais compte que j'avais vécut dans un mensonge permanent, que tout avait été inventé morceau par morceau, et pourtant cela avait été la période la plus sécurisante, apaisante de ma vie. Je ne savais pas comment nous avions pu en arriver là, comment j'étais arrivé à ce stade ou tout me semble surfait, faux et incontrôlable. J'avais l’impression que tout était exagéré, que ce soit la scène qui venait de se dérouler ou pire encore, mes réactions. Il fallait bien l'avouer, la manière dont je réagissais était totalement inappropriée, et ce depuis que j'étais entrée dans cette villa. Je n'étais pas du genre à m'acharner sur une pauvre fille, encore moins à révéler ce que je pensais au plus profond de moi, et pourtant je ne m'étais pas gênée pour la traiter de tous les noms, intérieurement certes, mais quelques uns étaient malencontreusement sortis de ma bouche. Ce n'était pas le pire sans aucun doute, vu que j'étais tout de même passée de cette réaction immature, puis aux larmes. Sans oublier que je lui avais aussi révélé, ce que je m'étais promis de ne jamais faire, la pire monstruosité que j'ai jamais pu faire, et qui aujourd'hui me hante encore. Comble de tout cela, voilà que je me jetais sur Aidan. Je ne savais pas ce qui se passait ni ce qui me prenais, si je craquais juste ou bien si j'étais totalement perdue. Un mélange de tout cela sans doute, et je n'étais pas la seule personne perdue dans cette pièce. La raison aurait voulu que cela s'arrête à un baiser sans aucune signification, que l'un des deux repousse l'autre et lui dise que tout ceci n'était qu'une erreur et qu'il n'aurait pas dû faire ça, oui cela aurait été la logique des choses, la meilleure chose à faire. Et comme toujours, au lieu de raisonner logiquement, je me laissais emporter, et apparemment il n'en fallait pas plus pour l'emporter lui aussi. Je savais que j'allais le regretter, car ce que je faisais, mes gestes, mes paroles, tout, étaient à l'encontre de ces derniers mois ou j'avais passé le plus clair de mon temps à le maudire, à souhaiter qu'il souffre autant que je souffrais, et surtout à me convaincre que je ne l'aimais pas, que je n'éprouvais que de la haine envers lui. Bien sûr je n'éprouvais rien pour lui, c'est pourquoi je l'embrassais, je le laissais me toucher de la sorte. Non, rien du tout, le néant total niveau sentiments, je devais m'en convaincre. Mais heureusement j'eus un moment de lucidité lorsqu'il toucha malencontreusement l'une de mes ecchymoses. Et j'eus comme un choc, ce bleu me fit de suite penser à Elijah, à cette soirée que je devais à tout prix oublier, puis à Aidan qui allait me questionner face à ce petit cri de douleur ou aux autres tâches qui coloraient mon corps de manière peu esthétique. Encore une fois, ma réaction fut exagérée, je m'étais sentie obligée de devenir désagréable, froide et surtout de lui rappeler l'être abominable qu'il a pu être. J'aurais pu me frapper, car tout ceci était insensé et prouvait totalement que j'avais quelque chose à cacher tant j'étais sur la défensive. Tout aurait pu se dérouler sans accroche si je n'avais pas ouvert la bouche ! Je ne suis pas certaine qu'il aurait remarqué quoi que ce soit si je ne le lui avais pas parlé de cette manière, le poussant à prendre du recul et ainsi m'observer. Quelle idiote ! Je devais définitivement apprendre à me taire, et ce pour le bien de tout le monde. Sa réaction ne se fit pas attendre, je me forçais alors à regarder mes jambes, mes mains, le sol, tout sauf lui, l'écoutant à moitié. Ou du moins, essayant de ne pas l'écouter, sachant pertinemment l'impact que ses propos allaient avoir sur moi. Un registre, mais bien sûr, la liste devait être infiniment longue, semblable à celle des listes d'attentes dans de prestigieux restaurants sans doute. Mais ce ne fut pas le pire, je ne savais pas ce qui était le plus pathétique entre la vidéo éventuelle ou les sous-vêtements accrochés à la porte de sa chambre. Je m'empêchais alors de répliquer quoi que ce soit, cela aurait été plus que mauvais et aurait signé mon arrêt de mort. J'étais plus que tentée de le traiter de pervers égocentrique mais je me retenais, il le fallait bien. J'aurais pu, j'aurais dû rire de ses paroles, pensant tout ceci totalement faux, bien que j'avais bien mérité de telles piques suite à ce que j'avais dit. Je ne quittais cependant pas mon regard de mes jambes, ne préférant pas lui laisser la satisfaction de voir mon visage totalement décomposé, car je savais qu'il l'était. Tout m'atteignait beaucoup trop facilement, j'étais incapable d'être comme lui, de marbre, même face aux pires insultes ou nouvelles. Non, moi, j'étais faible, juste bonne à se vexer pour un rien.
