Quelques nuages cachaient le soleil par moment. Les températures n'étaient pas trop chaudes, mais étaient parfaites pour des vacances. Je n'étais pas en vacances mais plutôt en congé maternité. Six mois et demi. Le temps passait à une vitesse folle. En cet après-midi où mon petit frère – j'avais toujours du mal à penser ainsi – était parti je ne sais où en emmenant son sac à dos avec lui, j'avais envoyé un message à Riley pour lui demander si on se voyait. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu le cadet Caulfield. Je voyais plus souvent son ainé, ce qui m'embêtait. Aidan et moi on se détestait et on se le faisait bien comprendre, au milieu se retrouvait Riley. Riley et moi, c'était une histoire d'amitié depuis sept mois à présent, je rigolais beaucoup en sa présence et j'avais toujours un sourire aux lèvres. On se comportait comme des enfants, j'aimais beaucoup avoir un ami comme lui. Je ne lui avais pas dis que j'étais enceinte, faut dire, je n'avais pas eu l'occasion de le voir depuis plusieurs semaines et je m'étais même demandée où il était passé. Il s'était passé tellement de choses... J'avais hâte de tout lui raconter et de passer des heures avec lui, et qu'il me dise aussi ce qui s'était passé de son côté. J'avais un sourire aux lèvres et je pris mon sac en y mettant toutes mes petites affaires avant de prendre la direction de la place – lieu où on s'était donné rendez-vous. J'avais positionné mes lunettes de soleil sur mon nez. Pendant mon trajet je me sentais étrangement sereine et apaisé. Les touristes se plaignaient du fait qu'il y avait de plus en plus de nuages et pour une fois, je m'en moquais éperdument de leurs critiques. De chez moi à la plage, j'en avais que pour cinq minutes de marche en prenant le raccourci, et vu que j'étais déjà en avance je pouvais trainer sur le chemin en m'arrêtant souvent pour voir ce qu'il y avait autour de moi. C'était la première fois que je mis autant de temps à me rendre à la plage, et j'allais me mettre en retard. Regardant l'heure au cadran de l'horloge de la place centrale, je vis que j'avais cinq minutes de retard et j'accélérais le rythme de mes pas. Parfois, je pouvais vraiment me déconcentrer sur mon but précis. J'espérais qu'au fond Riley ne m'en voudrait pas pour ce retard. Au pire, je me ferai pardonner.

En arrivant sur le sable j'aperçus la silhouette de Riley non loin, assise sur le sable. Je m'approchais donc à pas de loup avec un sourire aux lèvres. Riley c'était tout le contraire de son frère, en tout cas pour moi. C'était un homme tout à fait charmant avec qui on pouvait passer un très bon temps sans qu'il tente de nous mettre dans son lit. Crétin d'Aidan. Dès que je pensais à lui je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je lui mettais une énorme claque en pleine figure. Pourtant, même si j'avais une grande gueule, j'avais très vite était apeurée par son comportement au marché, je n'avais jamais vu un regard aussi noir et glacial venant de sa part et j'ai cru qu'il allait me tuer sur place. Il avait découvert que je fréquentais Riley, et il croyait que je lui faisais tourner la tête alors qu'il n'y avait que de l'amitié entre nous. J'étais enfin arrivée à sa hauteur et je mis mes mains sur ses yeux. « Devine qui c'est. » Jeu complétement stupide, mais je ne pouvais pas m'empêcher de le faire à chaque fois que l'occasion se présentait. Je ris avant de me poser à ses côtés. « Mon dieu, j'ai cru ne jamais te revoir, sache que j'ai cru mourir des mains de ton frère. » Fis-je en soupirant en posant mon menton dans le creux de ma paume. « Il nous a vu l'autre fois, j'ai cru qu'il allait m'étrangler ou me foudroyer sur place. C'était assez flippant... Enfin bon, je suis contente de te voir. » Je fis un sourire quand je vis son regard. Là c'était moins drôle, moins réjouissant. Je n'avais jamais vu cet air avec moi, j'allais prononcer quelque chose quand je vis son regard passé de mon ventre arrondi, à mes yeux et ça plusieurs fois de suite. Oui bon d'accord, je ne lui avais pas dit, mais je ne l'avais pas vu depuis aussi... Enfin... Ce n'était pas une excuse. Il m'en voulait? Pitié, j'espérais que non. « Oui, euh... c'est que... » je réfléchissais quels mot employés. Et voilà, je faisais encore moins la maligne, les Caulfield arrivaient à me mettre dans tout mes états à chaque fois. « Je ne t'ai pas vu depuis que je l'ai appris d'accord? A chaque fois qu'on se donnait rendez-vous, tu désistais. Enfin, ce n'est pas si grave... »