le hasard fait bien les choses

Souvent les gens ont besoin de s'évader, de trouver quelque chose qui leur permettront d'oublier un instant, aussi court soit-il, de quoi leur vie est faite. Beaucoup de personnes trouvent cet échappatoire dans des activités artistiques ou sportives. Je fais partie de la catégorie sportive; lorsque j'ai besoin de m'aérer l'esprit, je décide d'aller courir. Cependant sur cette île, courir paraissait être une chose impossible, il n'y avait ni parc, ni salle de gym, seulement une forêt, ce qui paraît tout à fait normal puisqu'il s'agit d'une île située en plein milieu du Pacifique. Or je ne connaissais absolument pas cette forêt, un guide est d'ailleurs indispensable si l'on veut éviter de se perdre parmi les centaines d'arbres présents.

L'idée de courir dans cette forêt hantait mes pensées depuis plusieurs jours, et ce matin là, lorsque je me réveillais j'étais décidée. Je n'avais pas besoin d'un guide pour une simple petite ballade, je ne comptais pas me faire manger par un ours. J'avais vraiment besoin de penser à autre chose que ce foutu complexe hôtelier, son gérant, et toutes ces choses qui avaient le don de me mettre hors de moi. Je m'en voulais de ne pas savoir rester calme et impassible face à se genre de situation, c'était sans doute l'un de mes plus grands défauts. Il fallait que j'évacue toute cette tension, je me levais alors rapidement et filais enfiler un top et un jogging. Mes cheveux étaient attachés en une tresse assez négligée, tout ma tenue était négligée, mais je m'en fichais. Je laissais une petite note sur ma table de chevet signalant que j'étais partie en forêt, si jamais je venais à me perdre. J'emportais au cas ou un spray au poivre - oui car je suis une vraie peureuse - ainsi que mon Ipod. Je suis totalement incapable de courir sans musique. Par chance, ma chambre d’hôtel n'est qu'à quelques minutes à pied de la dite forêt. J'en profite donc pour m'échauffer, et cesser de penser à toutes ces choses qui m’exaspèrent.
Tandis que j'entrais progressivement dans la forêt, j'entamais une légère foulée. Je pouvais l'avouer, Central-Park me manquait plus que tout, et là-bas au moins je n'étais pas terrorisée à l'idée de me prendre un arbre ou de rencontrer un ours mal réveillé. Je continuais cependant sur ma lancée, bien consciente qu'avec mon sens de l'orientation totalement inexistant je me perdrais. J'imaginais d'ailleurs les titres des journaux de l'île « Une jeune femme retrouvée sans vie dans la forêt » ou plus tragique encore « Les restes déchiquetés d'une jeune femme trouvés en lisière de forêt » pour le plus grand plaisir de ce très cher Aidan. J'étais totalement inconsciente d'après lui, je pouvais le constater en cet instant. La musique qui bourdonnait dans mes écouteurs ne m'empêcha pas d'entendre un lourd craquement. Je m'arrêtais alors, figée. En un ultime réflexe, je sortais le petit spray au poivre, j'étais prête à me défendre. Les petits craquements se rapprochaient, sur le qui-vive j'osais « Y a quelqu'un ?!? » J'étais totalement paniquée, décidément je n'étais pas faite pour la campagne et sa verdure. Je fis un bond lorsque j'aperçus une ombre s'approcher. Je fronçais les sourcils, tout en me cachant discrètement derrière un arbre, arme prête à l'emploi. Cette silhouette me sembla familière... Une grande, brune, aux longs cheveux... Je me dégageais alors de derrière mon arbre, elle aussi paraissait sur la défensive. Je baissais alors les bras et murmurais « Lena ?» Cela ne pouvait être qu'elle, cependant je ne réagis pas. Que faisait-elle ici ? Je la croyais à New-York, tout comme j'étais censée y être.