L'idée de partir maintenant me traversa l'esprit, j'avais trop peur de plonger à nouveau dans les reproches, les disputes et tout ce qui pourrait hypothétiquement suivre. Nous avions déjà évité le pire, enfin affaire de point de vue. J'aurais pu sauver le peu de dignité qui me restait, mais il se rapprocha de moi bien trop rapidement pour que je puisse m'esquiver. Il avait deviné, comme toujours il avait deviné. En agissant de la sorte, j'avais juste oublié que j'avais vécut cinq ans avec cet homme et que pas une fois j'avais été capable de ne pas lui avouer la vérité, ou juste d'éviter un sujet - même le plus embarrassant. Il devait lire en moi comme dans un livre ouvert, et le fait que je lui fuyais du regard devait sans doute encourager ses soupçons. J'étais pitoyable, pathétique, irrécupérable, et il savait très bien comment faire pour m'arracher les vers du nez. Un mot gentil de sa part et encore une fois je me confesserais, sauf qu'il ne pouvait pas, il ne devait pas apprendre non seulement que j'avais encore abusé de la boisson, couché avec mon patron, et que la douceur lui était inconnue. Non, il ne devait pas savoir que j'avais été violenté durant cette soirée, il avait déjà appris beaucoup trop de choses ce soir. Même face à un ton suppliant, à un regard attendrissant et bienveillant, je devais camoufler ce qui m'était arrivé, pour mon bien, ainsi que le sien. Je sentis alors sa main se poser doucement sur ma jambe, comment étais-je sensé résister et ne pas perdre la tête ? « D'où viennent toutes ces marques ? » La question à un million de dollars ! Je relevais alors la tête, et tentait d'afficher un air que je voulais neutre, bien que je devinais que la détresse devait se lire sur mes traits. Je me mordis alors les lèvres, je ne pouvais pas dignement m'en sortir. J'allais devoir essayer de m'en tirer, et ce sans mentir en répondant à ses questions. Je posais alors ma main sur la sienne, et bien que je sois totalement mal à l'aise, je repris la parole. « Il n'y a rien, tout va bien. » J'essayais d'être le plus convaincante possible, croyant démesurément en les chances que j'avais de le berner, ou juste qu'il laisse tomber. Je ne pourrais pas supporter une confrontation de plus. Je me devais d'essayer de le rassurer du mieux que je le pouvais, et j'affichais un sourire timide, pour lui confirmer que tout allait bien. Je ne perdis pas de temps pour répondre à sa dernière question, il fallait clore le sujet aussi vite qu'il avait tenté de l'aborder. « Tu sais à quel point je suis maladroite... Je suis juste tombée quelques fois, c'est tout... » Tu t'enfonces ma vieille. Ce n'était pas vraiment un mensonge après tout. La semaine passée, je m'étais effectivement cognée au recoin d'une table basse alors que j'essayais de divertir Moka, ce qui m'avait valu une vilaine blessure à la tête, puis un bleu au coude. J'étais aussi tombée dans les escaliers quelques jours auparavant, prouvant ainsi que les talons hauts n'étaient pas mon fort. Cette énième chute ne m'avait heureusement laissé que des ecchymoses répandues un peu partout sur mon corps. Les traces d'Eljah étaient quant à elles, bien moins visibles mais toujours présentes, étant donné que cela s'était passé il y a plus d'une semaine. A vrai dire je n'avais même pas osé regarder les dégâts, et ne savaient pas ou se trouvaient la plupart des bleus. Je détournais le regard une nouvelle fois. « Est-ce qu'on pourrait arrêter de parler de ça ? Je me sens déjà assez nulle comme ça, je n'ai pas envie d'en rajouter.. » demandais-je faiblement. S'il ne croyait pas en ma sincérité, au moins cette dernière réplique l'était totalement car je ne voulais pas en parler, je me sentais vraiment nulle de m'être laissée avoir comme ça, encore plus d'avoir à recourir au mensonge ou à la froideur pour l'empêcher de découvrir ce qui m'était arrivé. Il ne devrait d'ailleurs même pas se soucier de mon état, il ne s'en souciait pas. Je pris une légère inspiration et le regardais à nouveau, j'étais incapable de déchiffrer ses pensées. La seule chose qui l'avait toujours empêchée de s'emporter, de continuer sur sa lancée, était lorsqu'il me voyait au plus mal ou juste quand je devenais douce, bienveillante, coupant court à tout excès de colère. Je posais mes yeux sur Aidan et, de ma main libre j'allais caresser son visage, doucement, mais avec retenue, prête à toute éventualité ou même à un rejet, c'était ce que j'avais toujours fait quand je cherchais à le rassurer, ou à me rassurer. Je laissais tomber ma main sur son torse, et me penchant, j'allais lentement me blottir contre lui. « Est-ce que parfois tu n'as pas envie que tout redevienne comme avant ? » lui murmurais-je. Par comme avant, j'entendais le "nous" sans penser à tout ce qu'il avait derrière mon dos durant toutes ces années. J'étais allée jusqu'à lui avouer qu'il m'avait manquer, mais lui n'avait rien répondu et ce n'était que maintenant que cela me frappait. J'avais tellement de questions en têtes, d'interrogations qui demeuraient sans réponses, que cela me rendait malade. Et pourtant j'étais là, contre lui, comme si ces neufs n'étaient jamais arrivés, comme si je n'avais pas découvert toute cette mascarade. J'avais envie de pleurer, de craquer comme je ne me l'étais jamais autorisée durant tout ce temps, mais encore une fois je me l'interdisais. Et une fois, contraire à toute ma logique, à tout bon raisonnement d'ex-fiancée trompée, je m'écartais légèrement de lui. Je le regardais quelques secondes, et naturellement mes lèvres se posèrent sur les siennes délicatement. On aurait pu dire que j'étais une bonne actrice, que je savais finalement manipulé quelqu'un, bien que j'éprouvais déjà de la honte et des remords, mais je n'étais pas dupe. Il le remarquerait, il ne pouvait pas me laisser m'en tirer comme ça, même s'il n'avait ne serait-ce qu'une bribe d'affection, de sentiment à mon égard. Autant j'avais menti, autant mes gestes en contradiction était on ne peut plus sincères.
“ Aidan Caulfield „
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Sujet: Re: girl is on my mind 13.07.12 22:59
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Sujet: Re: girl is on my mind 18.07.12 21:04
girl is on my mind
Étais-je idiote ou bien ne le faisais-je simplement pas exprès ? Sans doute un peu des deux, quoi que j'optais pour le fait que je devenais un peu plus abrutie en sa présence. J'aurais dû me taire, et ce en toute logique, car dès qu'un mot, une phrase, sortait de ma bouche cela se finissait en catastrophe ou bien il y a avait risque de créer une troisième guerre mondiale. Je ne savais même pas pourquoi je disais toutes ces choses maintenant, ni pourquoi je me permettais de telles confessions ou effusions, cela n'avait aucun sens. Je n'avais pas passé ces derniers mois à me taire, à me convaincre du fait qu'il était le pire être sur Terre, pour maintenant, face à lui, n'avouer que manque et faiblesse. J'étais incapable de tenir ce que je m'étais promis de faire ou de ne pas faire en arrivant, incapable de lui dire à quel point il me décevait, qu'il m'avait déçu. Non, j'en étais réduit à faire comme si rien de tout ça n'était arrivé, comme si je n'avais jamais eu cette discussion avec Riley, que je n'avais pas quitté Aidan de manière lâche et précipitée ou encore que je n'avais pas eu le coeur brisé lorsque j'avais appris tout ce qu'il s'était évertué de me cacher durant cinq années. Je mettais tous ça sous silence égoïstement, prouvant que je ne voulais qu'une seule chose, faible de ma part et inconcevable, être avec lui malgré tout. J'aurais non seulement dû me taire, mais je n'aurais pas dû le laisser me prendre dans ses bras, encore moins l'entraîner comme je l'avais fait. Tout simplement je n'aurais pas du venir ici, ni ce soir, ni jamais. Car tout cela n'allait inévitablement m'apporter qu'une seule chose ; des faux-espoirs. Donc oui l'on pouvait me qualifier de naïve, d'idiote, d'absolument tout les qualificatifs pour décrire une personne incapable de voir le mal chez la personne qu'elle aime. Je l'étais, je ne pouvais pas le nier, ni même défendre en disant que je n'étais qu'une pauvre fille qui a été abusé et manipulé, alors que la vérité s'était toujours trouvée juste sous mon nez. Parfois, il m'arrive même de me demander si je ne l'avais pas toujours su, si j'ai juste préféré fermer les yeux sur ses agissements. J'ai vécut bercée d'illusions durant plusieurs années, et lorsque la vérité a éclaté j'ai simplement écouté mon entourage qui ne cessait de me victimiser, de raconter des horreurs le concernant. Ce bourrage de crâne eut au bout de quelques mois l'effet escompté ; Aidan ne m'avait jamais aimé, il ne m'avait utilisé que pour bien paraître, pour camoufler ses véritables intentions. Je n'avais pas voulu le croire et pourtant cette idée avait germé dans mon esprit. Cependant s'il ne ressentait rien pour moi, m'aurait-il pris dans ses bras ? Aurait-il répondu à mes sollicitations, ou bien se serait-il soucié de moi ? Aurait-il vraiment pris la peine d'afficher cet air tendre et réconfortant dans le but de me rassurer ? Non, à moins d'être un excellent comédien qui se mure dans le mensonge il n'aurait pas réagi de la sorte. Je n'ai donc eu aucun mal à lui avouer qu'il me manquait, encore moins à me blottir contre lui et lui demander s'il ne désirait pas que tout redevienne comme avant. Parfois je me surprenais à le vouloir, sans vraiment penser à tout ce que cela impliquait à l'époque, bien qu'aujourd'hui j'en avais pris pleinement conscience.
J'aurais dû me douter de sa réponse tant elle pouvait paraître prévisible. J'eus l'impression que son non trancha l'air, ne laissant planer aucun doute sur ses désirs ou ses intentions, détruisant les miens au passage. Presque tel un automate, je me reculais de quelques centimètres, nécessaire pour que je puisse me contrôler. et baissais la tête. Comment avais-je pu imaginer, ne serait-ce qu'un instant, qu'il aurait répondu par l'affirmative, ou qu'il avouerait que je lui manquais, au moins un peu. Encore une fois j'étais une belle idiote, et tout ce que j'arrivais à ressentir n'était que déception, rejet. J'avais envie de m'enfuir loin d'ici, de ne plus voir ce petit sourire qu'il arborait, et de pleurer toutes les larmes de mon corps. C'en était juste trop pour moi. Je luttais pour ne pas montrer à quel point cela m'atteignait, et réfléchissait à une excuse pitoyable que je lui servirais et qui me permettrais de me dérober pour de bon. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, que j'entendis des rires, ou plutôt des gloussements. La porte venait de s'ouvrir et je relevais la tête en sa direction, ma rapprochant à nouveau d'Aidan sans le vouloir, prête à mourir de honte. Il n'y avait que très peu de possibilités, soit il s'agissait d'un quelconque livreur de nourriture, soit il s'agissait du petit frère d'Aidan, Riley. Dans les deux cas, je mourrais de honte dans les secondes ou la dite personne me verrait à moitié dénudée, dans une position quelque peu suggestive. La seconde hypothèse était la plus probable, et j'en étais honteuse d'avance, Riley ne méritait pas d'assister à cette scène. Je jetais un rapide coup d'oeil vers ma robe qui se trouvait quelques mètres plus bas, bien trop loin pour que je puisse l'atteindre, malheureusement. Impuissante, j'allais assister au moment le plus embarrassant de ma vie, j'en étais persuadée. Mais une voix totalement féminine, définitivement pas celle de Riley, retentit, indiquant la présence, enfin leur présence d'après le 'on'. Deux jolies jeunes femmes, une brune, mince et élancée, accompagnée d'une petite rousse, entrèrent alors dans la villa, visiblement éméchées. Je ne savais pas plus quoi penser ; pour quels motifs ces deux filles étaient-elles entrées ici, de plus à une heure assez tardive ? Une idée me traversa l'esprit, mais je refusais d'y accorder de l'importance ou quelconque crédit. Aidan n'aurait pas pu engager deux prostituées, enfin légalement des escortes pour une soirée, alors qu'il venait à peine de dire au revoir à une autre ? Impossible. Je posais alors mes yeux sur lui, le sentant se crispait. Je priais pour qu'il ne les connaisse pas, qu'elles se soient trompées de bâtiment ou qu'elles soient des connaissances de Riley, pas très fréquentables à la vue de leurs tenues très légères. C'est alors qu'il prononça le prénom de l'une d'entre elles, elle y répondit par un gloussement qui me força à tourner le regard vers elle. Il la connaissait c'était certain désormais, ils avaient certainement dû passer du bon temps ensemble. Proprement dégoûtant. Je m'efforçais de rester de marbre, mais je sentais que je n'allais pas tarder à m'emporter. Sans aucune gêne, cette personne apparemment dénommée Kendra me dévisagea de haut en bas, sans aucune gêne, comme si je n'étais qu'une pièce de marchandise quelconque. Je ne prêtais pas attention à ses dires, bien trop occupée à rester calme et à m'imaginer ou il avait bien pu faire la connaissance de cette jeune femme. Tout s'éclaira quand je l'entendis dire qu'Aidan devait nous présenter, après tout j'étais la nouvelle. Certainement la énième de ses conquêtes, ou juste une nouvelle fille qu'il avait réussi à séduire. Si seulement elle avait su la vérité... Je la vis alors s'éloigner vers la piscine avec son acolyte, et Aidan sembla enfin se remémorer que j'existais. « Je crois qu'on sera plus à l'aise dans ma chambre. » Ah bon ? Pour quoi faire ? Pour que tu puisses me sauter avant de les sauter ? Je ne pouvais pas en supporter davantage. Je me retins de lui dire le fond, quelque peu vulgaire, de ma pensée. Je me tournais alors vers lui, et affichais un air fermé. Un léger sourire vint cependant se poser sur mes traits. « Effectivement tu seras plus à l'aise avec elles dans ta chambre... » répondis-je froidement. Il sembla surpris, sa main qui se baladait le long de mon dos s'arrêta. Je me reculais alors définitivement, et d'une main le repoussais légèrement, coupant tout contact. « Ou peut-être bien que tu pourrais rejoindre Kendra dans la piscine... » Je descendais alors du bar, me fichant éperdument de ce qu'il pouvait penser en cet instant. Peu importe ce qu'il dirait ou ferait, pour moi c'était clair, il avait juste pensé pouvoir me reprendre comme une vieille chaussette, m'accordant la même attention ou le même temps que les deux jeunes femmes qui s'étaient incrustées. Je trouvais enfin ma robe et l'enfilais rapidement, mes ballerines se trouvant quelques centimètres plus loin, je les enfilais à leur tour. Je n'avais même pas remarqué que je les avais perdu. Je me dirigeais alors vers la porte de la villa, sans un regard pour lui, me fichant de savoir si ma robe était correctement fermée ou de si j'oubliais quoi que ce soit. « Vu que les brunes c'est devenu ton truc, j'espère que tu t'amuseras bien ... Enfin, je n'en ai aucun doute... Bonne soirée ! » Tels furent mes derniers mots. Froids, glacés, emplis de haine et probablement de jalousie.